Un peu d’histoire d’abord. 1968, Double blanc des Beatles. La chanson « Revolution 9 » est un collage sonore de John Lennon où, telle une litanie hypnotique, se répètent en boucle ces quelques mots : number nine, number nine, etc. Certains allumés du bocal, déchiffreurs inconditionnels des œuvres de leurs gourous, s’empressent de passer les bandes à l’envers et y entendent Turn me on dead man. Ce qui, dans la langue de Molière signifierait quelque chose comme Fous moi la gaule, vilain macchabée (sacré paillard, ce Jean-Baptiste). Venons-en aux faits, les Turn Me on Dead Man, encore inconnus dans nos contrées, excitent déjà les tympans de leurs concitoyens. The best kept secret of San Fransisco pouvait-on lire récemment dans une feuille de chou locale. Rock stoner racé, certes, fourbi d’influences psychés assumées, l’album, sans être déshonorant, ne mérite pas forcément une telle dithyrambe. Excellente entrée en matière, « Killer Sound Waves From Space » pérégrine lentement vers le cervelet et touche son but dans un ultime assaut de fuzz. Première salve infligée, on reste un peu sur sa faim jusqu’à la seconde face qui s’avère nettement plus inspirée. Réouverture des (d)ébats « Apocalypse rock », hurlements, frappe lourde, format plus court, high energy pur jus. Un hommage au Beatle discret, « Beatle George », se plie sur quelques notes de sitar électrique, évidemment. Quelques dérives psychotropes warholiennes, dans le sens dandy du terme se concluent par un « Mistery Ride » bien nommé. Une clope, chérie ?