Alex Schultz est un artiste jusqu’au bout des ongles. Un guitariste exceptionnel capable de s'attaquer à toute une panoplie de styles très divers, avec une facilité déconcertante. Alex a été le guitariste des Mighty Flyers pendant plusieurs années. Il a notamment participé à la confection de l'excellent album "Live at BB King's". Il a joué pour William Clarke, Tad Robinson, Lester Butler (NDR : chez Thirteen), Egidio Ingala et les Dirty Hands, et même en compagnie de Fred Lani... Il a pu réaliser son rêve : entrer en studio à deux reprises pour y enregistrer en compagnie de musiciens différents et surtout particulièrement talentueux. Des sessions qui ont donné naissance à cet elpee.
La première remonte à septembre 2001. Plage d’entrée, "Done got over it" donne le ton. Signée Guitar Slim, elle mêle blues, jazz et swing. Un véritable big band participe à la fête, dont une section rythmique de rêve constituée de Larry Taylor à basse et de Gio Rossi à la batterie. Alberto Marsico à l'orgue Hammond (NDR : autre Italien issu des Dirty Hands), le chanteur au timbre superbe Finis Tasby et l’excellent saxophoniste ténor Mando Dorame complètent le line up. Finis Tasby est noir. Il avait commis un tout bon album en 1998 : "Jump children!". Autre chanteur talentueux, Lynwood Slim prend le relais sur le "Be good, be gone" de Chuck Willis. Le tempo est assez vif. Du swing jazz tout à fait pur. Alex accorde une intervention impeccable, très vivifiante, devant l'énergique Marsico aux claviers. Lynwood Slim vient à peine de ranger son micro que la voix de Tad Robinson entre en scène. Son timbre tout en relief colore "Let's start again", un blues très swing, imprimé sur un rythme pondéré, caressé par quelques fines touches d'orgue Hammond. Alex y étale toute sa technique qui sort de l'ordinaire ; mais également son art et sa facilité à produire un solo que bien peu d'autres guitaristes seraient capables d’accorder. Lynwood Slim chante le très cool swing "I don't want your money, honey" ainsi que "No use knocking", dans un style proche de la Nouvelle Orléans. Parmi les grands moments de cet elpee, j’épinglerai Finis Tasby venu chanter le "Think" de Jimmy McCarcklin. Il interprète également "I love the woman", un grand slow blues au cours duquel sa voix se révèle curieusement aussi profonde que celle de BB King. C'est lors de ce blues que nous mesurons tout le talent de Schultz, proche lui aussi de BB King. Impressionnant! Tad Robinson se réserve encore "Act right". Son timbre s’y révèle tellement réminiscent du regretté Ray Charles, pendant que Marsico se montre impérial au B3. Et encore un de ces blues fin de soirée ! Son organe très vibrant est chargé d'émotion contenue, une impression de vague à l’âme persistant accentué par l'orgue Hammond. Alex Schultz a également conduit une session plus récente : en mai 2003. Elle a accouché de trois instrumentaux issus de sa plume. Trois fragments auxquels participent le bassiste Bill Stuve (NDR : son ex-acolyte des Mighty Flyers), le batteur Daniel Glass et le prodigieux pianiste, Carl Sonny Leyland. Blues particulièrement cool, "Big time" évolue sur un tempo très modéré. A contrario, "Lexington Express" opte pour un rythme bien plus enlevé. Alex dispense ses notes limpides et incroyablement légères, au coeur des cuivres du Royal Crown Revue. Et à l’écoute de "Rhumba & Orange" impossible de ne pas penser au style et au jeu Westside d'Otis Rush ainsi qu’à celui qui avait été un des ses élèves les plus doués, Peter Green. Cet elpee tout à fait intéressant s’achève par le sobre et dépouillé "Walkin' and talkin" de Finis Tasby. Une plage qui laisse, bien entendu, la part belle à la voix puissante de Finis.