OK Panda s’intéresse à la psychiatrie…

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La tentation du supermarché? Spécial

Écrit par - Progzélyte -

Il est dix huit heures quarante lorsque nous nous présentons à l'entrée du Zénith. Le temps est inhabituellement chaud pour la saison, puisque le thermomètre extérieur de la voiture affiche les 29°. Accueil bizarre des vigiles, mêlant affabilité et parano. Il est vrai que nous sommes en France, en pleine période électorale. Les consignes de sécurité doivent fuser. Nous voilà donc introduits dans ce temple éphémère du 'Metal pour grandes surfaces', comme diraient les persifleurs. L'organisation est signée 'A gauche de la Lune'. Et de ce côté-là, rien à redire. Soucieux de gagner une place adaptée à la captation de bonnes photos, nous nous engouffrons dans l'arène, où nous arrivons à nous glisser à trois ou quatre rangs du podium. Le public est assez mélangé. Même si le noir domine dans l'habillement, il y a pas mal de trentenaires, voire de cinquantenaires, parmi les ados…

Le premier groupe démarre presque à l'heure. Sup, band français expérimenté, pratique un doom-gothique qui, sur CD, peut receler des plages hypnotiques ou envoûtantes. Il y a des indices d'originalité dans son set. C'est toutefois difficile à juger, tellement le groupe a opté pour une mauvaise balance, où basse abyssale et batterie, toutes deux à fond les manettes, mangent le reste. Il y a deux chanteurs, l'un possède un timbre guttural typique et l'autre une voix claire et belle. Sous-employé et sous-mixé. Bonne idée à signaler : les projections de vieux films en noir et blanc consacrées à des expériences biomédicales. Pour le reste, une prestation trop longue, dans une pénombre permanente, et plus assourdissante (jusqu'à la douleur) qu'intéressante. Le public, d'abord confiant et enthousiaste, s'est d'ailleurs largement réfugié dans une attitude polie et patiente.

Delain, jeune groupe hollandais ami de Within Temptation et incluant son ancien clavier, apporte la note joyeuse de la soirée. Tant mieux pour eux. Alors que Sup a démarré devant une salle à moitié vide, le Zénith est maintenant bien garni, même si ce n'est pas le ‘sold out’. Le son est irréprochable, clair et parfaitement distribué. Le groupe s'engouffre dans les schémas qui ont fait la gloire de ses aînés en y mêlant application et enthousiasme. Outre le line up classique batterie/basse/claviers/guitares (deux guitares !), il bénéficie des services d'une jolie chanteuse, dont la voix est aussi bonne que… celle de tant d'autres. Son pop-metal-sympho adolescent n'apporte absolument rien au genre, mais séduit par sa bonne humeur et sa réaction très spontanée et sympathique face au succès. Un bon set qui a le privilège de la candeur. Et ponctué des rituels propres au genre : guitaristes et chanteuse agiteront régulièrement la tête en mouvements circulaires pour faire virevolter leur longue chevelure, tandis qu'une bonne partie du public brandira à l'envi le poing droit, index et auriculaire tendus. Au capital sympathie, ajoutons qu'on retrouvera plus tard deux musiciens du groupe mêlés au public.

Vingt et une heure quinze. Il fait maintenant étouffant et j'entreprends le périlleux projet d'apporter une boisson à mes accompagnateurs. Après m'être frayé un chemin entre les spectateurs, dont beaucoup se sont assis à terre malgré l'évident manque de place, j'attends désespérément mon tour devant un bar mal organisé et en très net sous-effectif. Au point de craindre rater le début du troisième set. Rassurez-vous, chers lecteurs, je ne commets finalement aucun sacrilège et les pintes au prix prohibitif (pour des Belges) parviennent bien à leurs destinataires.

Lorsque In Extremo, groupe allemand, monte sur les planches, la donne change sensiblement. D'abord, nous avons droit à un vrai décor (la batterie est sur le pont d'un bateau) et des costumes de scène carnavalesques (tenue d’iroquois, kilt, cuir et vieilles étoffes y côtoient motifs égyptiens et tatouages). Ensuite, le band s'écarte de tout standard quant à sa composition : batterie, basse, guitare (essentiellement rythmique) et chanteur sont entourés de trois musiciens, qui se partagent cornemuses (le plus souvent), vielle, harpe, instruments à vent orientaux et autres créations maison. Le chanteur endossera quant à lui une mandoline à deux reprises. La musique d’In Extremo est particulièrement martiale, à l'instar de Rammstein. Mais elle est aussi fort mélodique et festive. Les mélodies, tracées essentiellement par les cornemuses et autres instruments traditionnels, s'apparentent le plus souvent à des gigues, tarentelles, rengaines et autres ritournelles très faciles à mémoriser. On s'habitue vite au chant pourtant très rocailleux et en allemand. Il est donc un peu regrettable que ces ingrédients soient enveloppés d'une rythmique systématiquement aussi bourrin (ceci dit malgré les évidentes qualités du batteur). En 'Mick Jagger teuton', le chanteur arpentera la scène torse-nu pour une bonne partie du concert. Il s'avérera aussi un bon communicateur avec le public, malgré la barrière de la langue, et un frontman impliqué et accrocheur. Ses compères bougent bien et leur 'Rock attitude', amuse vu les instruments brandis. Le son est ici encore parfait et In Extremo s'avérera le point fort de la soirée. D'ailleurs dignement salué par le public.

Car la tête d'affiche, Within Temptation, pourtant bardé d'un récent album bien meilleur que son prédécesseur, se montre finalement bien fade. D'abord, le groupe a opté pour un volume sonore trop élevé. Le son est du coup moins bon que pour Delaine et In Extremo. Ensuite, les morceaux perdent en live toute finesse et toute nuance, tant la priorité est donnée à la pression constante. Tout tend vers une interprétation stéréotypée, laquelle fatigue très vite. Sharon, la belle chanteuse, gesticule avec bonne volonté, contrairement à ses acolytes, qui ont l'air de traverser un boulevard en permanence. Mais elle n'est pas une bête de scène et, ni elle, ni le décor carton-pâte, ne compensent l'insipidité de l'ensemble. Concentré sur les compositions récentes, ce show par trop uniforme connaîtra trois séquences réussies : « Mother Earth », « Ice Queen » et « Caged ». Trois extraits du deuxième album, « Mother Earth », qui incluent breaks et respirations, et dont deux constitueront le rappel (un signe ?) Pour le reste, on a vraiment eu l'impression d'être en présence d’un groupe qui gère sans passion un patrimoine commercial. Rassurons-le. Au terme de ce show devant un public conquis d'avance, il pourra proclamer: 'Encore trois mille clients satisfaits!'. Dont Valérie, notre précieuse photographe.

Il est une heure du matin lorsque nous quittons le parking et la température est encore très douce. A bientôt, Lille.

Progzélyte.

Organisation: A gauche de la Lune.

 

 

Informations supplémentaires

  • Band Name: Within Temptation
  • Date: 2007-04-28
  • Concert Place: Zénith
  • Concert City: Lille
  • Rating: 5
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