Si à l’origine, la musique de The War on Drugs était souvent comparée à celle de Spacemen 3, au fil du temps elle s’est étoilée (NDR : le band est issu de Philadelphie), en épousant une forme plus américaine, mais dans l’esprit de Bruce Springsteen voire de Bob Dylan. Des références qu’on retrouve sur le dernier opus, mais en fin de parcours (« Old skin », « Rings around my father’s eyes »).
« I don’t live here anymore » constitue son cinquième elpee, un disque coproduit par Shawn Everett et Adam Granduciel, le leader et chanteur/guitariste de la formation. Et il faut reconnaître que la mise en forme est particulièrement soignée. Résultat des courses, les compos sont sculptées dans une forme de soft/classic rock qui devrait flatter l’oreille de tout mélomane lambda. Donc très susceptibles d’être diffusées sur la bande FM. Les sonorités de gratte sont cristallines ou gémissantes, vintage, les claviers fluctuent entre synthés eighties (New Musik ?) et orgue sixties bien rogné. Et puis, métronomique, le tempo est imprimé par une section rythmique basse/drums très soudée. Quant aux lyrics, ils soulèvent un questionnement sur le changement et le destin. Enfin, accrocheuses, les mélodies réverbèrent des échos empruntés à Deacon Blue, la voix de Granduciel rappelant même quelquefois celle de Ricky Ross. La formation s’autorise pourtant une plage plus électro au rythme frénétique, « Victim ». Une frénésie qui s’arrête là. Car en cherchant la perfection à tout prix, The War on Drugs a gommé toute aspérité créative. Et ce n’est pas la participation du duo indie pop Lucius au titre maître qui change quoi que ce soit au climat général de cet album. Dommage !