Les White Stripes se résument à un frère et une sœur. A moins que ce ne soit deux ex-époux. Jack et Meg White. Le premier chante et joue de la guitare. La seconde cogne sur les fûts. Un duo issu de Detroit, dans le Michigan, qui compte à ce jour trois albums à son actif. Et il faut avouer qu'à deux, ils libèrent bien plus d'énergie que pas mal de trios, quartettes, quintettes et consorts. " White blood cells " épouse l'esprit, pas la forme du blues. Un feeling que les Stones et les Animals manifestaient à la fin des sixties. Authentique, immédiate, contagieuse, la musique des Stripes est le fruit d'un mélange basique de rock, de folk, de garage, de punk, de country et bien sûr de blues. D'urban blues très exactement. Pensez aux Stooges. Un musique que la formation pratique à l'aide d'une instrumentation minimaliste : une guitare (le plus souvent électrifiée, sale, distordue, mutilée), des drums (intuitifs, martelés, fouettés), une voix (tour à tour âpre, falsetto, frénétique ou caustique) rappelant parfois Ray Davies des Kinks, et occasionnellement un clavier rogné ou un piano frappé. Chez les White, l'important n'est pas de savoir ce que vous jouez, mais comment vous le jouez. Ce qui explique cette énergie, cette urgence qui hante leurs mélodies trempées tantôt dans la puissance tantôt dans la douceur. Le disque nous réserve, en outre, l'une ou l'autre surprise. Et je pense tout particulièrement à l'expérimental " I think I smell a rat ", qui aurait pu figurer dans le répertoire du défunt Royal Trux. Au beatlenesque " We're going to be friends ", réminiscent de " Blackbird ", à la danse du scalp " Expecting " ; ou encore au final " This protector ", chanson envoûtante qui se limite au piano et au chant. Un must !