Alors que le pays émerge peu à peu d’une longue guerre civile, née du conflit entre diverses factions de narcotrafiquants, le monde occidental commence à découvrir qu’il abritait une scène florissante. La Colombie recèle manifestement de belles pépites musicales ! Après nous avoir permis de vivre les folles expérimentations de Los Piranas, Vampisoul nous invite à pénétrer dans le monde merveilleux... d’Abelardo Carbono !
Né à Ciénaga, en 1948, le jeune Sud-américain se découvre une passion pour la guitare dès l’âge de 9 ans ; mais lorsque ses parents déménagent à Baranquilla, il se résigne à embrasser une carrière beaucoup moins rock’n’roll. Et pour cause, il devient policier. Pas vraiment heureux de son sort, et en particulier des fonctions répressives de son job, il décide rapidement de monter sur pied un groupe, en compagnie de ses frères Jabeth (basse) et Abel (guitare)… Au menu : la Champeta ; une pop tour à tour illuminée de guitares tropicales (« Carolina »), galvanisée par une ligne de basse caoutchouteuse (« Muevela »), contaminée par le psyché occidental, stimulée par les rythmes africains (Fela n’est pas loin…), pigmentée de références caribéennes (Vallenato ou Cumbia) ou encore enveloppée de chœurs ‘narco-trafiqués’ (« La Negra Kulengue »).
Pendant de nombreuses années, ce représentant de l’ordre s’est escrimé à défendre son projet artistique. En fréquentant les studios, se produisant en concert et multipliant les collaborations. Sans pour autant rencontrer le succès mérité. Mais la récompense est au bout de l’effort, car le talent d’Abelardo Carbono vient enfin de dépasser les frontières. Inconnu jusqu’alors ce ‘guitar-hero’ pourrait bien suivre le parcours d’un certain Tom Zé…