Jimmie est sur la route du blues depuis 1969. A cette époque, il fonde Texas Storm, une formation soul/blues que son jeune frère Stevie vient rejoindre, un peu plus tard, pour jouer de la basse. Vers 1975, il monte les Fabulous Thunderbirds, en compagnie de l'harmoniciste Kim Wilson. Une route jalonnée de succès, qu'ils partageront en huit albums et durant une quinzaine d'années. En 1990, il enregistre l'album " Family style " flanqué de son frère Stevie Ray. Mais quelques semaines avant la sortie de l'elpee, Stevie périt lors d'un accident d'hélicoptère. Jimmie reprend alors son aventure en solitaire ; et commet " Strange pleasures " en 94 et " Out there ", en 98.
" Do you get the blues ? " constitue son troisième opus en solitaire. Un disque qui s'ouvre par l'instrumental " Dirty girl ". Epaulé par Bill Willis à l'orgue Hammond et ce bon vieux Georges Rains à la batterie, il se prend pour Steve Cropper du Booker T and the MGs et prend la direction des studios Ardent de Memphis. Et c'est tout à fait ça ! Le shuffle modéré opéré sur " Out of the shadows " marque un retour dans les studios d'Austin. Le rythme est paresseux, la guitare immédiatement saisissable, le son trempé, les notes découpées au couteau. Du grand Jimmie ! " Deep end " baigne au sein d'une ambiance plus feutrée et roots. Appuyé par l'harmonica de James Cotton, Jimmie saisit un bottleneck acoustique. Il s'attaque, tout en picking, à un blues lent évocateur : " Power of love ". Il y partage un duo indélébile en compagnie de l'héroïne locale d'Austin et ancienne compagne, Lou Ann Barton, bien en voix pour la circonstance. Son fils Tyrone tient la guitare rythmique sur l'intimiste " Without you ", qu'il chante d'une voix chaleureuse, très laidback, proche d'un Eric Clapton. Sa voix dépourvue de puissance fait merveille sur le R&B funky, très Vaughanien " Let me in ", au cours duquel la basse porte la guitare tout en rythmique qui se permet de décoller le moment opportun! Même salut pour " Don't let the sun set ", mais pour une fusion de R&B et de jazz. La voix véhicule tellement de sensibilité qu'elle cristallise l'émotion du chanteur devant une flûte et une guitare acoustique. Nouveau shuffle texan, " Robbin' me blind " consacre l'union de la guitare et de l'orgue Hammond, pendant que la voix flirte avec les choeurs. Le souffle du sax de Greg Piccolo est aussi brûlant que les sables du Sahara sur le bien nommé " Slow dance blues ", un instrumental très classique. Nous connaissions déjà le duo magique échangé entre Jimmie et Lou Ann Barton. Il se reproduit tout au long " In the middle of the night ", atteignant même la perfection dans la communion. Ce titre figurait sur le dernier opus de Double Trouble. Cet excellent album de blues romantique, comme le qualifie Jimmie, se referme par " Planet songs ". Sur des accents jazz et swing, les notes lacérées fusent devant une rythmique soutenue par l'Hammond de Willis. Superbe !