Décédé en octobre 2011, Bert Jansch avait 57 balais quand il a gravé « Crimson Moon ». C’était en 2000. Pour concocter cet opus, l’Ecossais avait reçu le concours de Johnny Marr (The Smiths, Electronic, etc.) et Bernard Butler (Suede) aux grattes électriques. Cependant, les deux musicos n’y rivalisent pas de déflagrations flamboyantes. Leurs interventions sont bien sûr électriques. Elles enrichissent la texture des compos. Mais aussi subtiles qu’efficaces, elles ne s’imposent jamais. Tout ceci dans un cadre défini par la guitare sèche, le plus souvent jouée en picking par Bert, et dont le doigté tout comme le feeling sont incomparables.
Dans l’histoire du rock, Bert Jansch est une véritable légende. Il a ainsi influencé, parmi les plus célèbres, rien de moins que Jimmy Page et Neil Young. Excusez du peu !
Son aventure la plus marquante, il va la vivre au sein de Pentangle, en compagnie de John Renbourne, de la chanteuse Jacqui McShee, du contrebassiste Danny Thompson (NDR : qui va notamment bosser ensuite, en compagnie de Nick Drake, John Martyn et Tim Buckley) et le batteur Terry Cox. Dans quel style ? Le folk/rock ! Mais un folk/rock baroque et teinté de jazz.
Bref, ce « Crimson moon », qui vient dont d’être réédité, est une œuvre à part dans la longue discographie de Jansch. Bien sûr, on y retrouve quelques plages réminiscentes de son aventure chez Pentangle, à l’instar de « My Donald », une cover de Owen Hand remontant à 1964, au cours de laquelle sa fille Loren se consacre aux vocaux, un peu à la manière de Jacqui. Puis l’un ou l’autre titre plus acoustique, comme l’allègre « Neptune’s daughter », qu’il interprète seul à la sèche. Du blues aussi. Sans oublier le titre maître traduit en bossa nova. Et si son fils, Adam assure les parties de basse sur quelques morceaux, la quintessence de l’œuvre procède justement des interventions électriques, mais tellement raffinées de Johnny et Bernard. Même que l’allègre « Going home » aurait pu figurer au répertoire de Dire Straits. Et si Bert n’a pas une voix inoubliable, lorsqu’elle devient nasillarde, ses inflexions sont désarmantes et sincères tout en rappelant celles de Bob Dylan…
Superbe !