Saviez-vous qu’Alison Goldfrapp avait vécu en Belgique ? A la sortie de son adolescence. Avant de devenir ‘backing vocalist’ chez Tricky et Orbital. Elle a même participé à l’enregistrement de quelques uns de leurs disques. Ce n’est qu’en 1999, que Will Gregory et Alison fondent le duo Goldfrapp. Responsable de 5 albums à ce jour, dont le dernier, « Head first », fait un peu pâle figure au sein de leur discographie, Goldfrapp se produisait donc à l’Aéronef de Lille, ce mardi 28 septembre. On se demandait donc si la formation était capable de donner une autre dimension à des titres pas vraiment folichons…
En arrivant dans la salle, un chansonnier interprète son répertoire dans la langue de Molière. Ce genre de spectacle serait tout à fait indiqué pour animer les fêtes de famille ou un piano bar. Anecdotique. Embraie un certain Wagner. Non, non, par Richard, il est mort en 1883. Mais Yan. Un franco-américain qui chante dans celle de Goethe en s’aidant de machines. Tout un programme ! Mais au bout du compte, pas vraiment de quoi s’enflammer.
Il est déjà 9h30 lorsque le large rideau tendu tout au long de la scène tombe. On aperçoit un énorme cylindre au fond du podium, duquel s’échappe un brouillard de fumée. Un décor qui me fait penser à la célèbre série B de science-fiction, programmée à la TV, au cours des seventies, ‘A cœur du temps’. Pour les plus jeunes, ils penseront sans doute davantage à ‘Blade Runner’, voire à ‘La guerre des étoiles’, mais les comparaisons me semblent moins judicieuses. A cause de l’esprit ‘vintage’ que semble véhiculer le groupe. Bref, on est en plein univers intergalactique. Mais d’une autre époque. « Voicething », le dernier morceau du dernier album de Goldfrapp, « Head first », est diffusé en fond sonore. Puis les musiciens entrent par ce tunnel. Outre Alison, ils sont six. Une drummeuse, qui s’installe, au fond de la scène, à droite. Un bassiste, planté du même côté, mais plus en avant. Côté gauche, une claviériste et Will Gregory, plus centré, mais en retrait, tous deux à l’AX-Synth, lorsque la première ne se réserve pas les synthés et le second le violon ou circonstanciellement la guitare. Ces deux derniers sont vêtus d’une combinaison zébrée, couleur noir et blanc, mais en oblique. Alison s’approche du bord de l’estrade. Elle a revêtu une sorte de poncho fabriqué à l’aide de bandes de cassettes. Et face au ventilateur, placé au sol, l’effet est assez saisissant. Les bandelettes s’agitent dans tous les sens et scintillent à la lumière des spots. Il souffle en même temps les boucles dorées de ses cheveux. Collants noirs, yeux hyper-maquillés, son look colle parfaitement à la mise en scène particulièrement kitsch, glamoureuse, si vous préférez. Elle possède un charisme fou. C’est une star et elle le sait. Enfin, elle jouit d’un timbre de voix assez exceptionnel. Tour à tour opératique, cristallin, éthéré, sensuel ou puissant. Le set s’ouvre par « Cristalline Green » (NDR : ben tiens !) et embraie par « Supernature », avant de concentrer l’essentiel de son répertoire sur le nouvel opus, « Head first », dont les inévitables singles « Rocket » et « Alive », en n’oubliant pas d’y inclure un de leurs plus anciens tubes, « Number 1 ». La prestation est énergique, passionnée, flamboyante, mais un peu trop linéaire à mon goût. Et puis ces références pompées chez ABBA ou dans le disco ne me bottent pas vraiment. Il faut attendre la seconde moitié de set, pour enfin vibrer. Tout d’abord lors d’un des derniers morceaux de « Head first », soit le ‘robotique’ « Shining and warm » (NDR : oui, c’est une plage du dernier opus, mais une des meilleures). Puis « Train » (NDR : il figure sur Black Cherry), dont la version proposée ici est absolument époustouflante, digne du « I feel love » de Donna Summer (NDR : oui, je sais c’est du disco, mais quand c’est bon, il faut le reconnaître). La voix d’Alison atteignant alors vraiment le sommet de son art. Et enfin, lors de la finale, l’inévitable « Ooh la la », dont le tempo imprimé sur un boogie, réminiscent du « On the road again » de Canned Heat, met littéralement le feu à la salle.
Rappel inévitable. Alison a changé de look. Elle a enfilé une parure scintillante, couleur chrome et noir. Le combo se lance dans « Little bird » (NDR : extrait de « Seventh Tree »), une compo atmosphérique, construite en crescendo, à la croisée des chemins de Spiritualized et de Cocteau Twins. Epatant ! Et de terminer par « Lovely head », morceau ‘enniomorriconesque’, sifflements samplés à l’appui. Acclamations soutenues.
Et le public en veut encore. Ce soir Goldfrapp est généreux. Alison a encore changé de look. Elle porte une autre parure en longs poils colorés d’orange, de rose et de jaune. Le show s’achève par un titre plus rock. D’ailleurs, Will a alors repris sa guitare. Chouette concert qui contraste avec leur dernier album, « Head first ». Ce sont d’ailleurs les plus anciennes compos qui ont fait la différence, même si le public lambda a sans doute aimé se trémousser, sur les titres les plus contagieux et à caractère disco. Fallait s’en douter.
(Organisation A Gauche de La Lune)