Non content d’avoir le sens de l’humour, ce trio lyonnais semble vouloir cultiver l’équivoque. Et il n’en est pas à son coup d’essai. Il a ainsi adopté pour patronyme PoiL, mais également baptisé son cinquième opus, « Sus ». Les elpees « Dins O Cuol », paru en 2011, et « Brossaklitt », en 2014, ont d’ailleurs certainement dû susciter une même polémique. De quoi bien faire rire les membres du groupe dans leur barbe…
Néo prog, excentrique et expérimentale, la musique de ce groupe lyonnais agrège une multitude de styles qui oscillent du math rock à l’électro, en passant par la noisy, le punk, le metal, l’avant-garde (Stockhausen ?), le jazz (Herbie Hancock ?), la prog (NDR : ce moog attaqué à la manière de Keith Emerson !) et la liste est loin d’être exhaustive ; le tout abordé dans l’esprit de feu Frank Zappa. Souligné religieusement par des chants polyphoniques occitans, ses textes sont inspirés par la poésie de Max Rouquette et Théodore Aubanel, vocaux qui font souvent penser au langage ‘Zeuhl’, pratiqué par Magma. Truffé de breaks, arythmique, quand elle n’est pas frénétique, l’expression sonore est à la fois nerveuse et terriblement complexe. Réunissant cinq titres, dont deux plages qui dépassent les 12’, l’album est partagé en deux volets de 20 minutes, comme un vinyle, « Luseta » nous réservant trois premiers morceaux, et « Lou Libre De L’Amour », les deux derniers. Si vous n’êtes pas réceptif à ce type de musique, vous risquez de vous arracher les cheveux. A moins que vous n’ayez la boule à zéro… ce qui n’est pas le cas des trois musiciens, on vous le confirme…