Insidious Disease est le nouveau ‘Supergroupe’ death métal. Le milieu du métal extrême ressemble parfois à un immense club échangiste. Les musiciens passent d’un groupe à l’autre, forment des projets parallèles, sortent des disques solo ou sont invités sur les albums d’autres formations. Bref, il est quasiment impossible de dénicher un musicien ‘death’ ou ‘black’ qui ne soit pas impliqué dans plusieurs bands différents. Si certains d’entres eux se contentent d’une petite infidélité de temps à autre, il y en a, par contre, qui sont de véritables partouzeurs.
C’est le cas, par exemple, de Shane Embury. L’imposant bassiste anglais de Napalm Death, est bien connu pour frotter ses gros doigts velus sur les manches (des basses) de Lock Up, Brujeria, Unseen Terror, Warhammer, Meathook Seed, Venomous Concept, Azagthoth, Drop Dead, Blood from the Soul et j’en passe. Le batteur américain Tony Laureano (Nile) est un autre échangiste musical compulsif. Son patronyme apparait sur les listes de membres de clubs aussi privés qu’Acheron, Angelcorpse, Astaroth , God Dethroned, Internecine, Malevolent Creation, Nidingr, 1349, Aurora Borealis, Belphegor, Brujeria, Devolution, Dimmu Borgir, Eulogy, Naphobia, Nachtmystium, Sanctification, The Black Dahlia Murder, Insidious Disease et Kult ov Azazel.
Bien qu’ils soient un peu moins portés sur la chose, les autres membres d’Insidious Disease, ne sont pas non plus adeptes de la fidélité musicale. Le guitariste norvégien Silenoz (Sven Atle Kopperud, comme l’appelle sa maman), est aussi le six-cordiste de Dimmu Borgir, Nocturnal Breed et Malefic. Jardar, l’autre guitariste est le plus raisonnable du lot puisqu’Insidious Disease constitue sa seule tromperie à Old Man’s Child. Marc Grewe, le dernier de ces pervers notoires jouit d’un statut quasi culte, puisqu’il est le hurleur de l’une des plus anciennes formations death métal allemandes : Morgoth. Ses adultères musicaux, l’ont, quant à lui, amené à partager la couchette du tour bus d’Action Jackson, Comecon et Power of Expression.
Cette liste (non-exhaustive) des inconstances de nos cinq instrumentistes lubriques vous a déjà probablement mis le morpion à l’oreille : le virus de la maladie insidieuse qu’Insidious Disease transmet via son premier album « Shadowcast » a été cultivé sur une vielle souche du métal de la mort ! ‘Death Metal Old School’, le mot est lâché. En tant qu’experts du style, les cinq gangbangers savent que pour donner du plaisir, le death métal doit rester simple et brutal. Ne pas être trop technique, trop poli ou trop mélodique. « Shadowcast » évoque l’agressivité morbide des vieux opus d’Entombed, Death, Suffocation, Grave et même parfois le death ancestral de Celtic Frost. Cependant, le son puissant et moderne séduit davantage, même les amateurs de death moderne pré-pubères. L’organe vocal de Marc Grewe, moins guttural et standardisé que celui de la plupart des groupes death actuels, renforce encore agréablement ce côté ‘old school’.
Sans être innovateur, voici un album qui sort vraiment de la masse. Et, chose rare pour un album de death métal ; après 36 minutes, on en redemande ! Encore, encore, …