RIVE sous tension…

Entre la nuit et le jour, RIVE propose "Tension", un 4ème extrait de son album "Collision", sous forme de clip. La photographe et réalisatrice Laetitia Bica (prix du ‘Changemaker de l’année 2023’ au Belgian fashion awards) emmène le duo dans la nuit des…

logo_musiczine

La maternité, source d’inspiration pour The Wandering Hearts…

Le trio britannique The Wandering Hearts sortira son nouvel album "Mother", le 22 mars 2024. Produit par Steve Milbourne, c’est un patchwork de récits folkloriques, d'accroches pop et d'énergie rock, le tout assemblé par des harmonies lumineuses. On pourrait…

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Nos partenaires

Dernier concert - festival

Zara Larsson 25-02-2024
frank_carter_and_the_ratt...
Bernard Dagnies

Bernard Dagnies

Pour fêter ses 6 années d’existence, le label français indépendant Roy Music vous offre une compilation MP3 de ses artistes (Vismets, Mademoiselle K, Hangar,…). Elle est disponible sur son nouveau site Internet.

http://www.roymusic.com

 

lundi, 24 janvier 2011 13:32

Du contenu, pas du tape-à-l’œil

Fondé à Leeds, en 1977, Gang of Four (NDR: la ‘Bande des Quatre’, patronyme inspiré d'un groupe de dirigeants chinois, parmi lesquels figuraient l’épouse de Mao Zedong, Jiang Qing, dont les membres avaient été arrêtés et démis de leurs fonctions en 1976, peu de temps après la mort de Mao) est considéré comme une référence majeure, dans l’histoire de la musique pop/rock. Une multitude d’artistes se réclament ou se sont réclamés de cette formation insulaire, parmi lesquels figurent Red Hot Chili Peppers, INXS, REM, Nirvana et même U2. Sans oublier le mouvement punk funk, au sein duquel on épinglera The Rapture, Radio 4, Bloc Party, !!! et Futureheads. Fin des seventies, début des eighties, on qualifiait alors leur style de funk blanc, un mouvement auquel relevait également A Certain Ratio. De leur histoire, on retiendra un engagement sociopolitique très marqué, des prestations scéniques explosives, quelques singles incontournables (‘Damaged Goods’, ‘What we all want’, ‘To hell with poverty’ et ‘I love a man in a uniform’), un album culte (‘Entertainment’, publié en 1979) ainsi que plusieurs séparations, réunions et changements de line up. Seuls John King le chanteur et Andy Gill, le guitariste, sont toujours au poste. Leur dernière reformation remonte à 2004. Un album était paru en 2005, ‘Return the Gift’, mais il ne s’agissait que d’une nouvelle mouture d’anciennes compos. Si bien que leur dernier opus studio, ‘Shrinkwrapped’ datait de 1995. Un nouvel elpee sort donc ce 25 janvier, ‘Content’. Ce qui explique la présence d’Andy Gill, en Belgique, pour accorder quelques interviews. Et le guitariste nous a accordé un très long entretien. Très intéressant, par ailleurs. Musiczine vous en livre l’essentiel…

