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Erik Vandamme

Erik Vandamme

« Amour colère » constitue le tout nouvel LP de Nicolas Michaux. Il fait suite à « A la vie à la mort », paru en 2016. Hormis les drums, l’artiste se charge de toute l’instrumentation. Il y chante tour à tour en anglais ou en français, des textes qui s’inspirent de sa vie familiale, mais surtout traduisent sa colère face au monde politique qu’il juge responsable de l’état du monde dans lequel il nous a conduit. C’est ce qui explique, bien sûr, le titre de cet elpee. C’est notre collaborateur néerlandophone, Erik Vandamme, qui s’est chargé de réaliser cet entretien par e-mail ; et pour la forme, votre rédac’ chef s’est chargé de la traduction et de l’adaptation dans la langue de Voltaire...  

Avant de te lancer en solo, tu as milité chez Eté 67. Peux-tu nous rafraîchir la mémoire ?

Tout a commencé vers 2004. J’étais encore adolescent lors du début de cette aventure. Nous étions tous liégeois et nous produisons souvent dans la région, à l'époque. Il était agréable de sillonner les routes en compagnie de mes copains et très instructif d'être confronté si jeune au business de la musique, aux studios, aux tournées etc. Cette période m'a vraiment permis d'apprendre mon métier. Puis le groupe s'est séparé ; et après une petite pause, j'ai entamé une carrière solo. En 2014, j’ai alors sorti mes deux premiers singles : « Nouveau Départ » et « A la vie à la mort ».

Quelle est ton ambition, aujourd’hui, dans l’univers de la musique ?

Je ne me projette pas exactement sous cet angle. J'essaie de me concentrer sur mon travail, de l’accomplir honnêtement en y apportant tout mon engagement et ma concentration. Mais vous ne pouvez qu’y focaliser tous vos efforts. Vous ne pouvez pas anticiper le résultat et vous devez prendre du recul. Vous ne savez jamais si un projet va réussir ou pas. Il y a tellement de paramètres. J’ai passé de bons moments dans ma carrière, mais paradoxalement, ils n’étaient pas liés au succès commercial, etc. Pour ma part, la découverte constitue ce qui est le plus passionnant. Dévoiler une chanson ou même juste une belle partie musicale est toujours une source de grande joie.

Tu partages, d'après ce que j’ai lu, ton temps entre le Danemark et Bruxelles. Tes chansons sont interprétées tour à tour en anglais ou en français. Tu empruntes ainsi une trajectoire internationale. As-tu délibérément choisi cette approche ? Et pourquoi ?

C'est exact ! Je vis en partie à Bruxelles, car je suis impliqué chez Capitane Records, et en partie sur l’île de Samsø où résident ma petite amie et notre fille. J’ignore si j’ai opéré ce choix consciemment. Je ne crois pas que nous décidions de notre destin. Et certainement pas de qui nous tombons amoureux. Mais il est vrai qu’en quelque sorte j’ai adapté mon mode d’existence sans trop prêter attention aux frontières. J'ai toujours rêvé de cette sorte de liberté des déterminismes hérités. Je veux dire vivre à l'étranger une grande partie de l'année et être en relation avec quelqu'un d'une autre culture ; ce qui m'a sûrement éloigné quelque peu de mon environnement naturel et de ma zone de confort. De quoi vous inciter à réfléchir et à relativiser les événements. Et vous rappeler qu’ils peuvent être différents de ce à quoi vous êtes habitués et que très peu de choses sont vraiment naturelles ; la plupart d'entre eux étant socialement et culturellement construits.

Dans le communiqué de presse, on peut lire à ton sujet : ‘sa musique navigue au carrefour de différentes traditions : la grande époque de la chanson française, les auteurs-compositeurs américains, le rock britannique des années 60 et les débuts de la nouvelle vague’. Cette description est-t-elle fidèle à la réalité ?

C’est toujours difficile de répondre à une telle question. Je ne suis pas à l’aise quand il faut catégoriser, et tout particulièrement les genres musicaux. Alors, tu penses, ma propre musique… Elle réunit des éléments que je ne peux pas décrire dans la vraie vie. Mes paroles aussi. Cependant, il est sans doute exact qu’elle évolue quelque part entre l'indie rock et l'indie pop et qu'elle est influencée par le son des années 60 et 70.

Quels artistes constituent ta plus grande source d'inspiration ? Et pourquoi ?

D’abord, les grands auteurs-compositeurs américains comme Bob Dylan, Leonard Cohen, Hank Williams, Lou Reed et Townes Van Zandt… parce qu’ils sont tous très cool et qu’ils ont juste écrit toutes ces chansons incroyables. Puis ceux issus des 50’s et 60’s. Notamment les Beatles, les Rolling Stones, les Kinks, le Who, Pink Floyd, … le rock, c’est ce qui m’a incité à jouer quand j'étais adolescent et instinctivement, j’ai conservé une grande passion pour ces artistes-là. Et puis la chanson française traditionnelle, dont Léo Ferré, Barbara, Charles Trenet, Serge Gainsbourg, Georges Brassens, Jacques Brel, Jeanne Moreau… Pour moi, ces artistes sont immortels. C’est la musique que mes parents écoutaient à la maison. Mais j'aime aussi Moondog, le Clash ou encore les Beach Boys, entre autres... Et puis des mouvements tels que la scène CBGB, le highlife ghanéen et ses dérivés, la rumba congolaise, le jazz éthiopien, le country-blues… Mes goûts sont très éclectiques. En fait, j’apprécie les artistes, tant qu’ils ont quelque chose à dire et appartiennent à ce que Greil Marcus appelait autrefois la ‘république invisible’.

Tu as publié ton premier elpee solo, « A la vie à la mort », en 2016. Quelles ont été les réactions du public et des médias, à cette époque. Et ce disque t’a-t-il ouvert certaines portes ?

L'album était principalement interprété en français et il est paru sur un label parisien, Tôt ou tard. Il a récolté de très bonnes critiques dans de nombreux journaux et magazines. Nous avons effectué de nombreuses tournées après sa sortie, accordant plus d'une centaine de spectacles en Belgique, France, Italie, Suisse, Allemagne, au Canada et même quelques-uns en Chine.

