Il y a cinq ans qu'on n'avait plus eu de nouvelles de l'Orléanais, et pour cause : il s'est réfugié au Québec après avoir rencontré un des rescapés de Laanka, un îlot de glace situé près du Pôle Nord qui a depuis disparu, suite au réchauffement de notre atmosphère… C'est à Montréal, dans un couloir mystérieux d'une galerie commerciale, qu'il fit connaissance avec ce type en question, un certain Herri Kopter. Très vite, celui-ci lui refila quelques cassettes de musique de Laanka, une mixture étrange de cliquetis électroniques, de dub glaciaire et de bruits d'icebergs qui se fendent. Minière, impressionné par ces " élucubrations sonores " d'une fraîcheur étonnante, propose au Robinson d'enregistrer un album, pour qu'il reste une trace de cette île déjà rayée de la carte. Evidemment, toute cette histoire est du pipeau, mais elle confirme l'imagination débridée de Jérôme Minière, qu'on avait donc perdu de vue (ou plutôt d'écoute) depuis " La Nuit Eclaire le Jour qui Suit ", double album paru chez Lithium en 1998. Entretemps, notre bonhomme n'aura pourtant pas chômé : en plus de cet album-concept 100% électronique, Minière sort un recueil de 14 chansons pop (" Petit Cosmonaute "), et s'active aussi du côté de la vidéo et de la mise en son de spectacles (e.a. le festival MUTEK à Montréal, l'équivalent du Sonar de Barcelone). Cette BO imaginaire d'un pays de rêves, Minière l'a composée il y a trois ans, mais c'est seulement aujourd'hui qu'elle franchit l'Atlantique. Au programme, donc : de l'électronica paysagiste (tendance Boards of Canada), du dub minimaliste (tendance ~ Scape), plein de craquelures et de beats cotonneux. Montréal est la nouvelle terre d'accueil des musiciens aux idées larges : de Constellation à Intr_Version (le label de Mitchell Akiyama de Désormais), on y recense pas mal d'empêcheurs de tourner en rond. Minière, c'est sûr, en fait partie. Et son album, même s'il est un peu long, recèle de beaux trésors. Il nous faudrait davantage d'aventuriers de ce genre… De (Koh-)Laanka ?