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Les décibels de Chatte Royal…

Le premier elpee de Chatte Royal, « Mick Torres Plays Too Fucking Loud », paraîtra ce 8 mars 2024. Fondé en 2020 par Diego Di Vito, Dennis Vercauteren et François Hannecart, et rejoint par Téo Crommen en 2021, il compte deux Eps à son actif, « Septembre », en…

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Shaka Ponk - 14/03/2024
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Concerts

Vanessa Paradis

Divine idole…

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Vanessa Paradis fêtera ses 35 ans le 22 décembre prochain. Responsable d’un 5ème album, paru le 3 septembre dernier, la native de Saint-Maur des Fossés, dans le Val-de-Marne, est donc partie en tournée pour défendre ce nouvel opus intitulé « Divinidylle », un périple d’une vingtaine de dates à travers la France qui passait par le Zénith de Lille…

La première partie est assurée par l'incendiaire Ben Ricour, mais Vanessa Paradis laisse le feu s'étouffer. Le public est stoïque: après avoir attendu la belle durant des années, il serait mesquin de compter les minutes. Puis quand la chanteuse arrive sur scène, elle frappe fort: un tube? Absolument pas, elle joue la carte d'un "Irrésistiblement" méconnu qui plante le décor note par note. Plutôt que de captiver la foule d'emblée, elle lui offre le temps de faire le tour du propriétaire. Cette coupe style corbeau-mort-en-plein-vol… oh, mais c'est Matthieu Chédid puis derrière… Patrice Renson… et oh… Albin de la Simone, Jérôme Goldet, Olivier Lude… Vraiment c'est coquet chez vous mademoiselle! Leur présence était annoncée mais c'est comme à Noël: on a vu les paquets sous le sapin, on a deviné ce qu'il y avait dedans mais on ne peut pas s'empêcher, une fois le papier tombé, d'être rassuré et euphorique devant l'objet tant convoité.

De chuchotements en applaudissements, les présentations sont faites, les choses sérieuses peuvent commencer avec un endiablé "Divine idylle". Toute menue dans son slim, Vanessa en impose. La maturité a envahi l'artiste jusque dans sa voix, elle pétille et ondule avec une féminité exacerbée. Accrochée à son micro c'est une mini démo de lap dance qu'elle exécute sur le refrain entêtant, repris en cœur par sept mille personnes. L'ambiance est montée de dix crans mais déjà Mathieu Chédid annonce dans le duo qu'il faut changer ‘Les piles’. Et là: le doute. On regarde le guitariste, un peu sous la contrainte puisqu'on ne voit que lui, et la perplexité s'installe. Le soldat rose est talentueux, polyvalent… mais encombrant! A force de digressions ‘chédidiennes’, on perd le fil du concert qui s'englue. Les morceaux sont doux et chaleureux, le "Dis lui toi que je t'aime" est fort mais l'accumulation de ballades se perd dans une salle trop grande. Le public décroche un peu, assez pour hurler sur des morceaux intimistes. Et il faut avouer qu'un ‘Vanessaaaa’ à l'accent chti, ça vous casse la plus subtile interprétation de "Junior Suite".

Difficile de savoir sur quel pied danser, surtout quand la chanteuse relance la schizophrénie avec son interprétation procédée de "La bataille". Morceau tout aussi parfait que le "Joe le Taxi" audacieusement revisité quelques instants plus tard.

Les doutes se dissipent dans les rappels, tardivement mais totalement. On est réconcilié avec le guitariste voleur de projecteurs, doigts de fée obligent. Mais surtout, l'idole est divine, généreuse, touchante. Elle rayonne dans son medley et ses reprises: au terme d'"Emmenez-moi" d'Aznavour, on la conduirait jusqu'en enfer. Et quand, en clôture, elle entonne "Le tourbillon", seule en scène, à capella, l'évidence s'impose: Vanessa Paradis sait s'entourer de musiciens habiles, mais elle n'a besoin de personne pour être éblouissante.

