Dans l’histoire de la musique rock, Traffic est incontestablement un des premiers supergroupes à avoir vu le jour. Après The Cream, mais avant Humble Pie. Traffic est né en 1967. Il réunit alors quatre musiciens : l'hyperdoué Stevie Winwood - devenu star au sein du Spencer Davis Group - au chant, à la guitare et aux claviers, le chanteur/batteur/compositeur Jim Capaldi, le saxophoniste/flûtiste Chris Wood et le chanteur/guitariste Dave Mason. Le quartet rencontre immédiatement le succès en commettant quelques petites perles de pop psychédélique. A l’instar de leur premier single, "Paper sun"! L'album "Mr Fantasy" sort en décembre 67. Il est suivi d’un elpee éponyme l'année suivante. Mason quitte ensuite le groupe qui décide alors de mettre provisoirement un terme à son aventure. Winwood fonde en compagnie de Clapton, Baker et Grech un autre supergroupe fugace : Blind Faith. Island en éditera un elpee posthume : "Last exit". En 1970, Traffic renaît déjà de ses cendres, sous la forme d'un trio composé de Winwood, Capaldi et Wood. Ce come-back est bien sûr ponctué d’un opus : "John Barleycorn must die". D'autres albums suivront: le live "Welcome to the canteen" et "The low spark of high heeled boys" en 71, "Shoot out at the fantasy factory" et le double live "On the road" en 73 ; sans oublier "When the eagle flies" en 74. Malade, Chris Wood décède en 1983, des suites d’une pneumonie. Traffic se reforme cependant en 1994. Et commet un autre long playing : "Far from home". L’enregistrement ‘live’ de ce "The last great Traffic Jam" date de cette époque. Il faudra cependant attendre plus de dix ans avant de voir ce disque atterrir dans les bacs. Atteint d’un cancer, Jim Capaldi est entre-temps disparu. En janvier 2005.
Le duo de base, Winwood et Capaldi monte sur les planches flanqué du bassiste Rosco, de Randall Bramblett aux claviers ou aux cuivres, de Mike McEvoy à la guitare ou aux claviers ainsi que du percussionniste Walfredo Reyes Jr. Cette œuvre est composée d’un CD audio et d’un DVD vidéo. Le CD audio s’ouvre par l'accrocheur "Pearly queen". La voix de Winwood est intacte. Profonde, puissante et riche, c’est un instrument de choix. Cette plage est une parfaite réussite. Au plus on l’écoute, on plus on y découvre, avec bonheur, de multiples surprises. Face aux claviers et aux percussions, la guitare se révèle très créative. "Medicated goo" met en exergue le talent de gratteur de Stevie. Un régal ! "Mozambique" (NDR : un extrait de l'album "Far from home" paru en 1994), fait la fête aux rythmes. Les percus ouvrent une voie royale à l'orgue Hammond qui disserte avec la guitare et la flûte. Rock, jazz et culture africaine font ici bon ménage. Empreinte de douceur, "40,000 headmen" est dédiée à la mémoire de Chris Woods. Le timbre vocal de Stevie est un véritable délice. La flûte de Randall Bramblett apporte un côté troublant à la compo. Bramblett est passé au saxophone pour l’instrumental "Glad", une parfaite démonstration de la qualité exceptionnelle de l'ensemble. La première plaque s’achève par "Light up or leave me alone", un très long fragment chanté par Jim Capaldi au cours duquel les différents solistes s’autorisent quelques escapades ; et même la section rythmique !
Le second morceau de plastique s’ouvre par le séduisant "Walking in the wood". Superbe, "The low spark of high heeled boy" est une longue compo atmosphérique caractérisée par de subtils changements de tempo que tonifie le timbre de Winwood. Les musiciens y démontrent une nouvelle fois tout leur savoir-faire. D’excellente facture, ce jazz rock divertit par ses incursions de piano, d’orgue et de cuivres. Interlude rafraîchissant, "John Barleycorn must die" est une plage folk. Une compo qui était également le titre maître d’un album paru en 1970. Plongé au sein d’une ambiance médiévale, Stevie chante en s’accompagnant à la guitare sèche. Le concert s’achève par deux morceaux incontournables. Tout d’abord le blues rock lent "Mr Fantasy", un fragment issu du tout premier elpee de Traffic commis en 1968. Et surprise, Jerry Garcia, le légendaire guitariste du Grateful Dead, est à la six cordes. Ce concert somptueux s’achève par l'incontournable hit du Spencer Davis Group immortalisé au cours des sixties : "Gimme some lovin".
En flip side, le DVD nous propose une interview de plus de 20 minutes accordée par Stevie Winwood et Jim Capaldi.