L’année 2019 a été prolifique pour Eicher. D’abord, il a publié « Hüh ! », un album consacré aux reprises de ses chansons sous un angle audacieux. Ensuite, il a gravé un huitième exercice original, sobrement intitulé « Homeless Songs ».
C’est donc un Stephan plein de peps que l’on retrouve aujourd’hui, laissant loin derrière lui les problèmes juridiques qu’il a rencontrés avec sa maison de disques. Sans oublier les ennuis de santé auxquels il a dû faire face.
Il y a 7 longues années que l’artiste n’avait plus publié d’elpee réunissant de nouvelles compos. Des compos qui figurent sur cet essai aux allures libres et sauvages…
Empreint d’une pointe de mélancolie, les chansons embrassent une large palette d’émotions sur un laps de temps parfois très court, à l’instar de « Broken » (43 secondes seulement) ou très long (plus de 6 minutes pour « Niene dehei »). Des morceaux qui adoptent tour à tour un profil folk, dépouillé ou au contraire savamment orchestré (« Wie Einem Der Gewissheit Hat »).
L’artiste bernois jongle une nouvelle fois entre les idiomes –anglais, suisse ou allemand– qu’il maîtrise à merveille en y apportant cette petite pointe d’accent fébrile qui le rend unique et très attachant.
Son comparse de toujours, Philippe Djian, lui offre à nouveau fois cette plume particulière qui sublime cette voix grave, chaude et éraillée reconnaissable entre toutes.
L’artwork représente une femme que l’on devine plus que l’on ne distingue. « Homeless Songs » en est l’allégorie. Il faut du temps pour en cerner tous les charmes avant de l’apprivoiser.
Proche de la soixantaine, Stephan respecte la ligne artistique qu’il s’est fixée depuis quelque temps. Son LP ne recèle pas de morceaux nécessairement ‘tubesques’ (si l’on excepte « La fête est finie » en compagnie d’Axelle Red et Miossec qui pourrait faire l’effet d’une bombe), mais s’écoute comme s’il avait été posé dans un écrin de velours.
Enfin, il semble avoir retrouvé une certaine sérénité et va pouvoir maintenant réellement déjeuner en paix…