La patience est une qualité. Elle est surtout indispensable pour écouter les 16 plages composant la larmoyante et plaintive combinaison musicale de cet album. Vedette, artiste signé chez Stilll, apporte la sensation, dès l'ouverture du premier morceau, d'avoir peint au goudron sur un panneau signalétique : `Vous écoutez ceci à vos risques et périls !' Périls, il en est question plus d'une fois tout au long de cette succession de bruits `électros' proche de la techno et de `breakbeats' inconsistants, mal placés. Volontairement dérangeant comme la menthe dans l'After-Eight, les premiers fragments forts courts -heureusement- et forts lourds -malheureusement- ressemblent à des battements de coeur qui s'arrêteraient net, comme pour en rajouter au malaise. La noirceur dégouline de chaque plage et la témérité est recommandée pour l'apprécier. On éprouve la pluie, le froid et le vent ; ce qui en cette période hivernale ne fait pas partie de mes ambitions. De temps à autre des voix amicales et l'apparition furtive de sons chaleureux donnent l'impression de n'être là que pour terrifier, tel un appel à l'aide face auquel on se sent impuissant. La volonté de vouloir s'immerger à l'intérieur de ce conduit chaotique se mue en peur et oblige nos émotions exacerbées à garder leurs distances. Le label Stilll, habitué à quelques douceurs, surprend en accrochant au clou cet opus peint en noir lugubre et fragmenté façon puzzle. Puzzle dont l'assemblage des pièces ne forme pas, au final, un beau paysage, mais plutôt un conglomérat d'expériences sonores indigestes. Vedette ? Bof !... sans paillettes alors.