Mea culpa, mais je n'ai pas encore écouté ton dernier album « Amour Colère ». A quoi faut-il s'attendre ? Peux-tu avancer une bonne raison de l’acheter ?

Ecoute-le alors, et tu me diras ton avis ! Je ne suis pas un bon agent de marketing….

Le titre de cet LP a-t-il une signification particulière ? Tu y parles d’amour et de colère, mais encore…

Ouais. Le titre se traduit en anglais par « Love Anger ». Mais un de mes amis utilise l'expression en français comme équivalent à ‘make-up sex’. C’est ainsi que j’ai déniché le titre. Plus sérieusement, au cours de ces dernières années, j’ai été déchiré entre des sentiments d’amour et de colère. Et puis j'ai pensé que ce qui était vrai pour moi était peut-être vrai pour beaucoup d’autres. Quand je débarque dans une ville, je me promène dans les rues autant que je peux et j’y constate qu’elles sont remplies d’amour et de colère, exactement comme dans mon cœur…

Qu’attends-tu personnellement de la sortie de cet opus ?

Ce n’est pas ce qui me tracasse. Je pense déjà au prochain album et aux autres projets du label. J'ai appris à ne pas trop attendre d’événements que je ne contrôle pas. Cependant, je serais très heureux si les gens l'écoutaient pour ce que c'est. Je suis conscient qu’il est ‘difficile’ et assez ‘sombre’. Je sais que ma musique est parfois malaisée à cataloguer et à synthétiser à cause de mes origines et influences multiples et du bilinguisme de mes œuvres. Je voulais donner aux gens une vue d'ensemble et ne pas me limiter pour quelque raison que ce soit. Je voulais que le disque parle pour moi et c'est le cas. J'en suis fier, sans aucun doute…

Nous vivons toujours une crise corona, qui ne disparaîtra pas encore cette année. Comment gères-tu cette pandémie comme être humain, musicien et compositeur ?

De toute évidence, le coronavirus est fâcheux pour de nombreuses raisons. Mais j’essaie de voir dans cette situation préoccupante une alarme et un encouragement à vraiment changer les choses. Nous courons vers de grandes catastrophes, si nous continuons à agir comme des bâtards qui ne respectent pas la nature et les autres espèces. Le coronavirus est un problème écologique, comme les incendies de forêt autour des globes, la perte de biodiversité, la pollution de la mer, etc. Le monde est sur le point de s'enflammer et avant la Corona, j'avais l'impression que la plupart des gens s’enfonçaient la tête dans le bac à sable, plutôt que de s’impliquer dans le processus politique. Mais maintenant, les choses évoluent et j'ai le sentiment que les êtres humains veulent récupérer le pouvoir. Je pense que c’est une bonne réaction, car c’est cela aussi la démocratie. Il ne s’agit pas simplement de se rendre au bureau de vote. La démocratie ne peut fonctionner que si le peuple est conscient de ce qui se passe et est prêt à participer au processus politique.

Cette pandémie a entravé tous tes plans ?

Ouais, certains concerts ont été reportés, d'autres ont été annulés. Mais nous avons décidé de nous concentrer sur la production et l'écriture. En tant que label et collectif de travail, Capitane Records dispose désormais de son propre studio et d'un bureau dans une vieille maison au milieu d'un parc au sud-est de Bruxelles. Et c’est formidable de savoir que nous disposons d’un tel endroit pour se concentrer sur notre travail. Si des spectacles peuvent être organisés, nous serons ravis de jouer les concerts. Sinon, nous produirons et enregistrerons de la musique pour les prochains mois. Under The reefs Orchestra et Turner Cody qui figurent tous les deux sur notre label bossent sur de nouveaux morceaux. Comme producteur musical, je suis également impliqué dans ces projets.

Penses-tu que la culture, qui a été particulièrement touchée au cours de derniers mois, pourra survivre à cette crise ?

Ouais, la culture est durement frappée, c’est vrai. Mais de nombreux autres secteurs également. De manière générale, le monde devient de plus en plus inégalitaire et irrespectueux envers les besoins de la Terre-Mère. Je pense personnellement que le capitalisme, tel qu'il s'est déroulé au cours des dernières décennies, est une menace dangereuse pour l'humanité et la terre. Mais comme je l'ai dit, au moins maintenant, il est assez évident que la classe dirigeante nous a conduit à la catastrophe. Donc, la situation pourrait enfin changer pour un mieux ; mais si seulement nous empruntons une autre direction, quand on reprendra le volant… Le 7 octobre, Capitane Records et le FACIR organisent une conférence du sociologue français Bernard Friot. Cet historien de la sécurité sociale viendra plaider pour un monde qui tourne progressivement le dos au capitalisme en étendant la sécurité sociale à de nouveaux secteurs d'activité parmi lesquels figurent le logement, l’alimentation, la presse, la culture etc. Il prône également l’instauration d’un ‘salaire à vie’ qui serait considéré comme un droit inconditionnel de l'homme…

Quand comptes-tu te produire en ‘live’ ?

Malgré la crise du Corona, quelques dates ont été fixées. Tout d’abord dans le cadre des Nuits Botanique. Ce sera le 1er octobre, lors de la soirée spéciale label Capitane Records, au cours de laquelle l’affiche impliquera également Under The Reefs Orchestra et Great Mountain Fire. Mais c’est sold out. Et puis, le même projet est programmé au Trefpunt à Gand, le 13 novembre. Ce n’est pas encore complet.

Quel est ton objectif ultime ?