Mais attaquons directement un sujet qui doit interpeller notre interlocuteur. Alors que Gang of Four n’a jamais récolté qu’un succès d’(e) (grande) estime, quel est son sentiment profond vis-à-vis d’un mouvement (NDR : le punk funk) que le groupe a engendré et qui a permis à des formations contemporaines de récolter un succès certain. Andy concède : « J’en suis relativement heureux. Et pour cause, ce sont eux qui nous ont permis de conquérir un nouveau public. Des mélomanes qui n’auraient jamais connu Gang of Four autrement. Ce courant nous a été favorable. Lorsque Franz Ferdinand est devenu énorme, la critique a dit qu’il y avait Gang of Four derrière. C’est ainsi qu’on s’est fait connaître. Et lorsqu’on se produit en concert, on se rend compte qu’une partie du public a moins de 20 ans. Et l’autre réunit des quinquas. C’est superbe ! J’aime beaucoup ce mix démographique. Je suis enchanté que notre musique plaise aussi à la jeune génération. Finalement, ce qui se produit aujourd’hui confirme nos prévisions. Et c’est un juste retour des événements. Des événements que nous avons vécus il y a 30 ans. » Mais pourquoi avoir attendu si longtemps avant d’enregistrer un nouvel album ? Andy argumente : « Les nineties n’ont pas été très favorables pour nous. Au cours de cette période, John voulais faire autre chose, mais je ne souhaitais pas le suivre dans ses projets. Il a mené une carrière solo pendant 2 ou 3 ans. Fin des années 90, Futureheads est né. Et je me suis investi pour eux, à la production. Donc, je n’avais plus beaucoup de temps pour faire autre chose. Début des années 2000, des gens du milieu nous ont suggéré de nous réunir. En 2005, on a publié un cd consacré à d’anciens morceaux retravaillés. A partir de ce moment, on a retrouvé un certain plaisir dans l’écriture et on s’est remis à bosser… » Le line up initial s’est même mis à tourner, mais le drummer Hugo Burnham, puis le bassiste Dave Allen se sont essoufflés, cédant alors le relais à une nouvelle section rythmique composée de Mark Heaney et Thomas McNeice. Et enfin, le quatuor a enregistré un nouvel elpee…  

Intitulé ‘Content’, il proposera une édition limitée luxueuse, incluant un tas de bonus, dont une BD imaginée et dessinée par Andy, racontant notamment les 40 années de leur carrière, un livret consacré à leurs lyrics et des fioles contenant leur sang. Une invitation à collecter pour la Croix-Rouge ou une grosse blague ? Et pourquoi ce titre ? Satisfait du résultat ? Andy réagit : « Il est exact que le don du sang et très important aujourd’hui. Et l’idée de cet échantillon de sang constitue la traduction extrême du don de soi, l’idée de ce qu’on peut offrir de soi-même. En fait, c’est encore la manifestation des faces de Gang of Four qui peuvent se révéler à la fois sérieuses et comiques. On a vécu des tas de discussions au sujet du titre de l’album, il y a un an et demi. Et finalement on s’est accordé à le baptiser ‘Content’. En fait, il se réfère au mot ‘contenu’ de ce qu’on peut trouver dans le hardware. Tout ce qui est l’emballage. Le ‘blabla’, c’est pour faire de la pub. Dans la société, il n’y en a plus que pour Google et Internet. Pour vendre leur marchandise, les fabricants d’ordinateurs, de téléphones et autres privilégient le tape-à-l’œil. C’est un peu la garniture du sandwiche. Donc, la pub, c’est le sandwiche et le contenu, la garniture. C’est la raison pour laquelle on a choisi ce titre. On fabrique d’abord la boîte, et puis on y met le contenu. Et donc, on a inséré du contenu dans notre box : musique, paroles, des photos du groupe, des odeurs d’activités humaines, notre sang et l’histoire des quatre décennies de l’histoire du groupe à travers une bande-dessinée (NDR : il montre les maquettes, en épinglant celle de Berlusconi face à une prostituée). On y a inséré des choses importantes, mais également stupides. Le tout sera glissé dans un box métallique. C’est la coloration externe qu’on attribue à notre travail. Comme nous avions déjà fait pour ‘Entertainment’. On voulait aller plus loin dans ce qu’il y avait à offrir ; et des choses qu’on ne peut pas télécharger, comme notre sang… »

