Il est impossible de parler de Mad River sans parler des Witches Valley. Tout au long de l’histoire du rock, les bons groupes qui ont splitté sont légion. Né au début des eighties, ce groupe psychobilly frappadingue s’est séparé assez rapidement. Dans les années 90. Au grand dam de ses fans dont je faisais partie. Après avoir concocté un premier album mémorable mais unique intitulé "Extreme return to the source". Aux commandes de cet OVNI, Jeremy Prophet insufflait une réelle folie au projet. Les prestations scéniques étaient mémorables, et on avait parfois plutôt l’impression de fréquenter un asile psychiatrique qu’une salle de concert. Kim Ohio, ex-bassiste des Witches Valley, milite désormais au chant et à l’orgue chez Mad River. Quinze années plus tard, Jeremy s’est installé à Schaerbeek. Devenu papa, il sévit aujourd’hui au sein du groupe Hydra (à l’affiche du festival ‘Chantons Français’ de ce 29 septembre), un combo davantage contaminé par le rap oriental. C’est donc manifestement Kim qui a repris le flambeau au sein de Witches Valley.
Infiltré discrètement par un orgue farfisa avant de partir en trombe lors du refrain, toutes guitares dehors, « Down by the river » ouvre l’opus. Cette tension envahit l’ensemble de l’œuvre et lorsque le déluge sonore commence à s’abattre, on en demande et redemande encore et encore, pour le plus grand plaisir de nos oreilles. « Concrete Criminals » constitue manifestement le somment de l’elpee. Une compo au cours de laquelle, comme chez ces groupes bruyants de nanas (PJ Harvey, Breeders) les breaks impérieux donnent le vertige. De la vallée des sorcières à la folle rivière, il n’y a qu’un pas.