The Electric Soft Parade

Un peu trop soft…

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Les frères White avaient surtout privilégié, au cours des dernières années, leur side project, The Brakes. Ces Britanniques (Brighton) viennent de réactiver leur véritable groupe : The Electric Soft Parade. En concoctant tour d’abord un troisième album, "No need to be Downhearted", paru en avril dernier. Et puis en partant en tournée. Leur périple passait par le Botanique de Bruxelles. Malheureusement, c'est dans les caves du Bota que leur set s’est déroulé. Le climat intimiste de leur musique aurait mérité la belle Rotonde, mais cette dernière était déjà occupée par nos compatriotes du collectif ‘Massacrés belge’. Aussi, c'est balayé par les courants d'air venant du bar et parmi les fauteuils rouge et feutrés et que le spectacle s’est déroulé.

La première partie est assurée par un étrange bonhomme. Son look androgyne me fait penser au chanteur de Simply Red, Mick Hucknall. Encore qu’il porte un chignon pas possible. Sa voix est puissante et surprenante. Il est accompagné par une bande son produite par un laptop. Son ami, à l’allure tout aussi équivoque, le rejoint un peu plus tard pour rendre un hommage à James Bond en interprétant le célèbre « Gold Finger »…

Paru en 2003, le deuxième opus d’Electric Soft Parade (« The American Adventure ») n'avait pas confirmé le succès du premier (« Holes in the wall »), un elpee sorti en 2002. De bonne facture, le troisième baigne dans une sorte de psychédélisme soft. Il était donc intéressant de voir et surtout d’entendre le résultat de la transposition live. Alternant climats empreints de quiétude et compos plus enlevées, le groupe accomplit une prestation sans faille, mais également sans éclat. Ni fièvre, d’ailleurs. Et le public plutôt cool semble écouter la prestation d’une oreille distraite. Certains n’écoutent même parfois plus rien du tout, préférant tailler une bavette avec le voisin. Faut dire que côté communication le groupe se montre très réservé. Très poli, également. A l’instar de la musique. Petits mouvements de têtes repérés dans le public lors de "Start Again" ou "Silent to the Dark" ; mais manifestement les spectateurs auraient espéré davantage de punch de la part de la formation. Et la formation aurait sans doute souhaité davantage de réaction de la part du public. Bref, l’un ne va pas sans l’autre. Mais manifestement, ça ne bouge pas autant que chez le projet alternatif de Thomas et Alex White…

(Organisation Botanique) 

 

 

 

Le Peuple de l’Herbe

L’énergie verte du Peuple de l’Herbe

Écrit par

La soirée du 25 octobre 2007 s’annonçait festive. En effet, Le Peuple de l’Herbe et Asian Z se produisaient ce soir-là dans le cadre de l’Audi Jazz festival, à l’Orangerie du Botanique. Les premiers étaient venus présenter et défendre leur dernier album « Radio Blood Money », les seconds m’étaient complètement inconnus et éveillaient en moi une curiosité amusée.

En surfant sur leur site, l’univers d’Asian Z m’a semblé farfelu, volontairement immature et particulièrement cocasse. Deux heures avant le concert, Spagg du Peuple de l’Herbe me confiait lors de l’interview : ‘Tu connais Asian Z, ils passent avant nous ? Tu vas voir c’est assez particulier, moi j’adore !’ Cette phrase est venue tout naturellement aiguiser ma curiosité à leur égard.

Sur le coup des 20h, la foule venue en nombre s’agglutine à l’entrée. Juste le temps de déposer mon sac et mes affaires au vestiaire. ‘Bad done’, le vestiaire est fermé. Et je suis forcé d’entrer dans la salle avec tout mon barda. J’essaye de dénicher une place près de moi pour les déposer, je sors l’appareil photo, mon carnet de notes, et je regarde se dérouler devant mes yeux ébahis un spectacle complètement délirant monté par cinq Japonais.

