Quelques semaines après avoir déroulé le tapis rouge pour accueillir les nouvelles aventures de Tintin (made in Spielberg), l’AB, situé à quelques mètres de la Place de Brouckère, en faisait de même pour… Milow.
Une foule nettement moins dense que lors de la visite du réalisateur américain s’était donc déplacée; mais c’est quand-même près de 2000 personnes qui avaient, ce jeudi soir, décidé de venir écouter Jonathan Vandenbroeck.
Ben oui, c’est bien de lui qu’on parle, Milow, alias Jonathan Vandenbroeck, trente ans, né un 14 juillet dans la banlieue anversoise. Remarqué, même s’il ne le gagne pas, lors du festival/concours Humo en 2004, cet auteur/compositeur/interprète s’ouvre les portes du monde professionnel de la musique.
Son premier album dans les bacs, Milow perce grâce au single « You Don’t know » dès 2006. L’aventure commence… Mais sa carrière explose réellement lorsqu’il reprend de fort belle manière "Ayo Technology" du duo réunissant 50 Cent et Justin Timberlake.
Ce soir, sept ans après avoir foulé cette même scène comme candidat du concours, il revient sa guitare sous le bras pour nous conter ses plus belles ballades.
Mais avant de déguster le plat principal, une petite entrée nous est servie. Brett Dennen, pop/folksinger Américain à la dégaine improbable, est chargé de nous mettre les papilles en éveil. Grand rouquin un peu mal à l’aise, timide et hyper discret, il nous gratifie de quelques chansons issues de son répertoire aux couleurs ‘Dylaniennes’. Trois petits tours et puis s’en va sous les applaudissements d’un public qui meurt d’envie d’attaquer la ‘ pièce principale’ du repas.
Quelques réglages, pas trop quand même, et tout est prêt pour accueillir notre divin chauve et ses acolytes. Car si Milow, c’est avant tout Jonathan Vandenbroeck, il trimballe une véritable tribu, une vraie famille réunissant l’Anversois, les quatre musiciens et l’équipe technique qui l’accompagnent.
« The Kingdom » ouvre le bal. Véritable hymne à la patrie, déclaration d’amour à son pays, cette chanson qui fait (plus que) frémir les nationalistes belges de tous bords sert d’entrée en matière idéale pour l’artiste qui manie aisément nos deux langues nationales, outre l’anglais qu’il a plus qu’apprivoisé lors de son séjour californien. Enchaînant dans la foulée un second titre de son dernier opus (« Rambo »), Jonathan démontre, si nécessaire, qu’il est un bougrement bon chanteur. Ensuite… ‘Bonsoir, content d’être là et merci à vous aussi d’être venu, blablabla…’ le tout exprimé principalement en néerlandais où se glisse de temps à autre un mot perdu en anglais. Mais bon, on ne lui en veut pas. On s’en fout même royalement. On vient l’écouter chanter, point barre.
Et chanter, c’est ce qu’il fait le mieux. Non pas qu’il soit maladroit à la guitare, bien loin de là, mais il faut reconnaître qu’il a la chance incroyable de pouvoir s’appuyer sur des musiciens ‘énormes’.
Tant à gauche où sévit un guitariste de la meilleure veine qu’à droite, place occupée par sa claviériste également responsable de quelques percus, Milow peut compter sur deux voix exceptionnelles qui se mettent au diapason et apportent un enrichissement à la partie vocale du set. On joue véritablement dans la cour des grands à ce point de vue. Le tout au service d’un répertoire riche en chansons qui sont autant d’histoires vécues par notre hôte d’un soir, que ce soient ses mésaventures de l’autre côté de l’Atlantique (« California Rain ») que ses manquements personnels (« Out Of My Hands ») qu’il n’hésite pas à évoquer sans fausse pudeur. Et à chaque fois, Milow tape dans le mille. Avant d’entamer un petit solo de deux titres à la guitare acoustique, le combo nous gratifie de deux hits assez récents, « Never Gonna Stop » et surtout le splendide « Ayo Technology » revu et corrigé. Surtout en seconde partie où la face cachée ‘rock’n roll’ du band apparaît en pleine lumière. Du pur plaisir pour eux et un régal pour nous...
Cependant Milow ne serait pas Milow sans son côté folksong épuré dont « Car Wreck In The Lake » et « KGB » constituent d’excellentes illustrations.
Mais c’est de manière plus ‘attendue’ qu’il termine la première partie de son show en proposant deux de ses plus beaux standards, « You Don’t Know » et « You And Me » repris à l’unisson par un public définitivement conquis.
A peine le temps de boire un coup dans les coulisses et l’ami Vandenbroeck nous revient. D’abord seul pour interpréter « Where My Head Used To Be », puis rejoint par ses comparses pour livrer les trois derniers chapitres d’un fort joli concert. Souhaitant rendre hommage à Brett Dennen, il le convie à profiter d’un succès mille fois mérité pour partager le micro sur « So Far From Me » et écouter une dernière fois les fans chanter avec lui « She Might She Might » en clôture d’une soirée super agréable. Belgique, terre d’artistes !!!
Un tout petit bémol qui ne gâchera pas la fête et une petite suggestion… Une visite chez l’ORL serait peut-être la bienvenue pour l’ingénieur du son qui nous a assourdis et un peu martyrisé les tympans, à cause d’une basse envahissante qui nous a fait un peu trop ‘vibrer’ à défaut de nous enchanter de ses notes… inaudibles