Si la « Grenade », qu’elle prenait plaisir à cacher sous les seins, avait marqué les esprits tant par sa (fausse) légèreté, que par la musicalité, l’audace et le manque de pudeur, les battements de son « Cœur » risquent de devenir carrément… explosifs.
Après un premier opus récompensé de deux Victoires de la Musique, Clara Luciani est de retour, non plus comme militante, mais plutôt à travers toutes les facettes de l’Amour, fil rouge décomplexé de son nouvel essai.
Trois années après gravé « Sainte-Victoire » et sa pléiade de chansons radiophoniques (« La baie », « Nue »), celle qui a poussé la chansonnette chez La Femme exploite, sous ce nouveau format, une palette de sentiments joyeusement colorés.
Alors que le titre éponyme et plage d’ouverture s’amorce sur des… chœurs, très vite la direction artistique se confirme et se consolide : basse percutante et synthés dignes du début des 80s. Sans oublier cette voix grave (à la garçonne) si singulière.
La Martégale (donc Provençale), jadis complexée par sa taille et son physique (« J’sais pas plaire »), assume aujourd’hui pleinement son engagement féminin/féministe, en s’autorisant des textes plus personnels et introspectifs qui relatent ses déboires amoureux.
Croquant la vie à pleines dents, elle s’ouvre et (re)définit les contours de l’universalité des épreuves de l’existence, même si sa musique adopte une trame disco dansante.
Femme fragile et/ou femme forte, elle demeure, cependant, très pragmatique. Elle sait ainsi aussi bien s’amuser de la passion des premiers jours (« Tout le monde (sauf toi) »), que de s’inquiéter de la dégradation d’une relation ou encore du drame de la séparation (« Le reste »). Le tout en libérant un groove pétillant qui fait passer la pilule beaucoup moins amèrement.
Enfin, Luciani tente à nouveau un duo audacieux, puisque à l’instar de « Qu’est-ce que tu es beau » partagé en compagnie de Philippe Katerine sur l’elpee précédent, c’est Julien Doré qui s’y risque sur « Sad et Slow », une plage vintage imprimée sur un down tempo gentillet…
Bref, un disque lourd de péripéties, mais chargé d’espoir. Lumineux aussi, mais comme lors d’une nuit d’été. Celui en tout cas d’une femme plus sereine et en phase avec son temps et son époque…