Asian Z plaque ses chansons sur fond de karaoké. Les titres sont projetés sur un écran placé dans leur dos. Les paroles reproduites en japonais, en phonétique et leur traduction en français clignotent entre des images et des phylactères dignes d’une bd. Nous sommes pongés en plein univers manga. Tels des samouraïs, la posture fière et le verbe fort, la pop/rock un rien eighties d’Asian Z enrobe le spectacle, et propulse une énergie sympathique et communicative. Il faut lire ces traductions pour essayer de suivre. On y parle de poils, de ‘rasage de chatte’, de trous du cul poilus, d’alcool à outrance, etc. Deux minuscules danseuses japonaises se dandinent derrière le chanteur, levant les bras et sautant sur une chorégraphie apprise par cœur. Le public derrière moi prête plus attention aux textes qui défilent, et se marrent en lançant des ‘rhooo’ à tout va. Je crois que, comme moi, il se demande si tout ça est bien sérieux. Manifestement, ils en ont tout l’air. De nombreux ados postés aux abords de la scène se fendent la poire et se délectent de la prestation. Hurlant pour un rien, tels des groupies de la première heure. Une ambiance ‘bon enfant’ se trame ; et après 9 chansons les Japonais (quoique Lyonnais d’adoption) prennent congé de la salle.

21h00. Les roadies s’affairent, les instruments et l’univers des prochains acolytes s’échafaudent. ‘Le Peuple de l’Herbe’ me gueule dans l’oreille un jeune chevelu, ‘mais ouais vieux !!’ lui rétorque son camarade. Ces deux énergumènes seront collés dans dos et à mes oreilles tout le long du concert, répétant sans cesse ces deux phrases énervantes au possible. C’est recta, à chaque coup je me tape un voisin de concert débile. Mais ces deux-là, c’est le pompon.

21h10. Le bruit des hélices d’un hélico vient ouvrir le jardin où Le Peuple de l’Herbe (‘mais ouais vieux !’) semble impatient de jouer. La batterie de Psychostick trône au centre. A l’arrière. A gauche, Dj Pee a les yeux rivés sur le laptop et ses platines. A droite Spagg se consacre aux claviers et à la basse. Une basse, qui fait pour la première fois son apparition sur scène, lors de cette tournée. Plus à droite encore, N’Zeng s’occupe aussi bien des claviers, de la programmation, du chant que des cuivres. Le décor est fidèle à l’univers graphique de la pochette du dernier opus ? Nous sommes embarqués dans une machine de guerre aux reflets métalliques. Nous nous dirigeons vers une ville perdue où un groupuscule d’irréductibles hisse le pavillon de la révolte. « Viva La Revolucion » ouvre les festivités Conséquence : le public s’enflamme autant que les artistes. Très vite JC001 débarque sur les planches, le pas chaloupé et la casquette vissée jusqu’aux oreilles. Sa voix caverneuse débite un flow mortel, et se lance aussi dans des ‘beat box’ vraiment excellents. Le tout sans postillons. Ce qui est une prouesse et nos objectifs lui sont reconnaissants. En vraie bête de scène, JC001 est souvent accompagné par N’Zeng ou/et par Sir Jean. Ce dernier est d’ailleurs accueilli en guest star par un public déjà conquis. La participation de Sir Jean sur le dernier elpee a des effets positifs sur le groupe qui l’a du coup embarqué dans ses valises. Tel un chef de tribu, il balance ses tresses et son dynamisme est propulsé par l’élément fédérateur du groupe : la trompette. Car si star il y a ce soir-là, c’est bien elle. Scintillante de mille feux, elle souffre contre les joues tendues de N’Zeng. Cet instrument nous rappelle un peu le sens du festival et le pourquoi de sa présence en ces lieux: le jazz. Ce dernier se dissipe assez vite entre les morceaux trip hop/dub/jungle du groupe, mais n’est jamais complètement enterré. Les nouveaux titres de « Radio Blood Money » ont un peu de mal à tenir l’énergie que diffusent les morceaux plus anciens des précédents albums comme « PH Theme », « Dawg Beat » ou « Cow Boy ». Le public semble ne pas avoir encore imprimé, complètement dans sa mémoire, les derniers titres. Il faut dire que l’album n’a que deux mois d’existence ; et ce sont ses premières transpositions scéniques. A l’instar du morceau « Plastic People » plus agressif dans sa conception, « Radio Blood Money » est plus tranché. Le temps sera nécessaire pour sa digestion. Malgré tout, des compos telles tels que « Judge Not », « History Ghost » ou « Traces » passent bien la rampe. On pourrait regretter le manque de freestyle ou d’impros lors du set, juste pour sentir mieux encore, l’unité et le sens d’équipe que les Lyonnais développent tout le long de leur prestation. Tout est bien huilé, bien calé, bien calculé. Il n’empêche qu’une ambiance surchauffée reste bien présente et les 75 minutes de concert s’écoulent à toute vitesse.

