Suede, c’est en quelque sorte la réincarnation de la face la plus glam de Bowie. Ce n’est pas nouveau. A cause de Brett Anderson, bien sûr, dont la voix a toujours évoqué celle de son maître. Enfin, lors de sa période la plus décadente ; celle de « Ziggy stardust » voire de « Diamond dogs » ou encore d’« Aladdin Sane ». Pourtant, musicalement, Suede a toujours émargé à la britpop. Mais son style emphatique lui a permis de se démarquer des autres formations. Il faut cependant avouer que lors de sa séparation, en 2003, l’inspiration semblait tarie. Faut dire que depuis le départ du guitariste, Bernard Butler, on avait l’impression que le ressort était cassé. Lorsque le groupe se reforme en 2010, c’est avant tout pour se produire sur scène. Ce qui ne l’empêche pas de publier « Bloodports » en 2013, un opus d’honnête facture. Et puis ce « Night thoughts ». Un elpee précédé par la sortie d’un clip vidéo consacré à « Outsiders », relatant l’histoire d’une tragédie familiale qui a poussé un homme à se suicider, en se noyant dans la mer (voir ici).
Et de famille, il est encore ici question, tout au long de « Night thoughts », puisque thématique, cet LP traite notamment des rapports conflictuels entre le père et le fils, au cours desquels Brett a l’impression de devoir assumer les deux rôles…
Proposant 12 plages, ce long playing s’achève par trois pistes au cours desquelles on retrouve toute la grandiloquence de Suede. Des morceaux atmosphériques, mélancoliques, luxuriants, gonflés aux orchestrations symphoniques, même si la seconde version de « When you were young » est tramée sur un piano et autorise des effets électroniques. Mais venons-en aux trois premiers quarts de l’œuvre. Au cours desquels, Suede réussit la fusion entre arrangements somptueux et instrumentation basique. Parfois même en y ajoutant un zeste de psychédélisme (Love ?) Certains aspects sont cependant parfois davantage accentués. A l’instar de ce fameux « Outsiders » et de l’excellent « No tomorrow », deux plages ciselées dans des cordes de guitares limpides, cinglantes, réminiscentes de Bauhaus voir de Sad Lovers & Giants. Et lors de la deuxième, la voix overdubbée de Brett évoque tout bonnement… Bowie ! D’autres sont encore plus complexes. Comme « I don’t know how to reach you », la valse lente « Tightrope » ou encore la première version de « When you are young », qui ouvre l’oeuvre.
Et on épinglera encore le très offensif « Like kids », un titre contagieux, dont le riff accrocheur se mue en chorale d’enfants, lors de la finale. Génial ! Et comme toutes les plages de cet album se fondent l’une dans l’autre, on a l’impression de n’écouter qu’un seul morceau, démontrant ainsi que ce « Night thoughts est bien conceptuel…