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Shaka Ponk - 14/03/2024
Concerts

Hurts

Help, I’m Alive

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Après Delphic, The Drums, Ellie Goulding, Rox, Marina & The Diamonds, Owl City et Stornoway, le Botanique accueillait son huitième artiste (sur 15) estampillé ‘Sound Of 2010’, par la BBC. En attendant le 9e (Two Door Cinema Club, le 23 novembre), le centre culturel bruxellois affichait sold-out pour la visite de Hurts, duo pop mancunien dont la première œuvre, « Happiness », souffle plus de froid que de chaud. Un peu à l’image de leur prestation live, d’ailleurs.

D’abord prévu à la Rotonde, le concert de Hurts a finalement déménagé vers l’Orangerie, vu l’engouement du public pour la pop (très pop) 80’s de Theo Hutchcraft et Adam Anderson. La formation était précédée de Stereo Grand, un quatuor réunissant tous les clichés du rock belge. Et des clichés, la soirée va en consommer une belle cargaison…

La scène, ornée de quatre espèces de piliers en toile blanche, accueille le duo et leurs trois musiciens à 21h10 précise. Hurts effectue une entrée très théâtrale. Tiré à quatre épingles, Hutchcraft prend cérémonieusement place devant son micro tandis que son comparse, fleurs à la main, se pose devant son piano. « Blood, Tears & Gold », « Silver Lining » et le tube « Wonderful Life » s’enchaînent sans la moindre étincelle. Chaque note respecte religieusement la version CD, jusqu’aux chœurs diffusés à travers le clavier. Hurts a une image commerciale à respecter et la défend bec et ongles. Aucun débordement, aucune spontanéité. Tout est carré et calculé, de façon parfois effrayante. On est ici dans la pop de la plus pure tradition, avec ses vocalises parfois grandiloquentes (« Stay », « Verona », « Evelyn »). Ce qui n’empêche pas le public d’en apprécier chaque seconde. A l’image du disque, le show (m’)est difficilement supportable. Si bien que leur reprise du « Confide In Me » de Kylie Minogue et l’horriblement kitsch « Stay », évoquant presque un morceau de Take That, finiront par me faire fuir, sans attendre le rappel. Quant à voir des robots sur scène, autant attendre le show de Daft Punk. Hurts est d’ores et déjà programmé sur la grande scène de l’AB, le 1er mars 2011. Ce sera sans moi.

(Organisation : Botanique)

The National

Secret meeting

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Impossible d’arrêter le temps qui fuit inexorablement entre nos doigts. Et je sais pertinemment bien, que comme le commun des mortels, je vieillis. Bon, c'est pas encore le troisième âge, j'ai encore toutes mes dents, je suis (pour le moment?) épargné par la calvitie, j'ai un peu de bidoche, mais pas trop. Donc j'appréhende le seuil de la quarantaine avec un certain détachement. Le secret de ma jouvence n'est pas en pot, ne s'étale pas sur la tronche le soir et le matin, ne s'injecte pas avec des aiguilles de tailles disproportionnées, et ne s'avale pas au petit déjeuner avec un verre d'eau. Non, si je suis resté (relativement) jeune, un peu à l'instar de Peter Pan, c'est grâce à mon âme d'enfant, que je m’efforce de garder intacte dans un petit recoin de ma caboche. Bien sûr, ce n'est pas toujours de tout repos, et l'immaturité ne fait pas toujours l'unanimité. Mais cette part de moi-même est peut-être la meilleure. En tout cas, je la chéris et veille à ne pas la perdre.

Et bien entendu, la musique joue le rôle de catalyseur de cette fontaine. C'est elle qui nourrit mes rêves enfantins et m'aide à ne pas grandir. Je dirais que c'est le monde magique dans lequel le moi-enfant aime à se retrouver. C'est mon oasis. Je suis un gosse de presque quarante balais qui rêve, chiale, danse comme un enragé et est heureux d'être malheureux quand il écoute des p... de chansons susceptibles de lui faire dresser les poils au garde à vous sur son épine dorsale.

