Laura Veirs, singer/songwriter des faubourgs de Seattle, signe déjà son cinquième album. En moins de cinq ans, sa production frise le stakhanovisme. Pourtant, cet improbable rythme de croisière ne porte guère préjudice à l’œuvre de l’artiste qui parvient, une fois encore, à faire valoir un disque d’un intérêt sans cesse renouvelé. Son regard perdu à l’horizon, ses lorgnettes vissées sur le nez, Laura aurait pu revendiquer un rôle dans le « Ghost World » de Terry Zwigoff, film retraçant les aventures de deux adolescentes américaines paumées dans un univers en carton. Mais bien vite, Laura s’écarte des clichés et, après les excellents « Carbon Glacier » et « Triumphs & Travails of Orphan Mae », elle s’autorise un doux voyage géologique : « Year of Meteors ». En compagnie de son groupe, les Tortured Soul, et de Tucker Martin, son ami producteur, Laura Veirs esquisse un album succulent, véritable poussière d’étoile, chancelant entre la sérénité de l’americana et l’hardiesse du rock. Le timbre de la jeune fille emprunte d’impressionnants passages vocaux, heurtant la poésie et la mélancolie, sans jamais perdre de son intensité. Les grands moments n’ont pas manqué leur rendez-vous : « Cool water », « Galaxies » ou « Parisian Dream ». Sans oublier l’introduction soufflante méticuleusement déposée par « Fire Snakes ». Pour tous ceux qui feignaient encore de l’ignorer, cette année est bien celle des météores.