Gina Eté est souvent comparé à Sophie Hunger. Car elles sont toutes les deux helvètes (le première est née à Zurich et la seconde à Berne), mais surtout parce que dans leurs chansons, elles passent facilement de l’anglais à l’allemand ou du français au dialecte. Et si les deux artistes jouent du piano et des synthés, cette dernière se sert également d’un violon alto alors que Sophie empoigne régulièrement la guitare.
« Erased by thought » fait suite à « Oak Tree », publié en 2019. Et ce second opus a été enregistré à San Francisco, dans les studios analogiques de John Vanderslice (Spoon, The Mountain Goats, Sufjan Stevens, Okkervil River, The Tallest Man On Earth, Death for Cutie, St. Vincent, Dear Reader).
La voix de Gina Été est douce, mais versatile, un peu comme celle de Suzanne Vega. Sauf sans doute sur la plage qui clôt ce long playing, « Tired people », lorsqu’elle emprunte les inflexions graves et déclamatoires de feu Nico…
Le track listing est partagé entre plages minimalistes (tramées alors sur le piano) et enrichies d’arrangements luxuriants, de préférence symphoniques, à l’instar de l’excellent « Nulle part », qu’elle interprète dans la langue de Molière, en pinçant subrepticement les cordes de son violon. Ou de l’indolent « Not enough ». Mais encore, du plus enlevé « Troubleshooting, une piste dynamisée par une forme de jazz/cabaret et soulignée ponctuellement de chœurs masculins. Des chœurs, mais emphatiques, qui contrebalancent le dépouillé « Machs gut ». En général, les compos baignent au sein d’une mélancolie douce. Même que « Rastlos » frôle l’univers d’un certain Robert Wyatt. Cependant, « Lach du Nur », adopte carrément un tempo frénétique, à mi-parcours, alors que sur « All or nothing » une ligne de basse creuse un sillon profond et ténébreux…