Je ne suis pas sûr de bien comprendre ta question. Un objectif final pour quoi faire ? Changer le monde pour qu’il soit meilleur ? Vivre d’amour, de colère légitime et de musique, peut-être…

Groupe de métal symphonique franco-belge, Elfika est basé en région Ile-de-France. Fondé par Manu (bassiste, auteur et compositeur), il produit une musique puissante et mélodique, fruit d’un cocktail entre heavy métal, hard rock, musique électronique et symphonique. Soutenue par une section rythmique très inspirée par les pontes du heavy métal, elle est emmenée par la magnifique voix lyrique de sa chanteuse et frontwoman, Laure Ali-Khodja. Fondée en 2014, la formation a publié son premier elpee, « Secretum Secretorum », en janvier dernier. De quoi alimenter une interview à laquelle s’est plié de bonne grâce, Manu BasseKiller…

Plusieurs étapes entre l’idée originelle d’Elfika et le groupe tel qu’il existe actuellement ont été nécessaires. J’ai eu cette idée, conceptuelle à l’époque, en découvrant l’album de Nightwish, « Wishmaters », lors de sa sortie. Pour le fan de métal et passionné de musique classique que j’étais, et suis toujours, il était évident, qu’un jour, je pratiquerai ce genre de musique. C’est à cette époque que j’ai trouvé le nom de ce projet. Outre la musique, je suis également passionné par la littérature au travers de très nombreux genres et courants ; et notamment l’héroic fantasy. En référence directe à l’univers de JRR TOLKIEN, en perticulier des elfes, je suis parti de la langue crée par TOLKIEN, l’elfique, pour imaginer Elfika. Le groupe a pris forme pour la toute première fois en 2009 à l’occasion d’un spectacle accordé en soutien à un enfant atteint de la maladie des enfants de la lune. Ce soir-là, nous avons interprété un unique titre entièrement composé pour l’occasion et qui revient sous une toute autre forme sur notre dernier album, « Enfant de la lune ». Il a fallu encore plusieurs années de travail pour asseoir un line-up et surtout, dénicher une chanteuse capable de porter nos projets. Et c’est en 2013, après l’arrivée de Laure, que tout a pu vraiment démarrer.

Les médias vous collent une étiquette de death metal symphonique. Mais, il me semble que l’étiquette est réductrice. J’y décèle du power metal, par exemple, des sonorités folkloriques, et même parfois des références occultes. Qu’en penses-tu ?

Si parfois il n’existe aucune ambiguïté, dans notre cas, effectivement, le seul terme ‘métal symphonique’ ne suffit pas à couvrir l’ensemble des influences que nous explorons dans notre musique. Mais en partant du principe que nous évoluons sur des mélodies que nous souhaitons les plus accessibles possible, un chant exclusivement féminin, des orchestrations très présentes, alors le terme ‘métal symphonique’ reste le plus simple à comprendre pour tout le monde. Mais lorsque nous composons, c’est une notion que nous n’avons pas en tête. Si nous traçons une ligne directrice pour nos morceaux et plus globalement les albums, nous aimons explorer d’autres courants musicaux et couleurs artistiques qui ne sont pas issues stricto sensu du métal symphonique. Comme tu l’as précisé, on peut y rencontrer du power métal, heavy métal, hard rock ou métal progressif, mais aussi des musiques de films, symphoniques ou sacrées… Il existe des profils musicaux et artistiques très différents au sein d’Elfika. Et nous tenons à tirer parti du talent de chaque musicien pour enrichir notre musique. La terminologie ‘métal symphonique’ a au moins l’avantage de couvrir un univers tellement vaste que nous pouvons nous y promener sans trop se soucier du tiroir dans lequel nous allons être rangés. Mais il y a fort à parier que le prochain album sur lequel nous travaillons actuellement soulèvera à nouveau cette question (mini spoil…)

Manifestement, votre panel d’influences est particulièrement ample, mais quelles en sont les principales, et puis quels sont les artiste ou groupes qui vous ont le plus marqués ?  

A l’origine, les principaux groupes qui nous ont inspirés sont Nightwish, Epica, Delain, Amaranthe, Therion, Kamelot… mais également d’autres qui ne sont pas issus de l’univers du métal symphonique, car ils appartiennent à celui des membres d’Elfika. Pour ma part, je citerai Iron Maiden, Helloween, Metallica, Judas Priest, Stratovarius, Sonata Arctica, Pretty Maids, mais également quelques autres… Sur « Secretum Secretorum », les références d’Anthony Parker, qui a réalisé toutes les parties de guitares, sont aussi très claires, puisqu’elles sont puisées chez Symphony-X ou un guitariste comme Yngwie Malmsteen… La première démo est parue en 2015, sous forme numérique. À la demande générale, une version est sortie en 2016, sous la forme d’un cd. Et puis l’année suivante, on est parti en tournée…

Cette démo avait reçu des éloges de la part de la critique. Vous a-t-elle ouvert certaines portes ?

Oui, bien sûr ! Cette démo a été pour nous un test à bien des égards. Elle nous a permis d’évaluer notre capacité à travailler nos titres en studio, les enregistrer et les produire, afin d’en obtenir un produit fini. Elle nous a aussi permis de connaître l’avis du public et des chroniqueurs. Et, fait important, c’est cette démo qui a suscité l’attention de notre label actuel Valkyrie Rising. C’était une première étape très importante. Elle peut paraître insignifiante aujourd’hui vu la production maison des 5 titres ; mais elle a en fait a vraiment joué un rôle clé dans notre progression et notre construction en tant que groupe.

Vous avez gravé votre premier elpee, « Secretum Secretorum », début de cette année. En général, quels retours en avez-vous récoltés ?

Nous avons la chance d’avoir de bons, voire même de très bons retours sur cet album. A ce jour, même les chroniqueurs les plus ‘durs’ avec ce style, assez ‘stéréotypé’ pour reprendre le terme de certains, nous ont accordé des avis très positifs et les médias nous ont réservé d’excellentes analyses que nous avons toujours autant de plaisir à lire. Mais au-delà du monde des chroniqueurs de magazines ou webzines, l’accueil du public a été, et reste très bon lui aussi. Nous enregistrons des performances excellentes en streaming sur des plateformes comme Spotify. Nous recevons très régulièrement des messages d’encouragement mais aussi des demandes pour acheter notre CD à travers le monde. Lors de la ‘release party’ française, opérée au Petit Bain à Paris, le 10 janvier, de très nombreuses personnes ont bravé les difficultés liées aux grèves des transports, qui étaient toujours en cours à cette époque, pour venir découvrir « Secretum Secretorum » et nous soutenir. Nous sommes très attentifs à toutes les réactions, commentaires, chroniques ou avis nous concernant car tout ceci constitue une source presqu’inépuisable d’informations, si on veut s’améliorer et se projeter dans le futur…

Vos balbutiements ont été longs. Ils ont duré plusieurs années. Pourquoi ?