Au premier rappel, le groupe nous gratifie d’un quart d’heure supplémentaire, mais ne semble pas encore fatigué. C’est à l’issue du second, d’une durée de 10 minutes, qu’il décide de prendre congé de l’audience. 100 minutes : c’et le timing de cette soirée. On en a eu pour notre argent. D’ailleurs, l’énergie transportée par le public le long des couloirs, en se dirigeant vers la sortie, est la preuve qu’elle s’est collée à nous, et que nous continuerons à la diffuser un bon moment encore. Je rentre chez moi content mais encore surexcité. C’est que c’est tenace Le Peuple de l’Herbe, mais ouaiiiiis vieux …

(Organisation Botanique)

 

 

Zazie

Totem Rock

Écrit par

‘P*tain ça envoie grave’, m'a dit un copain croisé par hasard à la sortie du concert qu'ont donné Zazie et son groupe mercredi soir, au Nikaïa, à Nice. Puis il est reparti vers son studio d'enregistrement, où il travaille à la production du prochain album d'un groupe de hard rock local. Si je cite cette anecdote personnelle, c'est pour tordre le cou à l'image variété-proprette qui colle à Zazie depuis ses débuts, époque où elle gambadait dans un champ en fredonnant "Soyons zen". Après 15 ans de carrière, la musicienne a depuis longtemps débordé du cadre marketing dans lequel on a tendance à la placer. Et surtout, en rencontrant Jean-Pierre Pilot (claviers) et Philippe Paradis (guitare), avec qui elle a composé ses deux derniers albums, elle a participé à la formation d'un groupe. Ce qui passe sur scène depuis lors (impliquant Nicolas Fiszman à la basse, Matthieu Rabaté à la batterie, et Cédric Bevilacqua à la guitare) n'est donc pas une jolie chanteuse encadrée de requins de studio recrutés pour assurer le minimum syndical, mais un groupe pop/rock qui prend son pied à jouer ensemble, et surtout ne pose aucune barrière de style.

Mais avant d'entamer le plat de résistance, il serait dommage d'oublier la première partie, Vincent Baguian. L’ami et le complice de Zazie. Ils ont bossé ensemble (le très ironique "Je ne t'aime pas", entre autres). En outre, Baguian partage avec elle l'amour des textes travaillés, qui pourrait tenir même sans musique. S’il n'est clairement pas un ‘chanteur à voix’, il n'en est pas moins capable de faire surgir l'émotion entre l'humour et les considérations existentielles. Ses quelques chansons, tirées de son dernier album "Ce soir c'est moi qui fait la fille" (dont la chanson éponyme) remportent incontestablement l'adhésion du public.

Baguian parti, le concert commence donc par les premières mesures de "Tous des anges", en version nettement plus énergique, annonciatrice de la suite. Un immense rideau noir cache la scène, les lumières ne permettant de distinguer que la silhouette des musiciens. Curieusement ce soir, un énorme courant d'air en direction du public gonfle le rideau, tel une grande voile, et quelques membres de la sécurité sont obligé de le maintenir… Ce rideau tombe au 2eme couplet et les guitares se mettent à grogner, dont celle de Zazie (en open tuning). L'ambiance est tout de suite posée : loin de l'electro du Rodéo Tour, ça sera bien du rock.

