Ils ont sans aucun doute ‘gardé leur côté méchant’ (le titre de leur premier album, sorti il y a deux ans), mais pour la circonstance VV et Hotel ont décidé de tremper leur rock écorché dans l’acide de l’électro la plus pourrave – Suicide avant tout. On a toujours dansé sur The Kills, mais cette fois les guitares s’attaquent directement aux jambes : reptiliennes, elles les enlacent jusqu’à les étouffer – et c’est groggy qu’on tente un pas de côté, avant de s’écraser sur le dance-floor. Brut et rêche comme du papier de verre, le rock de ces deux faux tourtereaux (« I Hate The Way You Love », pierre angulaire - et titre anguleux - de l’album) prend comme d’habitude aux tripes mais s’amusent désormais avec elles à jouer à l’élastique. Si les cinq premiers morceaux rappellent l’ambiance surchauffée de « Keep On Your Mean Side », la deuxième partie du disque s’aventure sur des terres plus friables, moins tendues. Où l’on découvre une VV déballant ses hantises (l’amour, la mort) avec davantage de ferveur et de féminité, telle une Patti Smith SM qui aurait grandi à l’époque de Cabaret Voltaire. Beatbox et guitare même combat, d’ailleurs qui fait l’un qui fait l’autre ? VV et Hotel ne tranchent pas, d’ailleurs leur musique c’est du rock de tranchée. On s’y planque pour éviter la quille, en dansant sous les bombes. Un grand disque salvateur, à écouter en pleine débâcle.