Alors non, nonobstant l'inéluctable succès de The National, voué à un succès de plus en plus conséquent, par la grâce d'un album magistral ; ce que j'aime chez ce groupe, c'est la magie que recèlent chacune (fait rarissime) des chansons de leur répertoire. Un phénomène qui ne s’explique pas. C'est comme une alchimie. Oui, leurs morceaux sont vachement bien foutus, les mélodies imparables (dans une seule journée, je peux fredonner dix de leurs chansons qui viennent à tour de rôle hanter mon esprit) et ils ont ‘la classe’. Mais au-delà de toute cette littérature justifiant un tel engouement, The National me parle. A moi. Pas au reste du monde. Même si je connais quelqu'un qui ressent exactement les mêmes émotions. Il me confiait d’ailleurs encore hier : ‘Je Suis The National!’. Non, juste à moi. Ecouter un album de The National, c'est comme replonger chaque soir dans le même conte écouté et connu par cœur, quand enfant, maman me racontait une histoire avant de dormir.

Assez étrangement, j'ai découvert le groupe sur le tard. C'est donc avec une assiduité boulimique que j'ai exploré la discographie fournie depuis 1999. Et bien sûr, à l'approche des dates de la tournée où le groupe fera escale au mois de novembre, mon impatience grandissait. Cologne, Luxembourg, Bruxelles. Mon appétit étant disproportionnellement lié aux cordons de ma bourse. Je voudrais assister à toutes les dates de toutes les tournées. Je ne peux en faire que trois. Peut-on conclure que je perds la raison?

Un descriptif pour vous donner une petite idée de l'état d'ébullition dans lequel je me suis retrouvé quand le bruit d'un concert secret a commencé à circuler, pour finalement se retrouver au creux de mon oreille. Et de mon enchantement, quand après moult péripéties, ruses, et pas mal de patience, je pénétrai au sein de la station radio, quelques poignées de minutes avant le début de cet évènement.

Je savoure le moment. 137 figurants et moi, et moi, et moi. Un speaker rappelle quelques consignes d'usage, et le groupe accompagné de deux cuivres monte sur la courte estrade. Campé dans son élégant costume trois pièces sombre, le frontman, Matt Berninger décline quelques boutades sur un ton décontracté. Derrière lui, Bryan Devendorf, le batteur me fait de plus en plus penser à une réplique de Luke Wilson dans le film ‘La Famille Tenenbaum’. Je souris. A ma gauche, un grand piano à queue. Je frémis. Tout est en place. Les premières mesures d’« Anyone's ghost » retentissent. La basse emmène la chanson sur un rythme chaloupé. Les fûts sont martelés de manière saccadée. Déjà ma gorge s'étreint et ma tête balance. « Mistaken for strangers » embraie, m'entraînant alors dans un mouvement de pendule. « Bloodbuzz Ohio » me (trans)porte dans son essaim d'abeilles, parcourant des miles et des miles de terres promises, et mes yeux parcourent la distance qui sépare la mélancolie de l'espoir. Quelques mots échangés entre les frères Dessner et le chanteur annonce la couleur du morceau suivant : « Afraid of everyone ». Le tempo s'accentue. Il suit les battements des c(h)œurs. Les sonorités de la Fender deviennent torturées, plaintives et se déchirent en larmes de verre tranchant. Oui, yellow voices swalowing my soul, soul, soul, soul, soul, soul, soul, soul, soul. Un tourbillon de feuilles mortes. Et il y a toujours cette mélodie dans l'air.

« Slow show », magnifique chanson extraite de « Boxer », virevolte autour de moi et m'élève vers des cimes électriques. Je lève mon verre à mes amères défaites. « Squalor victoria ». Quand Matt Berninger éructe ses paroles comme un venin craché de ses entrailles, je fais corps avec lui. Dans les brumes de ses paroles au sens obscur se niche une poésie noire et pleine de sens.

« Conversation 16 » oscille entre ciel et terre. Des nuages sombres poussés par des vents mauvais. Des fourmis sortent du sol et grimpent le long de mes jambes. « Apartment story ». J'appelle cette réaction ‘danser’. Le commun des mortels qualifierait ce mouvement de ‘dodeliner’. Je m'en moque. Je suis transposé. Dans les confins de mon esprit, une étoile brille plus étincelante que jamais. Quand pleuvent les quelques arpèges cristallins de « Daughters of the soho riot », c’est comme si on arrachait quelques larmes à un alligator.

Retour aux claviers pour un hymne. « England » et son cortège d'anges escortés par de majestueuses trompettes. Je suis ici, ici et maintenant. Je devrais être ailleurs en ce moment. J'ai oublié mes responsabilités. ‘Stay the night with the sinners’. Le groupe se propose pour assurer le service lors de grandes cérémonies. Penser à inviter The National le jour de mon mariage. « Fake empire ». Mais qui détient les ficelles du destin? Le groupe se retire. Comme la mer. Non sans revenir.