"Fou de toi", pour achever de lancer la machine, puis "Des rails", premier single du dernier album, parce que même si le groupe n'aime rien tant que revisiter son répertoire de manière surprenante, il s'agit tout de même du ‘Totem Tour’.

Sur "On éteint", chanson à l'intensité pesante, les lumières d'Andy Watson (Radiohead, Oasis) font merveille. N'importe où ailleurs, une énorme boule disco posée sur la scène serait d'un kitsch achevé, ici elle souligne parfaitement l'ambiance du morceau.

Après "Oui", jolie ballade mélancolique, suivent "Je suis un homme", single cartonnant actuellement en radio, et "Jet Lag", deux rythmiques ‘au pilon’, précises et efficaces, qu'il aurait sans doute mieux valu continuer encore un peu sur cette lancée plutôt que de revenir à un mode plus calme lors de "L'ange blessé", un peu mièvre, "Larsen" et "Flower Power", joyeux délire néo-baba-cool, et "J'envoie Valser", ballade jouée à 4 mains sur le rhodes avec Nicolas Fiszman.

Deux ‘inédits’ ensuite, "Jacques a dit", originellement composé pour Christophe Willem (et mieux chantée que par lui, diront certains), et "Haut les mains". On repart enfin vers des contrées plus électrifiées tout au long de "Toc toc toc", un des morceaux phare de la tournée précédente, puis "Totem", dans la continuation de la thématique charnelle du précédent. La maîtrise de son timbre, passant du suave au rauque, la sexualité des morceaux ("Totem" surtout) assumée sans vulgarité aucune, le superbe travail des lumières, font de ces chansons de beaux moments de rock pur et dur. Là encore, on voudrait que ce climat perdure ; mais à nouveau le calme revient lors de l’interprétation de "Si j'étais moi", chanson introspective et pourtant pudique, mais dont le final en vocalises mélangées à la guitare de Philippe Paradis flanque des frissons. Autres points forts, "J'étais là", un texte lucide et violent, ainsi que "Rodéo", forcément attendu, qui malheureusement semble emporter la fosse seulement vers la fin. Rebaisse de régime sur "Au diable nos adieux", et remontée encore pour "Na", qui oscille en permanence entre la blague potache et le cri de désespoir.

Après une brève sortie de scène, les rappels commencent sur un medley electro de trois anciens tubes ("Un point c'est toi", "Adam et Yves" et "Tout le monde") qui laisse un peu perplexe : pourquoi les jouer de cette façon intimiste, Pilot, Paradis et elle agglutinés derrière les claviers du premier ? Le style ne s'y prête pas vraiment, mais le tout reste sympathique. Une curiosité ensuite, "Frère jacques", espèce de berceuse épileptique et déjantée, et enchaînement direct sur "Rue de la Paix", qui met enfin tout le public debout. Sans doute le Sud n'est-il effectivement pas le public le plus chaud ou du moins le plus expressif, mais après le final tendrement mélancolique de "Ça", tout le monde repart le sourire aux lèvres. Un bon concert d'un grand groupe.

 

 

Jacques Higelin

Presque sans voix...

Écrit par

Je ne sais pas ce qui a causé la demi-heure de retard au début du concert d'Higelin hier soir. Soit il attendait qu'il fasse bien nuit, soit, c'est plus probable, il avait besoin de récupérer un peu de voix. En effet, même si dans son état normal le monsieur n'est pas exactement un Freddie Mercury, il était évident dès les premières strophes que ses cordes vocales n'étaient pas au mieux de leur forme.

La première chanson, "Le Minimum", passe pourtant bien. Il commence son set assis sur son piano, puis se met au clavier de celui-ci, en éternel gamin turbulent. Mais il nous explique bien vite sa situation, avec au passage une remise en place bien sentie d'un fan devenu pénible à force d'enthousiasme.

