Le duo hillbilly/punk/blues de l'Indiana est de retour. Petit rappel, le tandem puise ses sources au sein de l’écurie Fat Possum, R.L Burnside et toute sa famille en tête bien sûr, mais également Junior Kimbrough. Un style caractérisé par un son primaire, brut, auquel s’identifiaient et s’identifient encore les artistes issus des collines au Nord du Mississippi. Left Lane Cruiser réunit Frederick ‘Joe’ Evans IV, préposé au chant et à la guitare slide ainsi que Brenn ‘Sausage Paw’ Beck, partagé entre les drums, les percus et l’harmonica. En 2007, le band signe chez Alive Natural Sound, label sur lequel il a publié cinq elpees à ce jour, dont "Painkillers" en 2012. Pour concocter "Rock them back to hell!", LLC a bénéficié d’un véritable travail de production. Et notamment d’overdubs afin, par exemple, de permettre le recours à trois lignes de guitare au même moment.
Et on s’en rend compte dès "Zombie blocked". Une compo particulièrement dense, au cours de laquelle les musicos n’hésitent pas à en remettre une couche, en se servant de cette technique mise à leur disposition. Quant aux vocaux, ils se révèlent sauvages et sans concession. Un seul musicien subsidiaire a participé aux sessions. Il s’agit de Kevin Jackson, l'oncle de Brenn. Il souffle dans son harmo tout au long d’"Electrify" et parvient même à se frayer un chemin au sein de cette compo inextricable, fruit d’un enchevêtrement de cordes, qui colle bien au style garage. Evans IV éructe ses paroles tout au long de "Neighborhood". Manifestement, il est en bisbille avec son voisinage. Furieux, il sort son bottleneck et le glisse âprement le long de son manche. Des cordes acoustiques amorcent "Juice to get loose", une plage qui nous plonge d’abord dans une forme d’éthylisme. Avant que Beck déballe ses gadgets. Une accalmie, même si elle sera brève. Joe interprète "Overtaken" à la manière d’un Robert Plant impétueux. La guitare finit par s’extirper du flot de percussions, avant que la voix ne reprenne le dessus. "Be so fine" permet à LLC de replonger au cœur de son domaine de prédilection, le delta rockin' blues métallique. La slide arrache tout sur son passage. Cet acharnement destructeur constitue sans aucun doute le sommet de cet elpee. Aucune compromission n’est admise. Le duo revient carrément de l’enfer. Joe chante rageusement "Jukebox". Son bottleneck est nerveux, opiniâtre. Les litres de bière qu’il a ingurgité lui donne la force d'exorciser les dernières réserves qui coulent encore dans ses veines. "Coley" s’étire paresseusement. La voix est enfin naturelle lors de ce blues au cours duquel il laisse échapper des notes acoustiques empreintes de douceur. Le duo remet ensuite un peu d'huile dans les rouages. Imprimée sur un mid tempo hypnotique, le morceau libère à nouveau des sonorités poisseuses, traçant une piste destinée à permettre le retour des morts-vivants de l’Empire des Ténèbres. Brenn et Joe avalent une solide rasade de Jack Daniel’s (NDR : à moins que ce ne soit du Southern Confort) pour amorcer le titre final, "Righteous". La slide entre en transe et force le passage vers l’issue triomphale...