Comme je l’ai un peu évoqué précédemment, le plus difficile a été de stabiliser le line-up du groupe. Nous avions une idée bien précise de ce que nous voulions obtenir, mais repérer les musiciens qui avaient à la fois la passion et la technique pour travailler dans ce style, et la motivation pour intégrer un groupe en développement, n’est pas une tâche facile. Il y a beaucoup de candidats, mais à l’arrivée, bien peu réunissent toutes les conditions. Le plus dur a été de dénicher une voix. Le processus de recrutement de notre chanteuse a duré très longtemps. Et puis un jour, Laure Ali-Khodja s’est présentée à une audition… Nous aurions pu malgré tout tenter de griller certaines étapes en proposant nos premiers titres sans line-up complet. Mais à l’époque il nous a paru plus logique et plus sain de prendre le temps de monter un line-up solide pour nous lancer dans l’aventure. Dès que Laure a intégré le groupe, la situation s’est éclaircie ; mais là aussi, il était hors de question de bâcler le travail à réaliser pour rattraper le temps perdu. Nous avons donc pris le temps nécessaire pour travailler sur la qualité de nos morceaux en priorité. En mettant tous ces événements bout à bout, on comprend mieux pourquoi les débuts ont traîné en longueur.

« Enfant De La Lune » constitue certainement un des morceaux-phares de l’opus ? Ali-Khodja la chante sobrement en français, en s’accompagnant uniquement au piano. Et le résultat est très réussi. Comment cette idée vous est-elle venue ?

Merci pour le ‘très réussi’… « Enfant de la lune », c’est le tout premier titre écrit pour Elfika. Son texte se réfère aux enfants atteints de la maladie des enfants de la lune, une maladie génétique rare qui les empêche de s’exposer au soleil. La chanson a beaucoup évolué depuis sa création initiale en 2009. Nous avions réécrit une version plus moderne en 2015 pour l’intégrer sur la démo, mais nous avons manqué de temps et surtout de moyens pour l’enregistrer. Avec Laure, lorsque nous avons cherché des morceaux à placer en titre bonus sur la version limitée de « Secretum Secretorum », nous avons cherché à communiquer un caractère vraiment particulier à ces compos. Surtout, nous voulions éviter d’ajouter des plages pour faire du remplissage. Si « Enfant de la lune » n’a pu figurer sur la démo, il a en revanche été joué à plusieurs reprises en live lors de la tournée qui a suivi. Laure maitrisait donc parfaitement ce titre, et nous avons pensé que c’était l’occasion de l’enregistrer. Le choix d’en réaliser une version piano a été opéré afin de sublimer le côté particulier de ce morceau, de son texte, et de le plonger au sein d’une ambiance plus intimiste, plus chaleureuse afin d’en réaliser un vrai bonus track. Différent, mais qui préserve toujours l’empreinte d’Elfika. Nous avons bien évidemment voulu conserver les paroles en français pour ne rien ôter de l’essence même du morceau et permettre la pleine expression du titre. Une autre facette de notre univers musical que nous avons souhaité offrir à notre public.

Parfois on a l’impression que les morceaux s’assemblent comme un puzzle, dont les pièces s’emboîtent parfaitement, mais de manière surprenante ; un peu comme si vous aviez imaginé un scénario. Cette perception de l’album tient-elle la route ?

Effectivement, s’il ne s’agit pas d’un concept album à proprement parler, mais il y a bien une trame sous-jacente qui lui donne une certaine cohésion. Cette cohésion a été recherchée entre le titre de l’album, son univers visuel et l’ensemble des morceaux. Chaque compo peut être interprété de différentes manières. Si à premier abord il ne semble pas y avoir de lien entre « So human », qui parle essentiellement du rapport entre l’homme et sa planète, et « Dark virgin », qui aborde le thème de la femme et des violences conjugales au travers de plusieurs tableaux et d’une approche mystique et ésotérique, le lien est pourtant bien présent. « So human » dénonce cette incohérence inhérente à l’espèce humaine, capable du meilleur comme du pire, de détruire sa propre planète et de s’auto-détruire dans des guerres toutes pires les unes que les autres. « Dark virgin » fait écho à cette thématique au travers des violences conjugales, phénomènes tout aussi incompréhensibles que représentatifs de cette folie des hommes. Les plages peuvent ainsi se relier les uns aux autres, mais aussi se répondre. Ainsi « Dark Virgin » constitue une suite à « Inferno » qui s’inspire du texte de l’enfer de Dante. Mais là aussi, plusieurs lectures sont possibles, et lors de la mise en image du titre via un clip vidéo réalisé en 2016 par Vincent Zafra (Illusion Story), la thématique « Inferno » a été scénarisée par l’écrivaine Olivia Sunway qui a transposé cette vision de l’enfer dans celui des violences conjugales. La mise en scène et la gestion des décors (réalisés par Stéfanie Tambone – Atelier Tambone), ont permis de donner une dimension très réaliste à ce clip mais aussi d’y réinjecter la thématique de l’enfer d’une manière plus concrète. « Dark Virgin » reprend cette histoire, là où elle s’arrête à la fin du clip. Comme « Inferno » a été intégré à l’album, les deux morceaux se complètent malgré des approches artistiques et musicales très différentes. En résumé, je ne me suis pas basé sur un scénario préétabli pour écrire « Secretum Secretorum », mais à l’instar du traité éponyme d’Aristote, j’ai abordé de nombreux sujets susceptibles de conduire à de nombreuses interprétations qui relient les morceaux entre eux. Un petit jeu de piste qui se prolonge aussi à travers la pochette de l’album.

