Dans l’univers de la musique industrielle, Test Dept (ou Test Department) a vraiment marqué les eighties de son empreinte. Et pas seulement à cause de sa musique, mais aussi parce qu’il a pris parti pour la classe ouvrière britannique sous le mandat de Margaret Thatcher. Aujourd’hui, il est considéré comme un vétéran du style. Son dernier elpee, « Tactics of evolution » remontait quand même à 1997. A partir de cette époque, les différents membres du groupe se sont lancés dans d’autre projets artistiques et culturels. Et puis, en 2014, Graham Cunnington et Paul Jamrozy ont décidé de remonter le combo sous un nouveau line up et de repartir en tournée. Cinq ans plus tard, Test Dept publie donc son 14ème elpee. Et son titre est toujours aussi engagé. « Disturbance » reflète l’état d’une société en crise, victime d’un néo-libéralisme qui a entraîné l’austérité, le chômage et l’inégalité entre les revenus, mais également s’inquiète de la menace imminente d’un conflit nucléaire…
Découpé en 8 pistes, cet LP nous rappelle que s’il a été influencé par Cabaret Voltaire, Test Tept a aussi influencé Einstürzende Neubauten et même Front 242. Il est d’ailleurs amusant de retrouver ces références électro/indus ou électro/body/music (EBM) tout au long de cet opus. A l’instar de Laibach, l’hymnique « Speak truth to power » a recours aux synthés orchestraux. Plus paisible voire lunaire, « Debris » baigne au sein d’une forme d’ambient. Sombre et tourmenté, « Full spectrum dominance » est sous tension permanente, mais n’explose jamais, nous réservant des échantillonnages de voix de dictateurs, de tribuns ou de chefs-terroristes que la foule acclame. Le meilleur morceau est pour la fin, « Two flames burn ». Oriental, son intro évoque celui du « Larks’ tongues in aspic » de King Crimson, motif qui réapparaît au fil d’une plage grimpant progressivement en intensité, sur des rythmes et des chœurs martiaux, avant de s’achever par un glas à vous glacer le sang... Un album vraiment perturbant…