Penchons-nous, maintenant sur le contenu de l’album. Tant au niveau des textes que de la musique. ‘It was never gonna turn out too good for me’ est une compo qui parle de l’histoire d’un immigrant débarquant d’Europe de l’Est. On lui reproche d’avoir piqué le travail des autochtones. Explications : « J’ai écrit cette chanson à la première personne du singulier, pour la rendre autobiographique. Je suis né à Manchester. La population s’inquiète parce qu’elle ne trouve pas d’emploi et colporte que ces jobs leur sont piqués par les immigrés, alors que la plupart de ces demandeurs d’emploi n’accepteraient pas de faire ce boulot. On manifeste de la sympathie vis-à-vis des gens qui se plaignent, parce qu’on a l’impression qu’ils ont perdu leur propre dignité. Et cette chanson parle justement de quelqu’un qui perd son amour-propre. J’utilise un vocodeur, sans quoi cette compo serait trop sentimentale. C’est un peu comme si c’était un robot qui parlait ». Dans sa chanson ‘You don’t have to be mad’, on y parle du nouvel esclavage dans le travail. La conséquence du néo-libéralisme qui s’est imposé en Europe, faute de plate-forme sociale commune ? Andy nuance : « Oui, mais l’Europe est beaucoup plus sociale que les Etats-Unis. Là-bas le marché est beaucoup plus libre que chez nous. Sur le Vieux Continent, il y a encore un équilibre entre le privé et le public. Est-ce que le retour à un plus grand socialisme est envisageable ? Ce n’est pas nécessairement une utopie. Les événements évoluent. On devrait davantage s’inspirer du modèle scandinave… » Sur ‘A party all the time’ on entend des chœurs féminins. Les choristes de Chic sont-elles revenues leur filer un coup de main ? Eclaircissements : « Non, en fait, c’est Eddie Reader qui a participé aux sessions. Au début des années 80, elle nous avait accompagnés en tournée comme choriste. A cette époque, nous étions parvenus à la sortir de Glasgow, et surtout de son Ecosse natale. On l’avait d’abord invitée à Londres. C’est une excellente chanteuse, mais très timide. Il y a deux ans on a fait un périple en Ecosse, et elle a téléphoné pour nous demander si elle pouvait venir nous accompagner sur les planches. On a renoué nos relations et elle est revenue à Londres pour participer à la confection de notre album. C’est une vielle copine. »

Andy a un jour déclaré que dans la musique, il aimait la rencontre entre le passé et le futur. Ce qui méritait une explication. « Davantage le passé que le futur. En réalité, il s’agit de la rencontre entre le passé et le présent. Le sens premier a tendance à faire penser que le temps s’arrête au moment présent. Comme si le moment présent était la fin de l’histoire. Bien, sûr, d’un point de vue abstrait, on sait bien qu’il existe un futur. Et on doit se rendre compte, même si on sait que les conditions actuelles pourraient être meilleures, qu’on se trouve au point suprême de notre développement. Nous sommes cultivés. Notre espérance de vie est bien plus conséquente. On dispose de GSM et de l’Internet. Et quand on regarde dans le passé, on se dit que les gens devaient être bizarres. Etaient-ils vraiment comme nous ? Je pense que quel que soit le moment de l’histoire, les événements sont en constante évolution. Imagine les Victoriens des années 1890, ce qu’ils devraient penser de nous. Parce qu’on est au sommet de la civilisation. Et quand on observe leur organisation, on se dit qu’ils avaient des idées singulières. Notamment au niveau se la sexualité. Vous savez, les pays occidentaux ont toujours tendance à se considérer comme les plus civilisés, alors que lorsqu’on analyse les tranches d’histoire, elles sont émaillées d’actes de sauvagerie. Sur ‘Do I say’, une chanson de l’album, je joue le rôle de l’exécuteur et John de l’exécuté. Attaché à un pieu, il va être brûlé pour des raisons idéologiques. Il y a un dialogue entre nous deux. L’exécuteur dit que le coupable a tort ; et ce dernier lui répond qu’il n’est pas un mauvais type, qu’il est semblable à son bourreau. C’est comme si cette histoire se déroulait au XVIIème siècle et soudain, elle rebondit, au XXIème… En fait, on crée un lien entre ces deux époques. Au cours de la première, il y avait les sorciers et aujourd’hui, les terroristes… »