Vu la crise du corona, vous avez certainement dû abandonner pas mal de vos projets. Comment gérez-vous cette situation ? 

Comme tous les artistes, nous avons dû abandonner les premières dates de la tournée qui devait débuter en Belgique au mois d’avril. Nous savons désormais qu’il nous sera très difficile, voire impossible de reprendre la route avant 2021 tant la crise a ébranlé le monde de l’événementiel et du spectacle. Nous avions aussi l’intention de tourner un clip. Le projet a été ajourné et sera relancé lorsque les conditions seront vraiment redevenues propices pour le concrétiser Et enfin, la sortie physique en France de notre cd prévue fin février a été entravée par les événements qui se sont précipités et nous allons devoir la reprogrammer quand la situation se normalisera…

Comment gérez-vous cette crise, comme groupe et puis, individuellement ?

La crise n’a pas vraiment laissé le choix à qui que ce soit. En tant que groupe il était bien évidemment hors de question que nous fassions courir le moindre risque à nos familles et à notre public. Les décisions prises par les organisateurs des concerts et festivals pour lesquels nous étions programmés ont été courageuses et raisonnées. Mais je me dis qu’à notre niveau, les conséquences ne sont pas catastrophiques au regard de la situation dans laquelle de très nombreux groupes, artistes, professionnels de l’événementiel, du spectacle, intermittents se retrouvent actuellement. Nous avons appris à relativiser et surtout, nous nous sommes projetés vers l’avenir. Dans un premier temps, chacun a pris le temps nécessaire pour faire face à cette crise au sein de sa famille. Puis nous avons recommencé à discuter, prendre des nouvelles les uns des autres, échanger sur ce qui se passait et comment nous allions gérer les événements. Dans de telles circonstances, on a tous besoin d’un espoir, d’une route à suivre, d’une lumière au bout du tunnel… Nous avons alors décidé de reprendre la composition et de commencer à travailler sur notre prochain album. Cet objectif commun nous a permis de nous projeter bien au-delà de cette crise et de renouer concrètement avec notre passion pour la musique. Nous avons aussi développé des méthodes de travail différentes imposées par le confinement. Nous sommes conscients que cette pandémie laissera des traces concrètes pour notre groupe aussi, mais nous voulons vraiment surmonter cette épreuve et construire le jour d’après. A titre personnel j’essaie d’adopter une attitude pragmatique et surtout de prendre beaucoup de recul. Comme je le disais, nous sommes impactés, comme tous les groupes, tous les artistes, mais pas le plus durement et surtout, nous avons encore la possibilité d’élaborer des projets d’avenir, même si nous ne savons pas quand cet avenir deviendra réalisable.

Vous n’envisagez pas de diffuser des performances ‘live’ en direct via les réseaux sociaux ? De nombreux groupes ou artistes les proposent aujourd’hui…  

A ce jour, franchement, non. Il faut remettre les choses dans leur contexte. A notre niveau, je ne vois pas de réelle plus-value à réaliser des sessions en direct, d’autant plus que pour parvenir à monter ce type de projet, tout en conservant un niveau de qualité correct, une grosse organisation technique est nécessaire. Ce qui ne veut pas dire que nous nous sommes déconnectés de notre public, bien au contraire. Nous sommes restés présents sur les réseaux sociaux au travers de nombreuses communications, nous avons eu de nombreux échanges avec des fans du monde entier par mail et même continué à vendre des cds… Nous avons bien publié une petite vidéo très amusante réalisée par Laure et Vincent Zafra pour accompagner une communication relative au tremplin Metal Head Convention. Et elle a été bien accueillie. Mais il y avait un but très précis à cette publication. En outre, je pense que nous n’avons pas suffisamment de notoriété pour se permettre de lancer une vidéo en live session qui aurait un réel intérêt pour le public. L’idée n’est pas de faire les choses pour faire comme tout le monde, mais de les réaliser pour répondre à une demande du public et de les accomplir dans les meilleures conditions possibles pour que les gens soient vraiment satisfaits. C’est pourquoi nous avons décidé, comme je l’ai expliqué dans la question précédente, de préparer l’avenir à moyen et long terme, afin d’offrir des choses encore plus belles à notre public dès que nous aurons la possibilité de le retrouver.

Quels seront vos projets, lorsque la crise sera terminée ?

Le problème sera de définir quand cette crise prendra fin. Nous savons qu’elle sera longue avant que la situation ne redevienne normale. Notre premier objectif sera de remonter la tournée ‘Secretum Secretorum’. Nous travaillons actuellement sur ce projet. Nous envisageons de monter un show de grande qualité et de parcourir le plus de régions et pays possibles. Mais il reste encore de très nombreuses zones d’incertitudes à éclaircir avant de pouvoir communiquer concrètement à ce sujet. Nous étudions aussi avec notre label Valkyrie Rising les conditions d’une remise en rayon en France du cd « Secretum Secretorum » dont la sortie physique initiale a souffert de cette période de crise. Mais là aussi, la situation est délicate et pleine d’incertitudes.

Quel est l’objectif ultime d’Elfika ? Que voulez-vous absolument réaliser en tant que groupe, artiste ou personne ?

Difficile de répondre pour toute la formation ; mais il y a bien un projet qui me tient vraiment à cœur, et je ne pense pas trop m’avancer en affirmant que les autres membres d’Elfika seront de cet avis. J’aimerais avoir l’occasion, un jour, de pouvoir rejouer les titres d’Elfika en compagnie d’un orchestre symphonique. C’est particulièrement ambitieux et complexe, mais je pense que pour un groupe de ‘métal symphonique’, concrétiser ce dessein constitue un aboutissement presqu’ultime.  En tout cas, après une telle expérience, hormis partir en tournée avec Nigthwish, je ne vois pas ce que je pourrais imaginer de plus beau… (rires)

Vu l’absence de concerts, comment le public peut-il faire pour acheter des produits dérivés et autres ?