Pourtant, c'est l'enthousiasme du public, trop heureux de le revoir enfin (le bonhomme n'est pas passé à Nice depuis longtemps), qui le portera tout au long du concert, lequel déroulera essentiellement des chansons de son dernier album, "Amor Doloroso", plus quelques classiques comme "Tombé du Ciel" ou "Champagne". Le tout balancé sur un ton très rock, en particulier grâce aux solos concis mais très efficaces de Yann Pechin à la guitare, et à l'énergie du tout jeune batteur, Romain Metra, alliée à celle plus maitrisée du percussionniste, Dominique Mahut. Christopher Board aux claviers et Brad Scott à la contrebasse n'étant pas en reste.

En fin de parcours, Jacques Higelin s'excusera encore de ‘ne pas avoir été à la hauteur de ce que vous méritiez’, mais les acclamations du public témoignent d'un avis différent. Même si cela aurait pu être encore meilleur, le concert n'a déçu personne.

Sanseverino

Le mutant et les tueurs...

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Ce type est un mutant. Pas ses musiciens, non, eux ce sont juste des tueurs. Des machines à swing imparables qui démarrent au quart de noire et ne lâchent pas les morceaux avant le retour des lumières. Mais lui, c'est un mutant. Parce que partir à donf' sur une rythmique béton, présenter ses vingt musiciens qui défilent au micro le temps de quelques mesures solo bien senties, finir la chanson et balancer un speech de bienvenue totalement délirant sur un (son) débit de mitrailleuse bégayante, j'ai jamais vu.

Bon, replaçons le contexte. Sanseverino, bien que toujours digne fan de Django, a néanmoins décidé d’enregistrer son dernier album (et par conséquent cette tournée) en invitant un peu plus de monde que par le passé. Un peu plus de watts, aussi. De la petite formation contrebasse + batterie + 3 sèches rythmiques + sa sèche à lui, on passe à contrebasse + batterie, deux grattes électriques, clavier, et... cuivres. Huit au total (4 saxos, un trombone, 3 trompettes).

De quoi remuer quelques popotins donc, et ça fonctionne très bien. Suite à la fracassante entrée en matière, un long blabla d'introduction donc, tapant sur l'atmosphère hyper-fliquée de Monaco (les gars de la sécurité, équipés de la panoplie costard/oreillette/micro dans la manche ne bronchent pas), les artistes pro-Sarkozy, et s'alarmant de la présence de gamins dans le public, ce qui pourrait l'empêcher de dire trop de grossièretés.

Sa virtuosité vocale sur "Il se la pète", doublée d'une énergie communicative achèvent de propulser le concert à sa vitesse de croisière : pied au plancher.

Même une jolie chanson d'amour comme "Mathilde" contient trop d'énergie retenue pour faire -un tant-soit-peu- retomber la température. D'autant qu'avant de l'entamer, Sanseverino aura eu le soin de préciser que les jeunes amoureux peuvent tenter leur première pelle sur celle-là, ‘un peu comme le caméléon qui s'approche discrètement et sort sa langue chplaf".

Encore quelques vannes adressées au public, puis une autre démonstration de l'agilité de la langue du bonhomme sur "Démolissons les mots", marquée entre autre par un discours bien senti (mais guère compréhensible) prononcé dans l'embouchure même de l'un des saxos.

Vient ensuite un ‘Triptyque musical’ dont les chansons s'étalent sur ses trois albums et narrent les aventures d'André. Sur la deuxième, il descend carrément dans la salle faire un tour (un vrai grand tour hein, pas juste serrer trois pognes au premier rang).

Histoire de prouver qu'il est vraiment à l'aise dans le rock et pas seulement dans le jazz manouche, une petite reprise de Willy Deville : « Italian Shoes ». Sauf qu'il traduit les paroles en direct. OK, juste le premier couplet, pour permettre au reste puisse groover un peu quand même ; mais on ne peut qu'apprécier l'effort. Un petit arrêt dans « Les embouteillages », et le concert se termine par "A l'enterrement de ma grand-mère". A réveiller une morte.