Le prochain single amorce le final grandiose. « Terrible love ». Descendu dans la marée de fidèles, frôlant mon épaule, Matt s'oublie (enfin) et laisse sa barque s'écraser sur les la(r)mes de récifs recouverts d'embrun. ‘It takes an ocean not to break’. Je bois le calice, ce sang est mon sang. Enfin, dans un final apaisé, communiant avec quelques audacieuses voix parsemées dans l'assistance, « Vanderlyle crybaby geeks » en version unplugged clôt cette soirée en toute beauté. Du set list initial, « Mr. November » et « About today » ont été exclus des rappels. Je soupire. Qu'importe. Peut-être dans trois semaines? Je n'en ai pas assez. J’en voudrais encore. Comme quand j'étais jeune et insouciant. Quelques rasades pour étancher ma soif. Quelques dates d'affilée, pour me rassasier. Peut-être…

Avant de regagner mes pénates, j'aperçois par l'interstice d'une porte curieusement entrouverte un touchant tableau de famille. Oui, Matt, tu as raison, c'est là que réside la réalité. Mais l'espace d'un instant, qu'il est bon de se retrouver enfant!

En concert le 21 novembre à l’Ancienne Belgique. Sold Out.

Concert en écoute gratuite sur: http://www.stubru.be/media/herbeleefthenationalinclub69

(Organisation: Studio Brussel).

 

HEALTH

Health? Un groupe qui pète la santé!

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Le concert de Health devait démarrer à 20h00. En arrivant au Botanique, ce jeudi 28 octobre, on nous annonce que le set commencera à 20h30. Soit ! La formation débarque de Los Angeles. Et puis, il n’y a pas de supporting act. Tant mieux d’ailleurs, car si c’est pour se farcir une première partie sans grand intérêt. Et puis, c’est l’occasion de s’enfiler une petite mousse et même, pourquoi pas, de faire un petit saut jusqu’au stand du merchandising, surtout si d’aventure vous souhaitez vous procurer un cd ou un t-shirt du groupe.  

L’Orangerie n’est qu’à moitié pleine (NDR : ou à moitié vide, selon) lorsque Health débarque. Un barbu bien en chair siège derrière les drums. Il tape comme un dératé sur ses fûts. Mais il manie les baguettes avec une rapidité impressionnante ; de quoi communiquer une belle intensité tout au long du show. Le bassiste se plante au milieu de la scène. Chevelu il campe, physiquement, un hybride entre l’ex-guitariste de Smashing Pumpkins, James Iha, et Damo Suzuki, le chanteur mythique de Can, même si on n’aperçoit son visage qu’à de trop rares occasions. De part et d’autre du podium s’installent le chanteur/guitariste (il est coiffé d’une casquette bien yankee) et le second guitariste, également préposé aux ‘bidouillages’. Et leur entrée en scène s’apparente à un véritable coup de tonnerre. Le son est puissant, le tempo vivace et les quatre énergumènes déménagent, se déchaînent. Et ce n’est guère une surprise, lorsqu’on connaît un peu leur musique. Pas toujours facilement identifiable, il faut le reconnaître, elle véhicule une énergie punk, s’enfonce parfois dans la noisy, mais ne néglige pas pour autant l’expérimentation (NDR : l’usage plutôt atypique des micros en est une belle illustration).

Au cours de la première partie du spectacle, Health privilégie les compos les plus décapantes. Une période au cours de laquelle, les musicos vont d’ailleurs nous balancer des morceaux tels que « In Heat » ou « Die Slow ». Lors de la seconde, le tracklisting va alterner compos au rythme davantage syncopé et chansons plus posées. De quoi permettre leur permettre de laisser transparaître leur sens mélodique. Pas vraiment pop (NDR : c’est un pas que je n’oserai franchir), mais mémorisable. A l’instar du magnifique « We Are Water ».

Après 40 minutes, le quatuor vide les lieux. Le temps de faire le plein de bouteilles d’eau et il revient sur la planches. Pour un rappel de courte durée, limité à un titre. A 21h20, Health prend définitivement congé de l’auditoire et les lumières se rallument.

