Notre barbu favori ( ?!?!) de l’indie-rock américain est de retour après sa parenthèse cinématographique (« Old Joy » de Kelly Reichardt). Il vient ainsi de publier un nouveau recueil de chansons taillées dans le country/folk, en ce début de printemps. Une œuvre habillée d’une très belle pochette, il faut le préciser. « Beware » succède donc à « Lie Down In The Light », paru en 2008. A l’époque, cet album avait déjà signifié le réveil du toujours aussi prolifique roi de la country alternative. Faut dire qu’il nous avait concocté toute une série d’elpees relativement décevants, juste auparavant. Et ce « Beware » confirme donc bien son retour en forme.
S’il est désormais acquis que Will Oldham n’atteindra plus jamais les cimes (fort élevées) d’ « I See A Darkness » ou de ses œuvres concoctées au sein de Palace, « Beware » se révèle cependant de très bonne facture. Plus d’un songwriter en herbe vendrait son âme pour écrire ne fut-ce qu’une de ces compositions ! Et de nouveaux admirateurs risquent de rejoindre les fidèles aficionados, après avoir écouté ce disque. Pas pour rien que le concert qu’il accordera à l’Ancienne Belgique, ce 22 avril (en compagnie de la Norvégienne Susanna Wallumrod), est déjà sold out.
L’artiste vieillit bien. C’est en habile artisan qu’il nous propose ici treize vignettes de toute bonne facture. L’album débute par le plus beau morceau et peut-être le plus radiophonique jamais enregistré par Mr. Oldham : « Beware Your Only Friends ». Sa guitare électrique et les chœurs féminins y font merveille. Et Bonnie de ne jamais baisser de régime en cours de route. Tirant parti de la même recette, « My Life’s Work » est tout aussi envoûtant, osant même un final au saxophone !
Sans surprise mais maîtrisée à merveille, la puissance émotionnelle de sa voix ensorcelle à nouveau. Si l’ambiance semble plus positive qu’à l’accoutumée, la tristesse et le mal-être du lonesone cowboy reviennent maladivement à la surface. La lecture des titres tels « Death Final » ou « You Don’t Love me » n’annoncent pas de réelles réjouissances ; même si les paroles révèlent que le bonhomme se reprend en main. Le ton se fait plus enjoué pour « You don’t love me… but it’s alright ! » Moins aride que ses prédécesseurs, l’instrumentation est plus luxuriante : des chœurs, des violons, une flûte et l’incontournable pedal steel se partagent en effet la vedette en cours de route. Et miracle ! Le tout ne tourne absolument pas en exercice de pur style ‘Nashville’.
Bonnie Prince Billy fait incontestablement partie des grands songwriters américains ; mais vu les titres proposés tout au long de cet elpee, son statut ne fait que se confirmer. Ce nouveau barde du XXIème siècle est peut-être occupé de prendre la succession de Johnny Cash, dans nos cœurs…