Bernard Allison n’est autre que le fils de Luther, l'un des plus grands bluesmen de tous les temps. Il est trop tôt disparu, en 1997, à l’âge de 58 ans. Aujourd'hui, Bernard en a 54 et s’est forgé sa notoriété, non pas parce qu’il est le fils de, mais grâce à son talent de guitariste. Thomas Ruf était le manager de Luther avant qu’il ne fonde son label, en 1994. Pas étonnant qu’il ait signé le fiston très tôt. D’ailleurs, le premier elpee de Bernard, "Funkifino", publié chez Ruf, remonte déjà à 1995. Et son premier opus, pour le marché yankee, date de 1997, année du décès de son père.
Immortalisé ‘live’, "Songs from the road" réunit un CD de 13 plages et un DVD qui en compte trois de plus. Un événement qui s’est déroulé au Musiktheater de Dortmund, en octobre 2019. Sur les planches, Bernard Allison est soutenu par un backing group réunissant une solide section rythmique, Dylan Salfer à la seconde gratte, un musicien à peine âgé de vingt printemps, et puis le saxophoniste José James, un saxophoniste vraiment remarquable. Bref, un groupe parfaitement huilé qui se nourrit de funk, blues, jazz et r&b.
Bernard puise dans son répertoire pour nous livrer le meilleur de son funk ("Night train"), souvent mêlé de jazz ("Call me Momma", "Same ole feeling"), du blues pur et dur, parfois teinté de rock. Shuffle, "I can't get you out of my mind" adresse un solide clin d'œil à Stevie Ray Vaughan, une compo au cours de laquelle, Salfer se fend d’une superbe intervention aux cordes. Hanté par Jimi Hendrix, "Feels kinda funny" est allumé par les riffs rock/blues de Bernard. Les deux gratteurs se partagent les envols à la slide. Dans ce registre, Bernard se déchaîne lors de la finale, "Slide Master". Il rend enfin un hommage émouvant à son père, en reprenant deux de ses compos, en l’occurrence les longs blues lents, "You're gonna need me" et "Let's try it again"…