Musicalement, il faut avouer que c’était le pied ! Néanmoins, j’émettrai quand même deux remarques. Tout d’abord la durée du set. 50 minutes, c’est quand même un peu court, surtout lorsqu’il n’y a pas de première partie. Ensuite, l’état d’esprit du groupe. Un peu trop condescendant, à mon goût. Sans quoi, le concert valait son pesant de cacahuètes…

(Organisation Botanique)

Bonaparte

Bonaparte a mis le public dans sa poche…

Écrit par

La presse est unanime, Bonaparte est un groupe à absolument voir sur scène ! J’attendais donc impatiemment de les découvrir ce mardi 26 octobre, à la Rotonde du Botanique. Coupons court à toute polémique, cette flatteuse réputation, la formation l’a gagnée à force de tourner à travers l’Europe ; elle n’est donc pas usurpée. D’ailleurs, il ne faut que quelques minutes pour que le public se rende compte qu’il se trouve face au groupe le plus fou et déjanté qu’il lui ait été donné de voir sur scène.

La salle est comble lorsque le Suisse Tobias Jundt et sa troupe berlinoise à géométrie variable, monte sur les planches. Juste après la projection d’un mini film présentant les divers personnages –bizarres et particulièrement décalés– qui seront mis en scène lors de ce spectacle. Est-ce du cabaret ou du cirque d’une autre époque ? Une chose est sûre, l’imagination est au pouvoir et elle ne souffre d’aucune limite. Elle est même totalement débridée. Durant plus de 120 minutes, les titres de leurs deux derniers albums s’enchaînent. Le groupe semble, en outre, prendre beaucoup de plaisir. Et le public également. Les riffs de guitares déferlent. Les musiciens sont masqués. Deux aimables demoiselles sont follement accoutrées. Les chorégraphes enchaînent des apparitions. Pour y faire, le plus souvent n’importe quoi. Certains sont déguisés. D’autres pas. Participent à ce spectacle drôle et trash, un cheval chef d’orchestre, un ‘homme-canon’, une femme de ménage joueuse, une none lubrique et défoncée, une danseuse indienne. Il y a même une baignoire ! C’est l’anarchie la plus complète, mais l’énergie est euphorisante et communicative. D’ailleurs, elle ne laisse personne indifférent. Les tubes (« Too Much » et « I Can’t Dance ») de leur deux derniers albums –un peu saoulant sur disque–enflamment une Rotonde parfaitement conçue pour ce type de show. Encore plus délirant que celui d’Of Montréal… et qu’importe si leur musique n’est pas toujours au diapason.

‘Do you want to party with the Bonaparte?’ Quelle question! Au vu de ce que la troupe nous a proposé ce soir, il serait insensé de les manquer, lors de leur prochain passage près de chez vous. Et la description de cette représentation, que je viens de vous brosser, ne reflète que le tiers du quart de ce à quoi vous devez vous attendre, lorsque vous irez les applaudir sur les planches. Le responsable de cet incroyable bordel rock d’une durée de deux heures ? C’est tout simplement Bonaparte. Et il nous mis dans sa poche…

(Organisation Botanique)

 

Anders Trentemøller

Northern Lights

Écrit par

D’abord au sein de Tribag, puis seul aux commandes depuis la sortie de son premier album, « The Last Resort », paru en 2006, Anders Trentemøller a réussi à s’imposer comme une figure de proue de l’électro minimale. Au point de se produire aujourd’hui à guichets fermés dans des salles telles que l’Ancienne Belgique. Ce que peu de ses contemporains militant dans le genre sont parvenus à réaliser jusqu’ici.  La salle du centre-ville bruxellois accueillait le Danois venu défendre « Into The Great Wide Yonder », son deuxième essai publié en juin dernier lors d’un show aussi jouissif pour les oreilles que pour les yeux.

Ceux qui, comme votre serviteur, s’attendaient à un show sobre du genre ‘DJ derrière ses platines et projections à l’arrière-scène’ auront été bien surpris ce soir. Trentemøller n’est manifestement pas homme à faire les choses à moitié. Pour accomplir sa plus grande tournée à ce jour, le Danois est accompagné de pas moins de sept musiciens. Un vrai ‘live’ en perspective. Le décor, créé par Henrik Vibskov, à la fois designer de mode et… batteur pour son comparse, est à la fois simple et impressionnant. La scène est parsemée de grillages s’élevant du sol, participant à une mise en scène rondement menée. Trentemøller prend place derrière ses platines, suivi de tous ses musiciens. « The Mash And The Fury », extrait d’« Into the Great Wide Yonder », ouvre le bal. Le talentueux Dj/musicien/producteur/remixeur construit son set crescendo. La tension dans le public monte au fur et à mesure que les titres s’enchaînent, soutenus parfois par deux demoiselles se partageant le micro à  tour de rôle. « Sycamore Feeling », « Miss You », Something Better », « Silver Surfer, Ghost Rider Go!!! » agitent tour à tour le public de l’Ancienne Belgique.