Pour nos amis et fans français, ils peuvent acquérir l’ensemble de nos produits (téléchargement, CD, Merchandising…), via notre Bandcamp ici. Tous les produits disponibles y sont en vente et les transactions sont parfaitement sécurisées. Seuls les délais de livraison sont plus longs vu les difficultés de fonctionnement des services postaux. Nos amis du Benelux peuvent se procurer l’album via leurs distributeurs habituels (ici ou )

Merci pour cet entretien, j’espère pouvoir renouveler l’expérience, en tête à tête. Avez-vous quelques commentaires à ajouter, et tout particulièrement à l’intention de nos lecteurs ?

Merci à vous de nous avoir donné l’occasion de nous exprimer sur tant de sujets. Un petit mot pour vos lecteurs, si vous ne nous connaissez pas, n’hésitez pas à venir jeter un œil pour nous découvrir, nous sommes présents sur Facebook, Instagram, BandCamp et de très nombreux autres sites, dont Youtube. Plus que jamais votre soutien nous est précieux et nous permet d’avancer. Nous avons pour habitude de dire au sein d’Elfika ‘seuls nous sommes inaudibles, avec vous nous sommes tout’. Une petite maxime qui a toujours eu beaucoup de sens pour nous et qui en a encore plus en ce moment. Nous faisons tout notre possible pour pouvoir revenir à votre rencontre dès que les circonstances le permettront, en attendant, prenez bien soin de vous et de vos proches, et continuez à écouter du métal symphonique (et pourquoi pas Elfika ? Hein ? Elle n’est pas mauvaise cette idée…).

(Adaptation BD)

Fondé en septembre 2016, BleedSkin pratique du death metal. Ses sources d’inspiration majeures ? Slayer, Cannibal Corpse, Abnormality, Behemoth, Dying Fetus, Deceide ou encore Aborted. En bref, les formations du style qui ont sévi au cours des 80’s et des 90’s. Son prochain elpee devait sortir en juin 2020. Malheureusement, à l’instar de nombreux bands ou artistes, la crise du corona est passée par là. Figures de proue du combo, Céline et Rémy ont accepté de nous parler de leurs projets, dont une future participation au Metalworks.

Les médias vous collent une étiquette death metal. En général, les artistes n’aiment pas trop ces classifications ; mais les mélomanes, bien. Pourriez-vous, quand même, attribuer une définition à votre style musical ?

Rémy : Bleedskin est un groupe de death metal typé old-school. Tous les musiciens du groupe ont des goûts divers et variés. Que ce soit pour du metal ‘modern’ ou ‘old-school’. Mais aussi de la pop, du jazz, du funk et du classique…

Céline : Les riffs que nous jouons sont contemporains, mais le son que nous essayons de capter aussi bien en live qu’en studio tirent vers l’old-school.

De quand date les prémices du groupe ? Le line up est-il toujours le même depuis ses débuts ?

R : Nous sommes les membre fondateurs (Céline Mazay, guitare rythmique) et Rémy Asma, chant, guitare). Fin 2016, Tom (Massart, batterie) et Logan (Dykens, chant/guitare) nous ont rejoints. Sous ce line up on a enregistré un premier Ep, en 2018.  Mais en 2019, ces deux derniers nous ont quittés. Ils ont été remplacés par Benjamin (Lefèvre, guitare) et Anouk (Debecq, chant).

La sortie de cet Ep, « The Rotten One », en 2018 vous a-t-elle permis d’ouvrir les portes des organisations de concerts et des promoteurs ? Et quel accueil a-t-il eu auprès du public et des médias ?

C : Je ne m’attendais pas à ce que l’Ep nous ouvre autant de portes et que le public soit aussi réceptif ! C’est d’ailleurs grâce à cette sortie que nous avons connu Renald (NDR : le booker) …
R : Il faut reconnaitre que la qualité de cet Ep est loin d’être exceptionnelle.   Par contre j’ai été surpris du nombre de réactions positives. Ce qui a sans doute incité les organisateurs/promoteurs à nous programmer…

Il est étrange que dans un petit pays comme la Belgique les groupes wallons éprouvent énormément de difficultés à percer en Flandre, mais également l’inverse. Enfin, c’est une impression. Est-ce dû à une sensibilité différente entre les publics de ces deux régions linguistiques ?

C : C’est exact ! Peu d’artistes wallons se produisent en Flandre, et flamands, en Wallonie. Les accès semblent bouchés, d’un côté comme de l’autre. Serait-ce dû à la barrière de la langue ? C’est à méditer. Enfin, on a la chance de pouvoir compter sur Renald pour booker toutes nos dates en Flandre…
R : En Flandre, le public remue beaucoup plus qu’en Wallonie. Il est ainsi très agréable de jouer chez eux…

Récemment, vous avez publié des titres issus du ‘Live at Heretic Metal Fest 2020’, sur votre Bandcamp (en écoute ici). Une raison ?

R : On a sorti ce live 3 titres en réponse au confinement (coronavirus). A défaut de concerts, nous voulions quand même proposer des chansons à nos fans. C’était également l’occasion de proposer du contenu enregistré en compagnie du nouveau line up.

Vu la pandémie, votre tournée a été fortement réduite. Comment gérez-vous cette situation ? 

C : Tous nos concerts jusque septembre sont tombés à l’eau. Et malheureusement il y en avait quelques-uns… Certains ont été reportés plus tard dans l’année, mais d’autres ont tout simplement été annulés…

R : Nous venions de terminer l’enregistrement de notre nouvel album lorsque le confinement a été décrété. La parution du CD était prévue pour le mois de juin. Tout est malheureusement postposé… Mixage, pressage du digipack, tournage du clip, etc. Nous devrons patienter jusqu’au retour à la normale des activités économiques en Europe. Nous espérons le sortir en septembre ou octobre.

Comment gérez-vous cette crise, comme groupe et puis, individuellement ?

C : Humainement, l’épreuve est assez difficile. Nous nous réunissions plusieurs fois par semaine. Outre le groupe, nous sommes tous des amis…

Vous n’envisagez pas de diffuser des performances ‘live’ en direct via les réseaux sociaux ? De nombreux groupes ou artistes les proposent aujourd’hui… 

C : Non. C’est très compliqué. Même sur Facebook. Parce que nous n’avons pas accès à l’ensemble de nos instruments. Et tout particulièrement la batterie…

Quels seront vos projets, lorsque la crise sera terminée ?