Punk funk ou funk blanc ? Quelle est la réaction de Gang of Four par rapport à toutes ces étiquettes collées par les journalistes ? « Il existe beaucoup d’influences chez Gang Of Four. Chacun d’entre nous a grandi en écoutant des choses différentes. Depuis James Brown à la Motown en passant par Bob Dylan et le reggae primaire de Desmond Dekker. Pourtant, aucun d’entre eux n’a été une influence majeure pour notre musique. Et si cela a été le cas, c’était de manière très subtile. A nos débuts, on a essayé de créer notre propre langage musical. On n’a pas voulu reprendre un rythme de batterie conventionnel, mais créer un rythme typique, qu’on ne retrouve pas ailleurs. On est parti de zéro. On a créé le beat sur lequel on a greffé la basse. A vrai dire, j’ai toujours été davantage fasciné par le rythme que par la mélodie. Pour le rock’n roll. Alors que notre culture occidentale a été, pendant des siècles, bien plus branchée sur la mélodie que le rythme. C’est ce qu’on appelle le groove. Ce qui fait bouger les gens. C’est ce que je cherche. Et certainement pas plagier James Brown. Simplement développer un concept qui rend le métier plus excitant. Et au final, il reste à poser des mots sur ce rythme. Des mots qui ont du sens. Des mots qui collent au rythme. Ce qui contribue à créer un univers fascinant… » Le blues opère un retour en force. Des formations comme White Stripes ou Jim Jones Revue en sont les plus belles illustrations. Andy a toujours admiré Dr Feelgood. Mais qu’aime-t-il chez cette formation de pub rock ? Andy s’explique : « Il sont arrivés au beau milieu des années 70. Bien avant le punk. C’était un groupe dont la musique était rafraîchissante et excitante en même temps. Il véhiculait une image menaçante et fascinante. Il était aux antipodes de Grateful Dead. Leurs sets étaient efficaces, mécaniques, bourrés d’énergie et recelaient une petite dose de sexualité. Une alternative à Muddy Waters. Mais interprétée d’une manière magistrale, puissante. Il faut les avoir vus en public (NDR : je partage son avis…) Ils m’avaient impressionnés. Probablement un des meilleurs sets auxquels j’ai pu assister. C’était une célébration de l’artificiel. Ils s’amusaient sur scène. Les Sex Pistols sont également importants, mais ils étaient négligés. Dr Feelgood aimait la précision. Il me faisait penser à une voie de chemin de fer. Linéaire. Tout était en place. Les Sex Pistols, c’était du barbouillage. L’influence que nous avons retirée de Dr Feelgood, c’est son sens de la dramatisation sur scène et la rythmique… »

L’album ‘Content’ sort ce 25 janvier 2010 !

Merci à Vincent Devos

mercredi, 19 janvier 2011 22:44

The torture never stops (Dvd)

Frank Zappa est décédé en 1993, des suites d’un cancer. Il avait 53 ans. De son vivant, il a publié 57 albums. En 27 années de carrière, excusez du peu ! Une carrière au cours de laquelle il a goûté un peu à tous les styles. Et surtout expérimenté. Si Stravinsky, Boulez, Satie ou Mozart étaient des maîtres pour le natif de Baltimore, Frank est considéré comme une référence incontournable pour une foule d’artistes issus de la scène musicale contemporaine. Rock, pop, prog, métal, funk, psychédélique, jazz rock et j’en passe. Son toucher de guitare unique en son genre et son sens de l’autodérision lui ont conféré un statut d’artiste à la fois hyperdoué et iconoclaste.

Ce Dvd immortalise un concert accordé au Palladium de New York en 1981, pour fêter Halloween. Un rituel pour Zappa, puisqu’il s’était déjà produit à 4 reprises auparavant, dans cette enceinte. Sur les planches, Frank Zappa est vêtu d’une combinaison rose. Il est soutenu par des instrumentistes triés sur le volet : les guitaristes Steve Vai et Ray White, le claviériste Tommy Mars, le bassiste Scott Thunes, le drummer Chad Wackerman, le percussionniste Ed Mann et le claviériste/saxophoniste Bobby Martin. Si la plupart des collaborateurs participent aux backing vocaux, Steve et Scott s’investissent davantage au chant, et se réservent même le lead vocal sur l’une ou l’autre compo. Outre sa six cordes et sa voix ténébreuse, mais bien timbrée, Zappa mène tout son équipe à la baguette, mais de chef d’orchestre… Les 24 titres sélectionnés sur ce Dvd sont, pour la plupart, issus de « You are what you is » (1981), « Tinseltown rebellion » (1981), « Sheik Yerbouti » (1979) et « Zoot allures » (1976).