Lors du rappel, le concert de Trentemøller s’achève en apothéose sur un « Take Me To Your Skin » qui met tout le monde d’accord. L’espace d’une petite heure et des poussières, le Danois a démontré par A+B que l’électro minimale et atmosphérique est la forme la plus classieuse et peut-être même la plus fédératrice du genre.

(Organisation : Live Nation)   

Arno

Putain ! C'était vachement bien !

Écrit par

Pour assurer la promo de son nouvel album "Brussld", Arno l’Ostendais (NDR : le Bruxellois ?) accomplit une tournée digne de ce nom, en alignant cinq dates en octobre rien que pour notre capitale belge : le 22 au Botanique, le 23 au Cirque Royal, le 25 à l'AB, le 27 au club de Vaartkapoen, et le 28 au VK. Pas d'excuse donc pour manquer ce chanteur mythique dont les concerts sont hauts en couleurs. Il serait un peu absurde de présenter Arno, musicien hors pair à la voix rauque, emblème de la scène belge, qui, à 61 balais, rencontre une reconnaissance internationale.

Ce samedi 23, accueilli dans un Cirque Royal bien rempli et heureusement libéré de ses sièges, Arno a donc été applaudi par un public chaud comme une baraque à frites. Pas de première partie. Il se pointe à 20h30 et attaque son show par "Brussels", morceau de son premier album presque éponyme. Dans un mélange d'électro et de rock fortement marqué du sceau des 80's, le titre démarre par ‘Let’s sing this song for Linda, Mustapha, Jean-Pierre, Fatima, Michel and Paul’. Après ‘L'union fait la force’, Arno lance au passage ‘Vive les moules’, et chante ‘Les Flamands et les Wallons’. La couleur est annoncée, et c'est dans un flawalland agrémenté d'anglais qu'Arno s'exprime une fois ce premier morceau terminé. Dans un style scénique proche de Brigitte Fontaine ou Higelin, oscillant entre provoc’ et grande sensibilité, Arno nous livre une vingtaine de chansons. Essentiellement en français et anglais, pas mal de titres sont issus de "Brussld", sorti en mars 2010, que le public connaît déjà ! De petits types aux gueules cassées chantent et semblent avoir studieusement révisé avant d’investir les lieux. Il y a des vieux, des légèrement moins vieux (la moyenne d'âge doit osciller autour des 45 ans ; mais le prix des places y est peut être pour quelque chose), du cuir et des crânes rasés ainsi que des gens chics qui dansent en tous sens...

Autant dire que ce que prône Arno, un joyeux mélange ou joyeux bordel, est ici plutôt bien incarné. Il présente ses musiciens dont le pianiste ostendais Serge Feys, son complice depuis l'époque de TC Matic (premier groupe d'Arno), la jeune choriste Sabrina, Ixelloise d'origine marocaine, son guitariste allemand, son batteur aux racines zaïroise, son bassiste issu d'ex-Yougoslavie...

Le contact avec le public est généreux, Arno n'hésite pas à s'arrêter au milieu d'une chanson pour discuter, et reprendre comme si de rien n'était. Ses présentations sont complètement décalées, foutraques, et le public, acquis à sa cause, rit aux éclats à la moindre boutade... surtout celles évoquant les gros roberts de sa grand-mère ! Le dernier album est bien représenté par "Mademoiselle", "God save the kiss", le frissonnant "Elle pense quand elle danse", l' excité "Ca monte" et ses harmonies vocales qui rappellent les Rita Mitsouko. N'oublions pas "Black dog day", "Quelqu'un a touché ma femme" et une reprise très étonnante de "Get up, Stand up" de Bob Marley, mélancolique et en mode mineur... Des morceaux plus anciens (mais toujours aussi délectables) sont aussi interprétés. Un "Watch out boy" orientalisant, entamé par Sabrina et sa voix envoûtante, "Françoise" dont le refrain ‘Allez danse, danse Françoise, comme une Bruxelloise !’ est repris en chœur par le public. " Nager", "Oh là là", et enfin, le meilleur pour la fin, "Putain putain" qui résonne drôlement dans le contexte politique, le superbe "Ma mère", et pour finir, la fameuse reprise des "Filles du bord de mer" d'Adamo, qui fait valser le public plus qu'il ne faut. Les 22 morceaux seront passés sans que l'on s'en aperçoive ; d’ailleurs on en voudrait encore et encore. Putain ! C'était vachement bien !