R : Sortir l’album, tourner un clip, reprendre les répétitions et se produire en concert…

Le métal véhicule pas mal de clichés, comme celui d’un univers où on picole pas mal. Dans une de vos interviews, vous avez déclaré que votre environnement familial était compréhensif à votre égard. Quelles sont les réactions de vos proches, aujourd’hui, après plusieurs années de parcours ?

C : Dans ma famille tout se passe très bien. Le monde du métal ne leur est pas inconnu. D’ailleurs mon père est un grand fan d’Iron Maiden…
R : D’un point de vue professionnel, j’évite d’en parler. Le cliché est toujours d’actualité. C’est un débat qu’on pourrait porter dans les réseaux sociaux… 

Vous avez également été invité à participer au Metalworks, suite à un concours auquel vous avez participé ? Qu’attendez-vous de ce festival, quand on sait que l’affiche est quand même impressionnante ?

C : Se produire devant du public et, si possible, présenter des titres du futur album…
R : On ne vient pas jouer pour gagner, mais pour prendre du plaisir. Ce sera notre premier concert post-confinement…

Quel est l’objectif ultime de Bleedskin ? Que voulez-vous absolument réaliser en tant que groupe, artiste ou personne ?

C : Je n’ai pas spécialement d’objectifs finaux au sein du groupe. On verra bien où l’aventure nous mène. Si notre musique plait au public, tant mieux : alors nous continuerons à composer et sortir des albums…
R : Jouer dans un festival majeur d’Europe serait un rêve…

Vu l’absence de concerts, comment le public peut-il faire pour acheter des produits dérivés et autres ?

R : Via notre page Bandcamp ! (voir ici) Ou alors en suivant notre actualité sur Facebook (voir ), mais encore notre Instagram (voir encore ici)

Que préférez-vous ? Spotify ou Bandcamp, et pourquoi ?

C : Spotify. Il draine le plus d’internautes. Mais Bandcamp permet de vendre un peu de merchandising.

Merci pour cet entretien, en espérant pouvoir renouveler l’expérience, en tête à tête. Mais en anglais, alors.

Céline et Rémy :  Merci beaucoup pour l’interview ! Au plaisir de se parler de vive voix…

(Adaptation B.D.)

Photo : Djinn Photography

Antoine Flipo (synthés) et Martin Grégoire (batterie) ont fondé Glass Museum en 2016, un duo qui a, quelque part, osé bousculer les codes du jazz. Depuis, le tandem a décroché plusieurs prix, s’est produit à Dour, à l’Ancienne Belgique et même dans le cadre de festivals renommés à l'étranger. En 2018, il a gravé “Deux”, un tout bon premier elpee. Et le second, “Reykjavik” paraîtra ce 24 avril 2020. Un disque dont la musique mêle jazz et musique électronique. Mais pas seulement. L’occasion était donc belle de poser quelques questions à la paire. Un questionnaire soumis par e-mail.

Quelle est l’origine du patronyme Glass Museum ? Et d’où vient le groupe ?

Notre duo batterie-synthé est établi à Bruxelles et notre style oscille entre jazz, électronique et néoclassique. Le nom est issu d’un morceau du groupe Tortoise. Il évoque la fragilité et la puissance du verre, qu’on peut ressentir dans notre musique.

De nombreux événements se sont produits pour vous, depuis 2016 : performances à Dour et à l’Ancienne Belgique outre les récompenses que vous avez remportées. Comment avez-vous vécu ces moments intenses ?

La première année nous a réservé de nombreuses surprises. On venait de lancer le projet et notre deuxième concert s’était déroulé à Dour. Nous étions en 2016. Il s’en est suivi la finale du concours circuit, et des moments mémorables comme ceux vécus l’AB, la sortie de notre premier album, “Deux”, et des concerts accordés en Suisse, en Allemagne et aux Pays-Bas….

Cette période mouvementée vous a-t-elle rendu plus fort, quand on sait que pour de nombreux artistes, elle est souvent considérée comme préjudiciable à l’équilibre d’un groupe ?

On s’est toujours bien entendu, et les rôles ont toujours été bien répartis entre nous deux, tant pour la composition que l’organisation… Nous n’avons pas vécu de tensions majeures au cours des premières années, car je pense qu’on est toujours parvenu à bien communiquer… Maintenant, il faut reconnaître qu’au cours des derniers mois, on a accumulé beaucoup de fatigue et de stress, afin de préparer l’enregistrement du deuxième album, mais c’est finalement une bonne expérience qui s’est révélée gratifiante…

Après avoir écouté votre nouvel opus, « Reykjavik », à plusieurs reprises, il semble que vous ayez réalisé un mariage parfait entre le jazz et la musique électronique, mais dans un large contexte. Qu’en pensez-vous ?

On a attaqué les compos de cet album, directement après la sortie du premier, « Deux » en mai 2018. Ce dernier constituait une synthèse de nos deux premières années de tournée. Pour « Reykjavik » on a voulu davantage se concentrer sur la recherche de sonorités, entre morceaux acoustiques et arrangements électroniques. Contrairement au premier, celui-ci a été composé pour le studio.

Au fait, quelle est la signification exacte de ce titre ?

Lorsque le disque est sorti, nous avons posé une réflexion autour de l’ambiance générale au sein de laquelle baigne la musique. L’Islande, où nous nous sommes produits, en novembre 2019, nous rappelait le climat froid de l’album, les grands espaces, les éléments, et cet univers collait assez bien aux sonorités très aériennes de nos morceaux. C’est pourquoi on l’a intitulé « Reykjavik » …

En laissant libre cours à son imagination, le décor devient rapidement cinématographique. Des images très apaisantes qui conduisent parfois au big bang. Qu’en pensez-vous ?

