Liars. Déjà, le nom claque. Les New-yorkais sont violents, sauvages, sexy et insaisissables. Après un premier album punk-funk couillu, un deuxième effort arty au possible, incompréhensible pour 99 pour-cent des oreilles de la population mondiale, voilà que déboule le grand trip cosmique, psychotique à souhait. Probablement influencés par le krautrock ou un groupe comme les Silver Apples, le groupe ne fait aucune concession. La gloire ? Rien à cirer ! Les radios ? Et puis quoi encore ? Céder, c’est mourir. Les leçons de « White Light White Hea »t ont enfin été tirées. Et le projet porte bien son nom, « Drum’s Not Dead » s’exprime essentiellement par la batterie, colonne vertébrale autour de laquelle serpentent voix et guitares incandescentes. Le chant, désormais, est psalmodié. Cris, mantras obsédants, hululements drogués donnent le tournis. La rythmique est répétitive jusqu’à la transe, le chaman déclame des incantations menaçantes, vous prend à la gorge et vous relâche pantelant dans un dernier sursaut de pitié. L’hombre se rapproche. Le sang se glace. Ici, l’indifférence n’a pas cours. On ne peut en sortir indemne. C’est une mer de lave en fusion à laquelle on fait face, un territoire inexploré dont l’Annapürnä est ce « Drum And The Uncomfortable Can », crescendo symphonique d’une intensité brutale et salvatrice. Et au moment où on s’y attend le moins, une berceuse hypnotique en diable « The Other Side Of Mt. Heart Attack », le calme après la tempête, qui vous trotte dans la tête des heures après avoir quitté le disque, comme désarmé devant tant de beauté. Les Liars représentent le passé, le présent et le futur. Les Liars font peur. Et franchement, il y a de quoi. Jamais rien ne sera plus pareil.