(Organisation : Live Nation)

La Caution

Brothers In Arms

Écrit par

J’avoue, le rap c’est pas trop ma came. Encore moins lorsqu’il s’agit de rap français. Mais il y a quelque chose chez La Caution qui rend ce duo plus captivant que les autres formations du genre. D’abord, à cause de ces textes plus raffinés que ceux de la plupart de leurs contemporains, puis de ses beats irrésistibles comme celui de « Thé à la menthe », leur plus gros tube publié à ce jour. Ce soir, La Caution mettait le feu aux planches du VK* sans la moindre allumette.

Arrivés sur scène après la prestation respectable de Azzili Kakma & Exodarap et celle un peu plus retentissante de Sidi Hoomam, les frangins Hi-Tekk et Nikkfurie prennent place sur la scène du VK*. La salle n’est comblée qu’à près d’un tiers de sa capacité ; ce qui n’empêche pas La Caution de chauffer à blanc l’assistance dès sa montée sur l’estrade. Le duo délivre un set partagé entre son double « Peines de Maures / Arc-en-ciel pour daltoniens » et des extraits d’un nouveau disque encore en préparation. Les deux gars, accompagnés d’un DJ, peignent, entre autres, le quotidien des jeunes et moins jeunes issus de la Seine-Saint-Denis à travers des morceaux percutants comme « Changer d’air », « Souvent », « Metropolis » ou encore « Je te hais », tout en évitant de tomber dans les clichés du genre. Et en servant d’un phrasé qui force le respect.

Pas besoin pour eux de se produire devant une salle comble pour assurer comme des pros. Les fans de TTC ou du Klub des Loosers étaient sans nul doute dans le coin tant les beats de la formation ne sont pas sans rappeler les débuts de ces derniers. Après une petite heure de show, La Caution effectue sa descente en rappel au son de leur fameux « Thé à la menthe », dégusté de la première à la dernière goutte par une assistance extatique. Le duo se retire alors après avoir délivré un show convaincant, même pour ceux qui n’adhèrent pas particulièrement au style.   

(Organisation : Back In The Dayz / Vk*) 

Selah Sue

Hey, Soul Sister

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En 1989 naissait dans la commune de Leefdaal (près de Louvain) une jeune fille répondant au nom de Sanne Putseys. A peine après avoir soufflé ses 18 bougies, la demoiselle entame une carrière musicale, sous le sobriquet de Selah Sue. Les réactions positives sont instantanées. Milow la prend sous son aile et lui propose d’assurer ses premières parties. L’Ancienne Belgique renifle, à des kilomètres, son talent naturel et lui propose un stage d’un an. Un stage qui se solde par des concerts à guichets fermés, aux quatre coins du pays. Elle arpente ensuite quelques uns des plus gros festivals belges cet été (Dour, Les Nuits Botanique, Pukkelpop, Couleur Café, Lokerse Feesten…), seule ou soutenue par ses potes d’Addicted Kru Sound, gonflant à l’hélium sa base de fans. Et quelques mois après avoir mis le feu aux planches de la Rotonde, la success story belge de l’année passe à l’étape supérieure en s’appropriant une Orangerie pleine à craquer.

Du haut de ses 21 balais, Selah Sue est un véritable petit ouragan scénique. Normal, quand on possède une voix pareille. Une voix qui évoque tour à tour Erykah Badu, Amy Winehouse voire même Nelly Furtado. Bref, la jeune Louvaniste semble née pour briller en ‘live’. Il suffit à ses cordes vocales d’émettre le moindre son pour parvenir à scotcher l’assistance, sans le moindre effort. A ce stade de sa carrière, elle a bien de la marge pour évoluer scéniquement ; mais son jeu est tellement spontané et décontracté qu’elle semble ne plus rien avoir à apprendre, à ce niveau. Et ce, avant même d’avoir publié sa première œuvre.

