A l’écoute du premier EP d’Adam Kesher, le constat est infaillible : ces six musiciens rêvent de vivre à New York, d’ouvrir les concerts de The Rapture, de se la jouer cool comme James Murphy, en gobant du LSD sous les trombes de beats déversés par un ‘sound system’ démesuré. Malheureusement pour ces festivités fantasmées, nos rêveurs sont originaires de Bordeaux. Néanmoins, ils préfèreront toujours cisailler les vignes à coups de décharges électriques que de ramasser le raisin à la faveur d’un bon vin.
Adam Kesher est peut-être la meilleure formation hexagonale du moment : une rythmique cataclysmique, des beats à vous retourner le dance floor, des guitares belliqueuses et une gouaille de branleurs à faire chavirer les ardeurs des fans de l’usine à tubes DFA. En cinq titres, Adam Kesher résume sa position. Aux carrefours de Pulp (on ne peut s’empêcher de penser à Jarvis Cocker en écoutant « You make me feel immoral »), de The Clash (pour les quelques inflexions piquées à Joe Strummer sur « Cent soixante »), de Gang of Four et de l’emphase cold wave (écoutez « Voyage intérieur »), Adam Kesher se poste à la pointe fluorescente des tendances du moment. Et, pour éviter de s’emmerder, les gars ont même fait appel à Tony Lash (Dandy Warhols, Elliott Smith) pour mixer les titres de « Modern Times ». La France découvre ainsi les temps modernes et passe à l’heure du dance-punk. La guitare croise donc le fer avec les oscillateurs affolés d’un synthétiseur bagarreur pour notre plus grand bonheur. C’est vif, spontané, français et, par conséquent, inattendu.