Entre la rage électrique d’un Dolly et l’univers poétique d’Eiffel, Bazar Bellamy parvient à tirer son épingle du jeu dans la jungle sauvage de l’industrie musicale.
Né des cendres de Plugin Sparta, le combo montalbanais, réuni autour de Monsieur Georges (ex-Lagony), s’inscrit dans une veine résolument rock avec cette volonté de jouir de toute la richesse et de la subtilité de la langue française.
Enregistré en compagnie de Nicolas Bonnière (ex-complice d’Emmanuelle Monet), ce premier opus fait la part belle aux guitares virevoltantes et rythmes endiablés comme un livre ouvert vers de grands espaces californiens.
Les textes sont rigoureux, les thématiques sont viscérales et dépeignent l’humanité au sens large du terme. L’intention se veut plutôt littéraire. Notamment en s’inspirant du ‘If’ de Rudyard Kipling sur « Un Homme » ou encore en osant une référence cocasse au ‘Bel Ami’ de Maupassant pour choisir patronyme du groupe (NDR : le ‘Y’ a été ajouté pour rendre hommage au chanteur de Muse, Matthew James Bellamy).
La narration est incantatoire et renvoie par moments à l’univers d’Hir*shima M*n Am*ur. Cette dualité constante entre gravité et légèreté dans le propos en est la plus belle illustration...
« Jusqu’ici tout va bien », premier album, dont le titre est tiré d’une réplique culte du cinéma français (La ‘Haine’ de Mathieu Kassovitz) est plus raffiné qu’il n’en a l’air. Fougueux et intrépide, il baigne dans un jus brut dont on ne sort pas indemne.
Du septième art, il en sera encore question sur « Garde les Yeux Ouverts », un morceau qui recèle un sample de ‘99 francs’, une adaptation sur grand écran du roman du même nom de Frédéric Beigbeder.
Bref, Bellamy fout un sacré ‘bazar’ et offre là un genre qui n’est certes pas nouveau, mais constitue tout de même une belle curiosité tout en opérant une ouverture sur le monde.