La musique de 10 000 Russos émane du plus profond de votre âme. Ils cognent, martèlent et pulvérisent tout le confort qui les entoure pour ne conserver que l’essentiel. Ils veulent sublimer les émotions glacées et abyssales rejetées par l’être humain. Comme celles provoquées par la froideur d’une lame au goût métallique et rouillé. Et le plus incroyable, c’est l’addiction qu’elle provoque.
Le combo est portugais et a signé chez Fuzz Club, une écurie londonienne qui serait bien capable de faire pâlir celle des héritiers de feu Omar Sharif.
Entre les vapeurs de chlore et d’essence, on tombe. D’abord sur les mains, puis les genoux.
Les 5 plages de cet opus sont brumeuses, hostiles, corrosives, sournoises, et nous entraînent au cœur d’un tourbillon psychotique, sis à la limite de l’hypnose. Plus que cold wave, donc dark wave, elles sont contaminées par le krautrock voire l’indus. Oscillant entre 6 et 13 minutes, elles ne perdent jamais leur temps. Et ne suscitent pas davantage l’ennui.
On rêverait d’écouter cet album nu, couché sur un tapis de velours et sous le joug d’un shaman satanique qui multiplierait les incantations. On rêverait de rondes et de bacchanales. On se surprendrait à connaître des érections, à rencontrer des émotions, à souhaiter des envies sordides de fornication brutales et répétitives. On se surprendrait à relire le contrat qui lierait notre âme au diable. On pleurerait de joie et de foutre. On serait heureux. Juste heureux d’avoir froid…