Contrairement aux idées reçues, sa musique est loin de provoquer la prise de tête. Elle est même très agréable à écouter. Le sens mélodique est très soigné, la performance des musiciens impressionnante et les images rendent parfaitement l’atmosphère du set. Au cours duquel il s’autorise même quelques incursions dans le cabaret, le reggae, le tango et même le hip hop (« Bamboozled by love »). Sans oublier de nous balancer un pastiche du « Money » du Floyd. Le tout est saupoudré par l’humour au second degré manifesté par Zappa. Enfin, petite impression personnelle, mais les compos les plus prog et éthérés, me font parfois penser à Todd Rungren. Plus de deux heures de bon temps, puisque le Dvd est enrichi de deux titres supplémentaires ainsi que du clip délirant de "You Are What You Is".

 

mercredi, 19 janvier 2011 22:23

Burning your house down

Ex-Thee Hypnotics, Jim Jones a donné le nom à son groupe, en y ajoutant le terme de Revue. Un quintet qui compte à ce jour deux opus studios ainsi qu’une compile de singles et de flip sides. « Burning your house down » constitue donc le second elpee. Un disque mis en forme par Jim Sclavunos, le drummer des Bad Seeds de Nick Cave et de Grinderman. Et première constatation, la production est nettement plus léchée que celle dont avait bénéficié leur long playing éponyme.

Dans la musique de The Jim Jones Revue, il y a une constante, presque une trame : le piano. Des ivoires jouées le plus souvent frénétiquement, à la manière de Little Richard. C’est d’ailleurs une des références du groupe. Qui pratique, le plus souvent un rock’n roll/blues/garage hanté également par des légendes comme Jerry Lee Lewis ou Chuck Berry. Le fantôme d’Eddy Cochran plane même tout au long du titre d’ouverture, « Dishonest John ». Et celui de Lux Interior (The Cramps) sur le boogie woogie « High horse ». Du boogie woogie qu’on retrouve sur le titre final, « Stop the people ». Quelques plages adoptent un profil plus hard’n blues. Puisé au beau milieu des seventies. Dans l’esprit de Humble Pie. Et je pense tout particulièrement à « Big len » et le titre maître, une nouvelle version d’une compo qui figurait sur la compile. « Elemental » est également une plage incluse sur « Here To Save Your Soul », mais revisitée pour la circonstance. Un rockabilly excentrique et paradoxalement très riche : « Killin’ Spree ». Et puis une piste réminiscente de l’album « Rock 'n' Roll » de John Lennon : « Shoot first ». Pour le reste, on a droit à du punk’ roll sauvage, survolté et bourré de charme ; même la plage mid tempo « Righteous wrong » arrache. Un peu comme la voix de Jim Jones, d’ailleurs. Bref, un disque qui vous donne la banane pour toute la journée : ‘Rock 'n' Rolllllllllllllllllllllllllllllllllllll…’

mercredi, 19 janvier 2011 22:12

Kill City

Enregistré en 1975, cet elpee n’a été publié que deux ans plus tard. Et sous la forme d’un vinyle de couleur verte. Une véritable catastrophe au niveau du son. Pas à cause de la musique ou de la production, mais du matériau utilisé. Il vient donc d’être réédité sous la forme du compact disc. Mais également remasterisé, remixé et certains extraits de chansons demeurées à l’état de démo, réintroduits. Et ce sont Williamson et l’ingénieur du son Ed Cherney qui se sont chargés de cette réhabilitation. Pour un résultat vraiment étonnant.

