Qui n’a jamais un jour ou l’autre recherché une solution de secours, de remplacement, un moyen alternatif, une seconde opportunité lorsque la première a déjà échoué ? Généralement, on parle alors de « Plan B ».
Celui de Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, en est un exemple. Et pour cause, il est allé se réfugier dans l’écriture à la suite d’un accident de natation qui a failli le laisser cloué au lit pour le reste de ses jours.
Devant renoncer définitivement à la carrière sportive de haut niveau qu’il embrassait, il prend alors goût pour les mots et en extrait un jus concentré de poésie urbaine déclamée sur fond de rythme scandé.
« Midi 20 », tiré d’un titre éponyme où il place sa vie à l'échelle d'une journée, lui permet d’atteindre rapidement un succès médiatique retentissant ; et ce lorsque Ardisson l’invite sur son plateau pour chanter « Mon Cœur, ma tête », où on apprendra que les ‘couilles’ dictent bien souvent les décisions de la gente masculine. Le début d’un ‘burne’ out ?
Les quinze nouveaux morceaux présentés sur ce sixième opus ne transgressent en rien la ligne de conduite artistique que GCM s’est fixée depuis le début.
Sa plume est ciselée, précise et protéiforme ! Elle dépeint toujours aussi facilement les travers du quotidien, tout en nous adressant ce petit clin d’œil, parfois dépité, parfois emphatique.
Le tout est complété par une narration d’histoires aux subtilités insoupçonnées, parfois presque militantes, qui se construisent insidieusement et progressivement tout au long des morceaux de ce joli format.
Ces compositions restent donc très fidèles aux précédentes. Les thématiques sont toutefois davantage recentrées sur l’artiste, conséquence d’une sorte d’introspection obligée pour celui qui flirte aujourd’hui avec la quarantaine.
On retiendra essentiellement le destin tragique d’une jeune syrienne Yadna (« Au feu rouge »), l’hommage rendu à ses deux enfants (« Tu peux déjà »), la très jolie déclamation d’amour à celle qui partage sa vie depuis 10 ans (« Dimanche soir ») ou encore « Espoirs adaptés », tiré de la bande originale du film du même nom.
Si le concept peut vite ennuyer et se montrer répétitif, force est de constater qu’il a au moins le mérite de montrer tout le potentiel de la langue française, mais abordé sous un angle différent.
Après tout, pourquoi pas ?