Fujiya & Miyagi martèle toujours avec autant de classe. La lumière est tamisée ; David Best scande ses murmures sur un rythme battu avec la rigueur du métronome. Sans aucun doute, le krautrock se porte bien, même si les fidèles héritiers de Can et Neu! ne peuvent cacher leur vice electro. L’influence Kraftwerk plane constamment. Sur Lightbulbs, l’analogique est encore plus décomplexé que sur leur splendide Transparent Things (2006), notamment grâce à l’arrivée des synthés Moog et Korg. De quoi faire pâlir les catégories musicales inflexibles. Le quatuor de Brighton ne s’encombre que d’un seul invariable : la section rythmique. Méthodique et intransigeante. A partir de là, tout reste à expérimenter. Du groove vintage à l’électro contemplative, de la pop pimpante au synthé hanté. « Sore Thumb's gentle » s’essaie même à l’Italo-disco funk. Certes, la formule aura tardé à séduire et le groupe se débattra jusqu’aux chroniques élogieuses de NME et Pitchfork en 2003. Mais dès la « krautpop » parcimonieusement glissée dans les mœurs, il en faudra peu pour reconnaître le génie des expérimentations Fujiya & Miyagi. Cette propulsion grisante, pour soigner définitivement les indécis. Cette scansion hypnotique, pour sombrer dans l’addiction. Ce son d’illuminés pour garantir l’envoûtement. Jamais évasion n’avait été aussi cadencée.