« Beneath the Eyrie » constitue le troisième elpee des Pixies, depuis sa reformation, en 2009. Pour rappel, le groupe n’a rien publié entre 1991 (« Trompe le monde ») et 2014 (« Indie Cindy »), alors que la bassiste originelle, Kim Deal, a quitté le navire, l’année précédente. Depuis, elle a été remplacée par Paz Lenchatin, après un bref intérim assuré par Kim Shatuck.
« Beneath the Eyrie » a été enregistré aux Dreamland, une église en bois reconvertie en studio, sise près de Woodstock. Un édifice au sein duquel des artistes ou groupes tels que Cell, Joe Jackson, The B52’s, The Breeders, Dinosaur Jr, Nick cave, Suzanne Vega, The National, Parquet Courts, Kurt Vile et bien d’autres, avaient déjà opéré leurs sessions. Des sessions qui se sont déroulées sous la houlette du Britannique Tom Dalgety.
Première constatation, la ligne de basse de Paz s’intègre de mieux en mieux au son des Pixies ; et puis, la native de Mar del Plata a également participé à la composition. Côté textes, Frank Black nous parle de son divorce, de sorcellerie, de mort et de réincarnation, mais aborde également quelques thèmes loufoques. Mais en général, les lyrics sont plutôt sombres. Pourtant, le plus intéressant procède de la présence de titres bien percutants, au cours desquels les guitares crépitent, stridulent ou crissent comme aux débuts de l’aventure du band bostonien. A l’instar de l’offensif « Graveyard hill », une plage hymnique soulignée par la ligne de basse ténébreuse. De la ballade mid tempo « Ready for love » ou encore du morceau qui ouvre le long playing, « In the arms of Mrs. Mark of Cain », une piste également hymnique mais gothique, à la mélodie accrocheuse, caractérisée par de jolies combinaisons de grattes et dont l’intensité monte en crescendo…
Quelques plages adoptent un profil inattendu. A l’instar de « St Nazaire », un psychobilly qui aurait pu figurer au répertoire des Cramps. Ou encore de « This is my fate », une chanson mystérieuse, abordée dans l’esprit du cabaret germanique (Kurt Weil ? Berthold Brecht ?) de Nick Cave. Power pop, « Catfish Kate » nous réserve des sonorités de guitare cornemuse (Big Country ?) alors que malgré ses cordes acérées, « Long rider » lorgne carrément vers Weezer, et tout particulièrement lors du refrain. Plus étonnant encore « Silver bullet » véhicule quelques accents prog (Jethro Tull ?), notamment lors des changements de tempo, le clavier rogné accentuant cette impression.
On épinglera encore les chouettes harmonies vocales échangées entre Paz et Frank qui parsèment cet LP ; mais regrettera la présence de deux compos dispensables, soit les deux derniers titres de cet LP. N’empêche, Pixies est sur la bonne voie d’un retour en grâce auprès des aficionados de la première heure...