De nos jours, il est de bon ton, lorsque l’on est adepte de gothic metal, de dénigrer Within Temptation en martelant que « Silent Force » n’était autre qu’une sorte d’ersatz d’Evanescence : ‘une formation beaucoup trop commerciale pour mériter d’entrer dans la grande famille du métal !’ Les détracteurs du combo hollandais, emmené par la sublime Sharon Den Adel, s’en donneront à nouveau à cœur joie. En effet, à l’instar de son précédent opus, « The Heart of Everything » propose une collection de hits métalliques flambants neufs. Production surboostée, orchestrations hollywoodiennes, refrains ronflants tel un moteur de Messerschmitt : tous les ingrédients qui ont fait le succès de Within Temptation sont réunis. Après tout, pourquoi changer une recette qui fonctionne plutôt bien ? Même classic 21, dont la spécialité n’est pas de promouvoir les groupes de la ‘nouvelle’ scène métal, a fait de « The Heart of Everything » son album de la semaine. Le concert programmé à l’AB le 7 avril prochain affichait complet près de quinze jours avant la sortie de l’opus tant attendu depuis l’excellent « Silent Force ».
De nouveau, l’aisance manifestée par Sharon à égrener ses mélodies est sidérante. « Our Solemn Hour » s’immisce dans la mémoire dès la première écoute. Un hymne taillé pour la scène. Rien à voir avec Neurosis, Voivod ou Spock’s Beard bien évidemment. L’exercice n’est certes pas intellectuel, mais on retrouve une série de chansons diablement bien ficelées pur un groupe décidé à se positionner pour défendre un métal appartenant désormais au ‘mainstream’. Péché mortel pour certains secoueurs de tignasses ! Jouissance absolue pour d’autres métalleux moins intégristes ! Si on ne retrouve pas de grandes innovations sur l’opus (il fera une nouvelle fois l’objet de débats enflammés), on s’étonnera de l’intervention de Keith Caputo, chanteur de la formation yankee Life of Agony, sur « What you have you one », single radiophonique qui fleure bon l’odeur d’une crème anglaise chaude coulée délicatement sur un cake aux poires confites. Il y a bien l’une ou l’autre ballade inutile (« Forgiven »), destinée à arracher quelques larmes aux adolescentes prétendues ‘métalleuses’ (suffit pas d’avoir téléchargé un de My Chemical Romance et un autre de Slipknot pour revendiquer cette passion) ; mais l’ensemble reste bien heavy et les guitares, quelque peu gommées sur l’opus précédant, ont retrouvé leur tranchant. L’œuvre ne révolutionnera pas le métal du vingt et unième siècle, mais il serait stupide de nier l’évidence. Ca marchera, et ça marchera même très fort.