Dans l’univers de Rose, l’amour se décline en quatre saisons, le bonheur est fait pour emmerder les envieux et la musique sert à fredonner ‘des maux qui sonnent en poésie’ (« J’ai »). Doucereuse mais pas candide, Keren Rose pose sa vie sentimentale à livre ouvert, en murmurant son pathétique et ses espoirs en do majeur. Sur un brin de rancœur envers ces vauriens, pauvres idiots ou sombres cons partis vers d’autres horizons, il ne reste plus qu’à ‘se pendre à d’autres ailes et se trouver belle dans d’autre yeux’. Histoires d’amours déchus côtoient ainsi la petitesse de la vie et ses périples chez Ikéa (« La liste »), pour un album puisant la consolation au creux du quotidien. Rose enrobe sa voix de guitares acoustiques, harmonicas mélancoliques (« Saisons ») et piano jazzy (« Je m’ennuie » et « Rose »). Sur ce ton aigre-doux sont alignées douze ballades contant le cafard des petits matins gris et le Prince charmant déserteur ; mais que peuvent donc ces prétendants, si la Belle espiègle réclame ‘un amoureux transi…toire’ (« Rose ») ? Au creux de ses paradoxes, Lolita se débat l’âme en peine, sur des mélodies qui raviront (peut-être) les fans de Carla Bruni et Olivia Ruiz.