Un peu d’histoire quand même. En 1993, Primal Scream part à Memphis pour enregistrer un nouvel album. Les sessions se déroulent aux célèbres studios Ardent, sous la houlette de Tom Dowd, un personnage dont la carte de visite mentionne Aretha Franklin, Eric Clapton, Lynyrd Skynyrd, Otis Redding, Allman Brothers, Ray Charles, John Coltrane... Notamment. Excusez du peu ! Le band y reçoit, en outre, le concours de la section rythmique des Swampers ; en l’occurrence le bassiste David Hood et le batteur Roger Hawkins, des musicos qui ont fait les beaux jours des Muscle Shoals.
En 1991, la formation glawégienne avait publié « Screamadelica », un elpee qui s’était vendu à plus de 3 millions d’exemplaires, à travers le monde, un disque paru alors chez Creation (Oasis, My Bloody Valentine, Ride, Teenage Fanclub, etc.), le label d’Alan McGee. Mais ce dernier est de plus en plus dépendant des drogues et de l’alcool. Lorsque le groupe ramène les bandes, il estime que le son produit est trop sophistiqué. Il les confie alors à George Drakoulis, producteur alors à la mode, pour les retravailler. Motif ? Les deux albums des Black Crowes qu’il a mis en forme ont cartonné. Les plages sont alors remixées, pour permettre aux guitares de reprendre le pouvoir. Les chœurs sont gommés. Bref, hormis « Rocks » et « Jailbird », qui seront traduits en hits, le reste est vidé se sa substance. Et lorsqu’il paraît en 1994, l’album est mal accueilli par la critique ainsi que l’opinion publique…
C’est en 2016 qu’Andrew Innes, le guitariste de Primal Scream, a retrouvé la cassette originale. Les musiciens avaient presque oublié son existence. Et en l’écoutant, ils se sont rendus compte de l’erreur commise à l’époque. Jamais un disque de Primal Scream n’avait sonné aussi proche des Rolling Stones. C’était un peu leur « Sticky fingers ». Si le deuxième cd réunit des chutes de bandes, pour la plupart des titres lents (NDR : même des slows crapuleux) voire des blues, le premier nous réserve 11 plages percutantes, excitantes, chargées de groove et dignes de leurs aïeux. Qu’on se le dise !