Notre musique est, en effet, assez cinématographique, elle dépeint également des paysages, des cadres naturels… C’est à cause de son aspect néoclassique, de la structure de base des compos très mélodiques au piano. La batterie est destinée à imprimer un rythme à ces fresques, et les ambiances électroniques/synthé apportent une texture, une couleur en plus.

Parfois on a aussi l’impression de vivre un beau duel entre percussions et piano. Et le résultat est superbe. Qu’en pensez-vous ?

Quand on a commencé le projet, nous rêvions effectivement d’un combat entre le piano et la batterie, parce que l’impro jouissait encore d’une place de choix lors des concerts, et que les compositions étaient issues de jams. Aujourd’hui, on pense davantage à une alliance, face à face, sur scène comme lors des répétitions.

Avez-vous l’impression d’être devenus plus proches, depuis ?  

Entre les concerts, le studio, les répètes, le temps nécessaire à la composition et la fête, on passe quasiment la moitié de notre temps ensemble depuis 4 ans ! Donc oui, en évoluant ensemble pour ce projet, nous nous sommes rapprochés !

Outre le jazz et la musique électronique, votre musique laisse transparaitre subtilement des traces de post rock.

Effectivement ! On apprécie des formations comme Godspeed You! Black Emperor, Slint, Mono, Mogwai, Sigur Ros, Mùm… Je le précisais en début d’interview, le nom du groupe est directement inspiré d’un titre du groupe de post rock, Tortoise ! Il existe aussi un duo de post rock piano-batterie qui s’appelle Nordic Giants.

Et justement, quelles sont vos influences majeures ?

Nos principales influences ont toujours été puisées au sein du catalogue Gondwana Records : Gogo Penguin, Portico Quartet, Mammal Hands… On aime également les artistes du label électro Erased Tapes, et tout particulièrement Nils Frahm, Ólafur Arnalds, Rival Consoles ou des projets plus classiques du label WARP tels que Battles, Boards of Canada ou encore des producteurs comme Floating Points et Four Tet. Mais il y en a aussi d’autres…  

La manière dont vous entraînez le mélomane sur un chemin de traverse à travers des mouvements ondulatoires est de nature à combler l’aventurier que je suis. Cette approche est-elle délibérée ?

On compose parfois des ballades, comme « Colophane » ou des morceaux plus progressifs tel « Abyss », mais on affectionne les structures afin qu’elles puissent surprendre le mélomane et l’emmener sur des terrains inattendus, un peu comme si l’écoute intégrale de l’album ressemblait à un voyage…

De nombreux jeunes s’intéressent aujourd’hui au jazz. A Gand la scène est florissante ; mais il me semble également que Bruxelles n’est pas en reste….

Il se passe effectivement quelque chose dans l’univers du jazz ‘hybride’, en Belgique. En Flandre, ce mouvement a été baptisé la ‘new wave of Belgian jazz’. On y retrouve des groupes qui nous ont inspirés à nos débuts, comme STUFF. ou Black Flower… En région Wallonie-Bruxelles, c’est moins perceptible, mais dernièrement, des excellents bands de jazz y sont nés ; et on pense à Commander Spoon, Echt ! ESINAM ou The Brums !

Près de l’AB, il existe un club de jazz qui est en plein boom. Pourquoi le jazz est-t-il redevenu aussi populaire auprès des jeunes ?

A mon avis, le phénomène vient des Etats-Unis. Des artistes comme Kamasi Washington, Thundercat ou BadBadNotGood sont parvenus à mêler jazz et hip hop, en collaborant avec des Kendrick Lamar, Tyler The Creator ou des producteurs électroniques comme Flying Lotus. Une situation qui a nourri le genre, apporté une influence éclectique importante en Europe sur les nouveaux projets de jazz moderne. On peut aussi citer le label Brownswood, sur lequel on retrouve Kokoroko, Nubya Garcia, Comet is Coming. Une scène londonienne en plein essor et hyper hype pour le moment !

Alors le créneau de Glass Museum, il est jazz ou va-t-il au-delà de cette définition ?

Il est difficile de catégoriser notre musique dans un style… Je crois que le terme ‘jazz’ est un mot générique assez large du terme qui inclut de nombreuses recherches sonores associées à la musique acoustique. Dans notre cas, on a plutôt tendance à dire qu’on est influencés par le jazz, mais nous ne maitrisons pas vraiment les codes du jazz classique.

Lors de certains concerts, le public est souvent beaucoup plus âgé que vous. A moins que ce ne soit une fausse idée, dans le cas de Glass Museum…

Tout dépend des contextes… Les statistiques youtube et spotify attribuent une moyenne d’âge entre 25 et 35 ans à notre public. La réalité aux concerts est un peu différente : dans des salles plus classiques ou festivals un peu spécialisés en jazz, comme c’est majoritairement le cas pour nous, il est vrai qu’on rencontre un public un peu plus âgé que lors des festivals, comme celui de Dour par exemple.

Vu les règles actuelles relatives au confinement, votre planning en matière de concerts est plutôt aléatoire. Comment gérez-vous cette situation ? Quand espérez-vous reprendre votre tournée ?  

Actuellement, nous sommes occupés de reprogrammer un maximum de dates vers septembre/octobre, dans la mesure du possible. D’autres sont malheureusement annulées… La release party au Botanique, est reportée au 7 octobre ! Ce sera un moment important pour nous.

En peu de temps, vous avez réussi à réaliser pas mal de vos projets. Mais y en a-t-il un qui vous tient encore le plus particulièrement à cœur ? En d’autres termes, quelle est votre ambition ultime ?

Notre rêve serait d’être reconnus à l’étranger, de remplir des salles de taille moyennes partout en Europe. Et aussi, pouvoir vivre de la musique car actuellement ce n’est pas le cas !

Avez-vous un message à transmettre à nos lecteurs ?  

Oui, on espère vous voir lors de notre release party qui se déroulera le 7 octobre à Bruxelles ? ! Ce sera l’occasion de fêter la sortie de l’album dans le cadre d’une des rares dates accordées en Belgique…

Photo : Barthélemy Decobecq

Adaptation : B.D.