C’est chez les Falcons, groupe de Doo-Wop gospellisé, que le jeune Pickett trouve tôt sa marque de fabrique en commettant le tube « I Found A Love ». Le jive parlé de la rue accouplé au cri primal suintant l’âme damnée. Sauf que comme le racontait Jerry Wexler : ‘Wilson pouvait crier des notes alors que les autres chanteurs ne pouvaient crier que des sons’. Le shouter en personne. Il suffit d’écouter sa version de « Hey Jude ». Pas de ad lib à la limite de l’écœurement mais un déluge de hurlements à vous bouillir le sang, le tout enrobé par la guitare incandescente de Duane Allman. Après avoir décroché un nouveau succès, mais sous son propre nom cette fois (NDR : le « If You Need Me » repris par les Stones et Solomon Burke, excusez du peu !), le soul man est repéré par ce même Wexler qui le signe chez Atlantic. Et c’est donc via la filiale Stax et associé à Steve Cropper qu’ils signent les mythiques « In The Midnight Hour » et « 634-5789 (Soulville U.S.A.) ». C’est ensuite chez Rick Hall, à Muscle Shoals qu’il allait graver une nouvelle page de son histoire. « Land of 1000 Dances » repris à Christopher Kenner, allait toucher tous les publics en devenant le premier titre de sa carrière à percer dans le top 10 des charts pop. Wilson est entré dans les annales.
Cette indispensable double compilation dégage un double constat. Le premier, implacable : la majesté de l’œuvre de Wilson Pickett, immaculée et éternelle. Le second, tragique : les morceaux repris ici s’étalent de 1963 à 1972, période de gloire du chanteur. Faites le compte, une trentaine d’années d’errance à ressasser la légende. Aujourd’hui intacte. Comme sa féerique représentation en maquereau céleste par Guy Peelaert dans « Rock Dreams ». Céleste. Wilson Pickett, 1941-2006.