Une véritable armada d'ingénieurs du son a participé à la mise en forme du sixième album de Primal Scream. Autoproduit, il véhicule un message antifasciste, anti totalitaire, anti carcéral, anti multinational ; rebelle quoi ! Pas étonnant que le titre maître soit aussi engagé. Une composition caustique, vibrante, presque industrielle qui fait référence aux méfaits commis par le nazisme lors de la deuxième guerre mondiale ; et en particulier à la tragédie des camps de concentration, y compris ceux réservés aux prostituées pour les soldats allemands.
Hormis " Keep your dreams ", chanson aussi sombre et mélancolique que le classique de Joy Division, " Decades ", cet opus accorde peu de place aux parties vocales. Faut dire que la richesse musicale est largement suffisante pour remplir l'espace sonore. Une surprise, mais elle est de taille : la présence de Kevin Shields. Le leader de My Bloody Valentine s'est même montré très actif tout au long des sessions d'enregistrement. En outre, il apporte toute la puissance de sa guitare sur l'‘hawkwindien’ " Accelerator " ; mais également sa griffe créatrice sur le freejazzyfiant, curieusement intitulé " MBV Arkestra ". On y ressent même l'ombre du Matching Mole de Robert Wyatt rôder. Tout comme sur le très cuivré " Bloody money ". Mais là, ce n'est plus Kevin qui tire les ficelles, mais Adrian Sherwood. Plus hip hop, " Pills " a subi un traitement de circonstance opéré par Dan The Automator. Si Jaki Liebezeit et Liam Howlett figurent également sur la liste des invités de marque, c'est à Bernard Summer que revient l'honneur d'électriser, dans l'euphorie, le final " Short speed/Kill light ". Mais la composition la plus percutante demeure cependant " Swastika eyes " (trad. " les yeux de la croix gammée "). Elle bénéficie, en outre, de deux versions. Celle du single d'abord. Sorte de collision entre " I feel love " de Donna Summer et " Pretty vacant " des Sex Pistols. Puis le remix des Chemical Brothers. Qui vaut son pesant de techno. Et dans ce domaine, les frères chimiques savent y faire. On en viendrait presque à oublier le rôle des huit musiciens de Primal Scream. Ce qui serait quand même un peu fort ! Pas de panique la bande à Bobby Gillespie et à Gary Mounfield était vraiment au sommet de sa forme, lorsqu'elle est entrée en studio. Avec ce résultat fort intéressant, mais probablement trop expérimental pour convaincre le public non averti...