Sur “Lunglight”, Shaky Hands mise sans complexe sur l’électrique. Plus de traces de ces instrumentations épurées qui faisaient l’accroche du premier « Shaky hands » (2007). On n’y trouvera d’ailleurs pas de titres aussi implacables que "Whales Sing" et "Why and How ». Cependant, l’ensemble tient le cap. Pour la circonstance, le quintet de Portland ne laisse aucun répit aux guitares, tirées par des rythmiques rétro, des percussions artisanales et épisodiquement un piano plaintif. « You are the light » remplit correctement son tribut aux eighties. « Settle on » sent bon les Beatles caféiné. « Loosen up » joue habilement sur des aspérités post-punk. « Air better come » creuse son tempérament en pleine lignée des Strokes. « We are young » explose avec la nonchalance des Libertines. « Wake the breathing light » achemine en douceur un blues rock un peu moins rugueux que celui des Black Keys. Et en filigrane, à travers ces mélodies sur le fil du rasoir, on devine aussi le ton Pavement. Nick Delff (aussi membre de Castanets) sait pertinemment d’où il vient. Mais ces influences –clairement assumées– ne sont pas assassines. Ce disque impose même un imperceptible quelque chose qui l’extrait miraculeusement de l’ombre de ses maîtres.
« Lunglight » mérite le détour, au moins pour y apprendre comment se forger un caractère trempé malgré d’indécollables références.