Originaires de Birmingham, les électrons libres de Pram pratiquent une musique de bazar analogique, pleine de vieux synthés aux sons chauds, de rhumatismes cuivrés et de voix diaphanes (Rosie Cuckson). Après une petite dizaine d'albums attachants, les revoici avec ce " Dark Island " brumeux, aux ambiances de films SF des années cinquante. Le morceau d'ouverture, " Track of the Cat " sonne ainsi comme la rencontre improbable entre Milos Rozsa (le theremin), le couple Barron (" Forbidden Planet " et sa BO d'une inquiétante étrangeté), Broadcast et Stereolab, qui boiraient un pot dans un vieux cabaret au bord de la faillite. Bizarre, vous avez dit bizarre : Pram aime les arpèges cafardeux, les airs de funérailles et les ritournelles de cirque. Mais un cirque dont le gérant serait David Lynch. Une brise de fraîcheur souffle pourtant sur certains morceaux (l'arabisant " Sirocco "), avec des clarinettes (" Peepshow ") et xylophones (" Distant Islands ", le clou final du disque) en renfort pop. Entre easy listening de bric et de broc et BO de films à la Browning, " Dark Island " déroule insidieusement ses charmes, jusqu'à nous retenir prisonniers de ses mélodies en trompe-l'œil.