Le type est tout seul. Dernier représentant d’une nouvelle ligue drone-folk où les guitares triturées se perdent dans de longues divagations psychédéliques, jusqu’à la transe destructive, Richard Youngs se pose en sauvage histrion du rythme squelettique. Pas de batterie, juste un pouls fantomatique qui donne à cette entreprise de saccage folk l’allure d’une bande-son de l’Apocalypse. Parfois, Youngs déclame quelques mots sans queue ni tête, pris dans le cyclone d’un rituel chamanique, à chaque instant au bord de l’implosion névrotique. Quatre morceaux, l’un frôlant les 25 minutes (l’épique « Red Cloud Singular ») : c’est la guerre aux formats, à la musique préfabriquée, aux refrains pop et aux mélodies de poche. A l’instar de groupes comme Charambalides, Vibracathedral Orchestra, JOMF, Richard Youngs médite sur les aspects les plus divinatoires de la musique folk : ici, tout est affaire de dilatation. Ne reste au final qu’une impression d’infinie suspension. Au bout du compte, le silence, peut-être la mort, la fin d’un genre arrivé à ses limites.