Mais revenons au milieu des seventies. Les Stooges viennent de se séparer. Iggy Pop est confronté à de graves problèmes d’addiction aux drogues dures. Dépressif, suicidaire, il décide de se faire soigner en hôpital psychiatrique. Et lorsqu’il sort complètement ‘clean’, il se raccroche au guitariste de son ancien groupe, James Williamson, pour enregistrer quelques démos. Elles serviront à la confection de « Kill City ». Mais à cette époque, aucun label ne veut leur faire confiance, et finalement le disque ne sortira qu’en 1977, sur Bomp ! dans l’indifférence générale. D’autant plus que Bowie vient de relancer la carrière de l’Iguane en l’aidant à publier « The Idiot » et « Lust for life »…

Iggy Pop et James Williamson étaient de grands admirateurs des Stones ; et tout au long de ce disque, on ressent parfaitement cette passion pour la bande à Jagger/Richards. Surtout celui de l’époque « Beggars Banquet », « Let it bleed » et « Sticky fingers ». La meilleure quoi ! Un constat flagrant sur des plages comme la ballade mid tempo « Sell your love », « Beyond the law » et son final déjanté, le rocker percutant « Consolation prizes », parfois réminiscent de « Jumpin’ Jack Flash » et enfin « Lucky monkeys », dont le climat malsain est entretenu par les riffs de guitare filandreux et un harmonica spectral. Le duo adresse deux clins d’œil appuyés à Alice Cooper. Paradoxalement, deux compos écrites à l’époque des Stooges. D’abord sur « I got nothin’ ». A cause de la véhémence des vocaux d’Iggy, même si parfois, dans le refrain, on a l’impression qu’il parodie le « Knockin’ on a heaven’s door » de Dylan. Et puis tout au long de « Johanna », parcouru par le saxophone volubile de John Harden. La remise en forme de l’elpee remet bien en évidence la qualité des différentes interventions instrumentales, et en particulier ces parties de saxophone. Deux morceaux s’écartent cependant de la ligne de conduite de cet elpee. Tout d’abord l’ouverture et titre maître, plus Stooges que nature ; et puis en final l’étrange instrumental atmosphérique, parcouru de claviers et de synthés, « Master charge ». De brève durée, les deux autres plages instrumentales n’ont strictement aucun intérêt. A se demander si, à cette époque, cet album avait pu bénéficier d’une mise en forme correcte, il ne serait pas devenu culte…

 

mercredi, 31 décembre 2003 01:00

Long gone before daylight

Je dois avouer que les quatre premiers elpees de ce quintette suédois m'avaient beaucoup plu. Et en particulier " Life " (95) et " Gran turismo " (98). Le premier à cause de son style texturé à la fois dans le jazz, le surf, le music-hall et le postcard (Smiths, Orange Juice). Le deuxième parce qu'à la recherche de sonorités électro-atmosphériques que ne désavoueraient pas Pizzicato Five ou Bel Canto, il épinglait quelques hits particulièrement savoureux ; et je pense tout particulièrement à " My favourite game " ou encore à " Erase rewind ". Probablement à court d'inspiration, les musiciens s'étaient alors lancés, chacun de leur côté, dans des expérimentations individuelles. Pour la plupart passées inaperçues, même si " A camp ", le projet solo de Nina Persson, avait reçu une bonne critique. Les aficionados auront donc dû patienter cinq longues années pour voir sortir ce " Long before daylight ". Mais attendre une demi-décennie pour sortir un tel navet frôle d'indécence. Paraît que le groupe a voulu en revenir à une forme musicale davantage épurée. Plus basique, si vous préférez ! Mais j'ai plutôt l'impression que la formation a passé son temps à écouter le catalogue de Sherryl Crow en boucle. Ce qui explique aussi pourquoi les arrangements sont toujours aussi soignés. Mais hormis l'électrique et vivifiant " A good hour ", le reste de l'opus regorge de ballades sirupeuses. La pilule passe pourtant chez " And they kissed me ", à cause des claviers fluides, rognés, judicieusement infiltrés. Ou encore sur " Live and learn ", davantage inspiré par la country américaine ; et paradoxalement seul titre sur lequel Ebbot Lundberg (Soundtrack Of Our Lives) participe (NDR : qu'est-ce qu'il est venu faire dans cette galère ? Gagner du blé, sans doute…) Et ne rigolez pas, en finale, les Cardigans ont même eu le culot d'intituler une de leurs chansons " 03.45 : No sleep ". Manque pas de toupet ! Qui a dit soporifique ?