Sanne ‘Selah Sue’ Putseys démarre d’ailleurs le set par deux morceaux tirés de son premier disque, dont la sortie est prévue d’ici quelques mois. Deux compos qui, une nouvelle fois, évoquent distinctement Erykah Badu. A l’instar du titre suivant, « Black Part Love », issu de l’Ep du même nom, et qu’elle présente dans une version à la frontière du Hip Hop. Elle est flanquée de quatre musiciens ; mais vu sa prestance, on l’imagine sans mal se produire en compagnie d’un ‘full-live-band’ et d’une poignée de choristes. Après avoir pris la température de la salle, manifestement partagée à part égale entre néerlandophones et francophones, elle s’exprime dans la langue de Shakespeare pour ne pas faire de jaloux. Une initiative unaniment applaudie. Les nouveaux morceaux se mélangent aux plus anciens. Les mieux accueillis sont l’intense « Crazy Suffering Style », une version vitaminée de « Fyah Fyah », son ‘nouveau’ single « Raggamuffin » ou encore « Explanations » et « Mommy », qu’elle interprète seule à la gratte. Bien que la petite Sue soit une singer-songwriter à la plume affûtée, certains textes, comme celui de « Crazy Vibes », trahissent un peu son jeune âge. Un détail, vu la maturité déployée par la demoiselle qui offrira deux rappels en guise d’au-revoir.

Selah Sue deviendra, à coup sûr, l’artiste incontournable de 2011. Et, après ce concert, qui diffusait comme un avant-goût de ‘Couleur Café’, nul doute que les grands festivals du pays lui dérouleront le tapis rouge de leurs ’Main Stages’. On la tient à l’œil, ‘Selah’…

(Organisation : Botanique)

Tim Robbins

Un remake?

Écrit par

Pas d’homonyme ce soir sur les planches du Vooruit. C’est bien à Gand que l’immense acteur (« The Player », « Short-Cuts », « Mystic River »…), réalisateur et scénariste (« Bob Roberts », « Dead Man Walking »…) américain a finalement décidé de poser ses guitares. Une escale surprenante, entre Paris et Londres, au cours de laquelle le grand enfant de 52 ans s’est amusé à réaliser son rêve de gamin : jouer de la musique. Une occasion rêvée pour tout cinéphile fanatique de croiser le comédien sans devoir se farcir la montée des marches à Cannes. Pourtant, l’assistance était peu nombreuse ! Les absents auraient-ils écouté le premier long playing de Tim et son orchestre ? Visiblement, les âmes présentes s’étaient plutôt déplacées pour apercevoir l’acteur oscarisé que pour l’écouter murmurer. Une jonchée de zooms sur le parterre et les éclats incessants des flashs en témoignent amplement.

L’incursion de Tim Robbins dans le monde musical ne bouscule absolument rien. Dans la composition comme dans l’interprétation, le ton général reste neutre. Le charisme naturel sur grand écran s’efface, curieusement, sur scène. La voix est monocorde, les intermèdes introvertis. La prestation nous livre un americana sans aspérité et un country-folk maladroitement rabâchés. Imprégnés, tous deux, d’une profonde nostalgie de la musique américaine en col bleu. Quant aux lyrics, ils évoquent davantage de frêles poésies adolescentes dessinant les contours d’une Amérique paumée. Un folk politique, truffé de clichés, qui nous parlerait des Etats-Unis contemporains. 

Globalement, Tim Robbins and the Rogues Gallery Band vont livrer un set exsangue, paisiblement sous influence. Une influence décuplée. Exercice d’égo où la star du box office prendrait les formes d’un homme juke-box pour chanter ses idoles. Principale victime : Bruce Springsteen. Omniprésent. L’ersatz de la voix du ‘Boss’ voile la majorité des titres (« Book of Josie », « Toledo Girl », « Lightning Calls The Dawn »...) Certes, les idoles qu’il incarne (Steve Earle, Bob Dylan…) ne sont pas particulièrement touchées d’une voix divine ; mais elles brillent cependant par le caractère, la gravité et la chaleur. Malgré le soutien d’une équipe de musiciens d’élite (Kate St John, Leo Abrahams, Roger Eno, Rory McFarlane…), le ‘jeune’ mélomane souffre encore, manifestement, d’une carence de personnalité musicale.

