On ne change pas une équipe qui gagne. Justin Timberlake, qui a mis sa carrière musicale sur pause après le carton planétaire de « Futuresex/Lovesounds », en 2006, pour se concentrer sur d’autres projets, notamment cinématographiques (Alpha Dog, The Social Network, Bad Teacher, In Time, etc.), déboule à nouveau en compagnie de Timbaland pour un troisième LP aussi laborieux qu’addictif. « The 20/20 Experience » confirme le fait que Timberlake n’est pas le genre de mec à pourrir nos oreilles pour le bien de son portefeuille. Alors qu’il aurait pu tomber dans la facilité, mot d’ordre du R’n’B commercial contemporain, Justin reprend son affaire là où il l’avait laissé, en concentrant tous ses efforts sur l’écriture plutôt que le style. Tout du long des neuf morceaux de cette nouvelle galette, on reconnaît la patte Timberlake/Timbaland entre mille.
La paire s’est amusée à édifier neuf monuments du R’n’B, pour une durée totale de 64 minutes. Comptant une moyenne de près de 7 minutes par morceaux, « The 20/20 Experience » demande à être apprivoisé avant de pouvoir en savourer toutes les subtilités. Il y a d’abord des morceaux comme « Suit & Tie », son duo en compagnie de Jay-Z, un « Let The Groove In » qui porte bien son titre, et « Mirrors », second single et sorte de « Cry Me A River » bis, qui sont de ceux qui hurlent au tube instantané. Mais également des compos plus difficiles d’approche, comme « Strawberry Bubblegum » et « Spaceship Coupe » dont la longueur paraît à priori rébarbative. Il faut donc bien deux ou trois piqûres de rappel pour succomber aux charmes de l’ensemble de ce « 20/20 Experience », disque qui rétablit Timberlake sur son trône de prince incontesté du R’n’B. Une place qui lui revient de droit, envers et contre tous les nouveaux prétendants du genre.