Cette Américaine pure souche traîne sa steel guitare et sa voix burinée (masculine ?) sur les scènes country depuis 10 ans, en " backing " de Chris Whitley et d'autres (lone) stars de Nashville. Il aura donc fallu bien des tournées de rodage pour que la belle se jette enfin à l'eau, ou plus exactement en solo : " Patience est mère de sagesse " dit le proverbe… C'est peu dire, tant ce " Postcards… " fait montre d'un talent hors pair, celui d'une femme mature qui sait transcender le genre (la country, donc) pour lui redonner une nouvelle jeunesse. Waltz entre Nina Simone et Jonie Mitchell (" Fred Astaire "), soul acariâtre à la Meshell Ndegeocello (" Somebody Leave A Light On "), country-rock sonnant la rencontre entre PJ Harvey et Neko Case (" Postcards From Downtown "), miaulements dignes d'un Jeff Buckley qui aurait trop écouté son père (" Miss Liberty "), bluette Bagdad Café (" Last Good Taste ", entre Sade et l'" I'm Your Man " de Leonard Cohen), carbone 14 de blues 'tomwaitsien' (le beau " Paterson "… qui vire tex mex après quatre minutes) : Dayna Kurtz jongle avec les styles sans jamais tomber dans l'exercice de style prétentieux. S'il nous faudra patienter encore 10 ans pour la suite, on saura prendre notre mal en patience : mieux vaut la qualité que la quantité. Ou plutôt : mieux vaut une Diana Kurtz sporadique que dix Shania Twain prolifiques.