Les sept musiciens se révèlent enfin plus inspirés lors des diverses covers. Instants où le grand cinéaste décide d’affronter les grands noms de la musique. Dès lors, le combo étasunien arpente agilement les chemins tortueux tracés par « All The World Is Green » de Tom Waits, ose une version negro spiritual sur le « If I Should Fall From Grace » de The Pogues et clôture le spectacle par « What A Little Moonlight Can Do » de Billie Holliday. Rien de transcendant en soi mais la sélection de versions audacieuses redonne quelques couleurs à une performance bien trop pâle.  

Epinglons finalement « Folsom Prison Blues ». Une reprise de Johnny Cash dont l’enthousiasme et la passion éclipsent un cadre général décidément trop linéaire et souvent démago. Un morceau qui recèle une introduction lugubre transpercée par une voix déchirée tissant une véritable atmosphère avant de sombrer dans un final rockabilly excité (NDR : moment particulièrement apprécié par de nombreux sexagénaires –et  plus ! – présents dans l’assistance. Ça bouge ! La salle danse, les têtes virevoltent, les hanches se balancent, les genoux tremblent. Ô doux souvenirs de notre enfance !

La maladresse du débutant, la timidité sur scène touchent indéniablement. Le musicien, lui, ne parvient jamais vraiment à convaincre.

Vraisemblablement victime du syndrome d’ubiquité touchant une multitude de personnalités publiques qui pensent que leur talent s’accorde à toute forme artistique, l’acteur américain a  emprunté, trop rapidement, des chemins qu’il ne maîtrise pas encore.

La performance laisse songeur. Et, soudain, nous sommes pris de vertige. Comme devant un miroir dont l’image réfléchie mystérieusement s’inverse, la carrière musicale de Tim Robbins reflète dangereusement celle, cinématographique, de David Bowie.

(Organisation Vooruit) 

 

Tunng

Bienvenue dans ma bulle…

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Paru courant de l’année 2010, le dernier album de Tunng, « …And Then We Saw The Land », constitue une étape décisive au sein du parcours de ce groupe anglais ; puisque l’un de ces membres fondateurs, Sam Genders, venait alors de quitter la formation, laissant ainsi une plus grande marge de manœuvre aux autres musiciens. Principal changement enregistré : la quasi-disparition des samples ; et puis une nouvelle ligne de conduite tracée par Becky Jacobs, même si le folk du combo est toujours teinté d’électronique.

Vers 20h, Alice Lewis monte sur les planches. Elle assure le supporting act. Pas de collaborateur. Elle s’accompagne aux claviers et puis tire parti de sonorités issues d’un ordinateur. La jeune artiste française est venue présenter les compos de son nouvel elpee « No One Know We’re Here ». Son univers sonore jouxte celui de Björk. Atmosphérique, il ne maque pas d’intérêt ; mais bien de relief. Si bien qu’au fil du temps, le public finit par décrocher. Et après une bonne demi-heure, elle se retire dans l’indifférence presque générale...  

A peine le temps de se réhydrater que le quintet londonien, Tunng, entre en scène. Au cours de l’après-midi, le combo avait accordé un mini-concert destiné aux enfants âgés de 3 à 12 ans, accompagnés de leurs parents ou de leur famille, dans le cadre de goûters-concerts organisés régulièrement dans les salles du Nord de la France. Une très belle initiative, sans doute destinée à familiariser cette génération à la culture musicale…

Le quintet se partage drums, percus, guitares acoustiques, un ordinateur et les vocaux. Les harmonies vocales –féminines et masculines– sont particulièrement suaves. Conjuguées en harmonie. Empreintes de douceur et de tendresse, les mélodies accrochent instantanément. Et la délicatesse des cordes acoustiques accentue cette sensation. Tout au long de ce set, on a l’impression de partager une bulle, au sein de laquelle le combo nous a invités à pénétrer. Excluant toute forme de violence pour nous communiquer une forme de paix intérieure. La setlist privilégie les plages issues du dernier opus ; et en particulier le single « Hustle » ou encore l’excellent « October ». Sans pour autant négliger leurs classiques, à l’instar de « Bullets ».

Après une bonne heure trente de spectacle, la formation prend congé de son auditoire. La foule se retire peu à peu. Mais elle quitte les lieux des rêves plein la tête. Un peu comme si elle n’était pas encore totalement sortie de cette bulle si réconfortante. D’ailleurs, si vous êtes soumis au stress, n’hésitez pas à vous enfiler une bonne tranche du dernier opus de Tunng. C’est idéal pour décompresser…  

Organisation Grand Mix

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