 

mercredi, 31 décembre 2003 01:00

Antenna

J'ai bien peur que ce quatuor bostonien ne se morde les doigts d'avoir signé chez un major. Enfin, pour l'Europe. La vieille Europe. Car de son nouvel album, je n'ai entendu que très peu d'écho. Ce qui est une profonde injustice, car Cave In vient de signer ici son meilleur opus. Bien sûr, ceux qui regrettent le caractère hardcore de leurs premiers disques vont définitivement tourner la page. S'ils ne l'avaient déjà pas fait après la sortie de " Jupiter ". Personnellement, je préfère cette nouvelle démarche. Toujours aussi électrique et cinglante, mais moins caustique et plus raffinée. Plus chatoyante et plus mélodique, elle met davantage en évidence les harmonies vocales. Limpides, cristallines, elles peuvent s'appuyer sur le timbre velouté de Stephen Brodsky, dont la voix me fait penser à un hybride entre Mark Chadwick (Levellers) et John Wetton (King Crimson). Une voix qui épouse même parfois les courbes instrumentales, comme à l'époque du prog rock. Produit par Rick Costey (Audioslave ; mais ce n'est pas une référence !), " Antenna " conjugue mélancolie, violence et expérimentation avec beaucoup de bonheur, oscillant du tempétueux et baroque (" Strained silver ") à la cold (en faisant abstraction du tempo, " Youth overrided " aurait pu relever du répertoire des Chameleons ), en passant par la pop rafraîchissante ( balayé de guitares bringuebalantes, " Beautiful son " me rappelle le meilleur House Of Love) ou contagieuse (" Anchor " et " Woodwork ", ainsi qu'" Inspire ", nonobstant son groove sale et viscéral), la britpop complexe circa Radiohead (" Breath of water), le métal zeppelinien (le furieux " Rubber and glue ", l'écorché et palpitant " Penny racer ") et bien sûr la prog (si " Joy opposites " palpite au son des oscillations galactiques, " Seafrost " ressemble à une odyssée cosmique, épique, presque floydienne, enrichie par une basse qui rôde et des accès de jazz aventureux). L'elpee recèle également une chanson écrite début 2002, réenregistrée et réarrangée, qui bénéficie pour la circonstance de deux chorus au lieu d'un seul : " Lost in the air ". Un bien bel album !

mercredi, 31 décembre 2003 01:00

Nocturama

Enregistré début 2002 en une semaine, lors d'une pause accordée au beau milieu de la tournée australienne destinée à promotionner le précédent opus " No more shall we part ", " Nocturama " constitue le douzième album des Bad Seeds. Un groupe au sein duquel milite toujours les deux guitaristes Blixa Bargeld (Bad Seeds originels et Einsturzende Neubauten) et Mick Harvey, déjà impliqué chez Birhtday Party. Produit par Nick Launey (Kate Bush, Eric Clapton, Silverchair, Talking Heads), ce nouvel elpee souffle le chaud et le froid. Le froid tout d'abord. Parce que sur la moitié des compositions, Cave nous refait le coup du crooner. Parfois on a même l'impression qu'il se prend pour Neil Diamond. Et ce ne sont ni le piano sonore, ni les accès de violon tzigane qui parviennent à changer cette impression de déjà entendu. Seuls les lyrics sauvent, quelque peu, la situation. Des textes venimeux, à l'humour noir, acide et décalé, qui racontent des histoires peuplées de personnages effrayants et bizarres, d'amours déchirés et de morts inquiétantes, des textes reflétant les phobies et les obsessions les plus sombres de l'artiste. Mais dans ce domaine, il est nécessaire de bien comprendre toutes les subtilités de la langue de Shakespeare. Heureusement, Cave se ressaisit au fil de l'album. Pas tellement lors de son duo échangé avec l'ex chanteur des Saints, sur la pop song hymnique et contagieuse " Bring it on ", mais surtout chez le salace et teigneux " Dead man in my bed ". Toutes orgues vrombissantes dehors, les guitares débridées, psychés, il évolue enfin sur un tempo enlevé. Ensuite sur " There is a town ", fragment torturé, hypnotique, mais imprimé sur un mid tempo. Et enfin tout au long du remarquable " Babe I'm on fire ". Une prière hallucinatoire, démoniaque, lugubre, de plus de 15 minutes, découpée en 43 couplets, qui libère un groove épileptique, sulfureux et malsains, comme seuls les Bad Seeds sont capables de se rendre coupable. Pensez à "From her to eternity". Dommage que tout le morceau de plastique de soit pas de cette trempe. Nick Cave aurait-il pris un coup de vieux ?

