Louisianaise, Lucinda Williams peut se targuer d’une longue carrière, tant dans l’univers du blues, du folk que de la country. Le premier elpee de cette chanteuse, "Ramblin' on my mind", date de 1979. En mai 2017, elle a été bombardée Docteur honoris causa en musique par le célèbre Berklee College of Music.
"Good souls better angels" a de nouveau bénéficié du concours de Ray Kennedy à la mise en forme. C’est déjà lui qui s’était chargé de la production de "Car wheels on a gravel road", en 1998. Mais pour cette tâche, il a été épaulé par Tom Overby, manager et néanmoins époux de Miss Williams. Les sessions se sont déroulées à Nashville, en compagnie du fidèle backing group de Lucinda, Buick Six, dont le line up implique le guitariste Stuart Mathis, le bassiste David Sutton et le drummer Butch Norton.
Au bout de quarante années de parcours, sa voix est devenue ravagée et rocailleuse. Et c’est cette voix qui donne le ton à cet LP, même si elle peut compter sur un excellent band, au sein duquel le gratteur affiche un fameux potentiel…
Dès "Can't rule me", lugubre, cette voix déclame face aux guitares prêtes à faire feu à tout instant. Les accords sont secs, et ceux traités à la slide émergent de ce mur flamboyant, psychédélique, qui entretiennent cette atmosphère étrange. Cette voix agonise sur "Bad news blues", sans doute en apprenant toutes ces mauvaises nouvelles. "Man without a soul" baigne au sein d’un climat ténébreux. A cause de cette instrumentation réminiscente du Velvet Underground des sixties. Reverb’, la guitare rôde en arrière-plan. Mathis arrache tout au passage. La voix monte en puissance avant d'être ensevelie par les cordes débridées. L'album recèle plusieurs ballades folk rock. Superbes et chiadées, elles sont partagées entre les cordes acoustiques de Mrs Williams et celles amplifiées de Mathis. A l’instar de "Big black train", une piste tapissée par l’orgue de Mark T Jordan, et de "Shadows & doubts". La ligne de basse balise "Wakin' up", mais les cordes demeurent toujours aussi dramatiques. Stuart découpe le morceau au scalpel, avec une précision chirurgicale effrayante. "Pray the devil back to Hell" nous précipite au cœur d’un climat morbide, digne d’un film d’épouvante. Mathis y double guitare et violon. Bien ficelé, "Down past the bottom" libère toute sa puissance, un garage blues dominé par les vocaux, alors que les interventions traitées à la slide sont intransigeantes. Hypnotique, "Big rotator" est propice à la transe, une compo hantée par le géant Howlin' Wolf. Quoique difficile, sombre et sans concession, cette œuvre est vraiment remarquable…