Originaire de Dublin, Eamonn McCormack est loin d’être un néophyte. Âgé de 57 ans, ce vétéran à entamé sa carrière à la fin des 70’s. Chanteur, compositeur et guitariste, il a tourné en Europe, au cours des 90’s, sous le sobriquet de Samuel Eddy. Il reprend sa véritable identité en 2008, et publie alors l'album "Kindred spirits", puis "Heal my faith" en 2012, sur son label True Talent. En 2017, il avait gravé un double CD baptisé "Like there's no tomorrow". Depuis deux ans, il est soutenu par une section rythmique, constituée du bassiste Edgar Karg et du drummer Max Jung-Poppe.
Les sessions d’enregistrement de ce "Storyteller" se sont déroulées en Allemagne. McCormack signe les onze plages. Le thème de la grande famine ("The great famine") qui a frappé Dublin, en 1845, causant un million de victimes, ne prête pas à sourire. Les cloches sonnent à la volée. Une ouverture qui reflète cette tragédie. L’intensité monte progressivement. La voix d’abord, puis les cordes, jusqu'alors contenues, ensuite. Blues/rock plutôt classique, "Gypsy women" est imprimé sur un mid tempo. La voix est autoritaire. Les envols de cordes se succèdent judicieusement. Rythmé, "Tie one on" est découpé dans des riffs arides, que n’auraient pas reniés Thin Lizzy, dans le passé. Eamonn sort son bottleneck pour s'évader en slide. Un traitement reconduit tout au long de "Cowboy blues", un rock'n'roll bien enlevé. "Every note that I play" est une superbe ballade lente. Réverbérées, les cordes de gratte mettent bien en exergue la voix d’Eamonn. Une voix de nouveau très proche de celle de Phil Lynott à l’époque où Eric Bell se chargeait des cordes (NDR : pensez à "Whiskey in the jar") et Arne Wiegand (NDR : il est devenu depuis producteur) des claviers, chez Thin Lizzy. Pour McCormack, Rory Gallagher est une autre référence. C’est une évidence. Et on s’en rend compte, à l’écoute de "With no way out". Shuffle torride, exécuté à la texane, "Cold cold heart" est hanté par le regretté Stevie Ray Vaughan. Boogie frénétique, "South Dakota bound" est balisé par le piano roadhouse de Wiegand. Le long playing s’achève en boulet de canon par "Make my move", une plage réminiscente à la fois de Gallagher et Thin Lizzy…