mercredi, 31 décembre 2003 01:00

Love you just the same

Quelques semaines après la sortie de l'album de South San Gabriel, Centro-Matic nous revient avec son septième opus. Pour rappel, je vous signale que SSG est le projet à géométrie variable de C-M. A l'instar de " Distance and clime " et d'" All the falsest hearts can try ", ses deux précédents elpees, " Love you just the same " recèle des mélodies pop contagieuses empreintes de douce mélancolie, découpées par une six cordes acoustiques bourrée de feeling ou alimentée par l'intensité blanche sale, crazyhorsienne, chargée de feedback, des riffs de guitare. Des mélodies pop fragiles, hantées par des accords de piano au mauvais œil ou des claviers gémissants, agitées par un tempo aride, poussiéreux, écorchées par le violon grinçant de Scott Danbon, et égratignées par le timbre vocal, légèrement éraillé, déchirant, mais tellement attachant de Will. Un compositeur prolifique qui n'a pas besoin de moyens extraordinaires pour composer des chansons qui sortent de l'ordinaire. Pour cet opus, la formation a voulu recréer le son le plus brut possible ; celui qui a fait leur réputation sur les planches. Matt Pence, le producteur/drummer l'a donc un peu joué à la Steve Albini, parvenant ainsi à réaliser une combinaison étrange entre urgence émotionnelle et accessibilité pop. Une chanson comme " Reset anytime ", n'a d'ailleurs jamais été aussi proche de l'univers d'un Grandaddy. Mais sans le moindre artifice électronique…

mardi, 31 décembre 2002 01:00

Come with us

Pour enregistrer leur précédent opus, Tom Rowland et Ed Simons avaient reçu la collaboration d'une belle brochette d'invités, parmi lesquels figuraient Bernard Summer, Hope Sandoval, Bobbie Gillepsie, Noël Gallagher et Jonathan Donahue (Mercury Rev). Et ces expérimentations avaient permis au Chemical Brothers d'accoucher d'un album presque parfait, intitulé " Surrender ".

Le duo n'a pas eu la même chance pour concocter ce " Come with us " ; à moins qu'il n'ait voulu revenir à un style plus synthétique. Seul Beth Orton, mais pour chanter la ballade mi-figue mi-raisin " The state we're in ", et Richard Ashcroft pour magnifier le meilleur morceau de l'opus, " The test ", ont participé aux sessions d'enregistrement. Résultat des courses, une bonne moitié de l'elpee ressasse une forme de disco/techno/house beaucoup trop prévisible. Reste quand même quatre fragments qui sortent du lot. Tout d'abord, le titre maître. Une composition qui surfe sur des vagues ondulatoires de claviers sinueux, une houle sonore agitée par des code en boucles : les Beastie Boys rencontrent les Young Gods ! " It began in Africa ", ensuite. De la techno percussive, viscérale, obsessionnelle, au groove pulsant. Qui infecte également le single " Star guitar " ; mais davantage dans l'esprit de " Jus 1 kiss " de Basement Jaxx. Et enfin, et j'y reviens, la superbe composition atmosphérico-psychédélique à laquelle participe l'ex chanteur de The Verve. Pour le reste rideau. 18 mois de studio pour accoucher d'un tel album, c'est un peu léger…