Daniel Smith s’est évadé de son inénarrable Danielson Familie… En solo, le garnement opte pour un patronyme incontestable : Brother Danielson. Sans ami et sans famille, Smith perpétue son « Christian-art-folk&Rock » du haut de sa voix nonchalante d’épileptique échappé d’un asile psychiatrique. Sa musique atypique chevauche l’histoire du circuit folk US pieds au plancher. Tout y passe : de la comptine country à la liturgie ecclésiastique en défilant par le trip psychédélique et hallucinatoire. Rien n’est laissé au hasard. Rien, même pas l’attitude. Car l’air de rien, il faut le vouloir pour interpréter des chansons déguisées en arbre fruitier… Oui, oui, vous ne rêvez pas : monsieur déclame ses textes planqué dans un tronc d’arbuste. Alors, barge Brother Danielson ? A première vue, c’est l’impression véhiculée par ce drôle d’énergumène. Pourtant, les pirouettes mélodiques réalisées par le bonhomme nous laissent pantois, admiratifs. Avions-nous jamais rencontré feuillus si sympathiques ? De souvenirs d’humain, les exemples ne foisonnent pas. Les titres fleurent bon le folk (« Animal In Every Corner »), révèlent une nature profonde, émotionnelle (« Daughters Will Tune You ») et tellement douce («Perennial Wine »). De plus, ce disque fait figure de révélation. En effet, nous nous interrogions encore sur les secrets de la production du somptueux « Seven Swans » de Sufjan Stevens. Aujourd’hui, nous retrouvons le garant de ce chef-d’œuvre : Daniel Smith. Dans le livret de « Seven Swans », les remerciements et les musiciens s'affublaient tous d’un seul et même nom : Smith. Naïfs, nous songions alors à un hommage au regretté Elliot Smith. Or, cet ouvrage restera à jamais marqué par cette collaboration historique entre Sufjan Stevens et la Danielson Familie. Dire qu’il aura fallu attendre qu’un arbre enchanteur vienne nous chanter ses dix perles fantaisistes pour découvrir l’effroyable évidence…