Petit retour vers le style du précédent opus pour le premier rappel ou seule une petite formation acoustique entame « La maison sur le port », "La cigarette" et "La voisine des oiseaux". Il s'éclipse à nouveau pour revenir quelques minutes plus tard... vêtu d'une robe de soirée qui serait sûrement fort  seyante sur une silhouette autre que la sienne. Une casquette en cuir complète un look ‘Cabaret’, pour chanter "J'ai un homme dans ma vie", à la fin de laquelle il quitte à nouveau la scène, non sans laisser complètement glisser sa robe au sol sur le trajet, provoquant l'hilarité de la salle. Pendant qu'il retrouve une tenue plus adaptée, ses musiciens continuent de se faire plaisir : soli de batterie puis de piano, du pur jazz semblant être leurs racines premières. Retour des derniers cuivres : ils manquaient à l'appel ; et pour ceux qui pensaient finir sur un morceau plus tranquille, le "Take the A train" de Duke Ellington, mené (jeu de mot obligé) à un train d'enfer, conclut le concert.

Impossible de ne pas être entraîné par l'énergie débordante de Sanseverino et de son groupe. La virtuosité sans esbroufe, le plaisir de jouer, difficile d'y trouver à redire.

Tracklist :

Ma Fleur
Exactement
Les Ouvriers
Comment séduire une femme mariée
La Valse à Peggy
Il se la pète
Mathilde
Démolissions les mots
André
André 2
André super star
10 jours avant Paris
Italian Shoes
Les Embouteillages
A l'enterrement de ma grand-mère
La maison sur le port
La Cigarette
La Voisine des Oiseaux
J'ai un homme dans ma vie
Swing du nul
Take this fuckin train

 

Louis Bertignac

L'enfant du rock

Écrit par

‘Pas de blabla, que du rock’. C'est en ces termes que Louis Bertignac nous salue sur la scène du Théâtre de Verdure, sa vieille Gibson SG en bandoulière, qui a l'air d'avoir fait trois guerres. Et d'enchainer aussitôt sur la première chanson, "Rêves", aussi électrifiée que le sera le reste du concert.

 Quelques minutes avant, le groupe niçois Chinaski a assuré une première partie honorable, mais pas vraiment remarquable. Passons.

 Est-il besoin de présenter le personnage ? Si l'expression ‘enfant du rock’ peut s'appliquer à quelqu'un, c'est bien à Louis Bertignac. La pentatonique dans le sang, des riffs au bout des doigts, un visage témoignant de quelques excès, Bertignac respire le rock. Il tourne depuis quelques temps en 'power trio' batterie (Sylvain Joasson) basse (Cyril Denis) guitare (ben, Louis), et cette formation lui va comme un gant.

 Premier moment fort d'un concert qui en comptera beaucoup, un couplet de "Stand By Me" suivie d'une ‘vieille chanson’ qui a 25 ans... mais c'est jeune quand même’ : les premières mesures de "Cendrillon" déchainent instantanément le public. Portée en chœur, il la termine en un solo brûlant, s'offrant même une petite citation extraite du "So Lonely" de Police.

 Baignant dans le rock'n roll, vient ensuite un bout de "Blue Suede Shoes". Louis et Cyril se chamaillent comme des gosses avant de repartir sur "Vas-y Guitare". Vu le titre, cette chanson doit terminer sur un solo de six cordes, et ça ne loupe pas. Ainsi chauffés à blanc, le trio fait doucement retomber l'ambiance lors d’un blues plus ou moins improvisé (citation de "Wonderful Tonight" de Clapton en intro), puis ‘une chanson pour les filles’ : "Les Froleuses", très bien chantée par une certaine Isabelle, courageuse volontaire choisie parmi le public.

 Suit un moment assez émouvant, "Ces Idées La", durant laquelle le public chante la mélodie d'accompagnement sur toute la chanson... Il est rare de voir une telle proximité entre un chanteur et son public.

 La dernière partie du concert nous invitera à l’accompagner lors d’une bal(l)ade nostalgique mais énergique entre reprises rocks et revisites de quelques classique Téléphoniens : histoire de remettre un peu la pression, redémarrage brutal et énergique avec "Won't be fooled again" des Who, ponctué d'un court solo de batterie. Petite incursion vers Led Zep pour clore la chanson (juste le temps de quelques mesures). Dans la même veine : "Argent trop cher", qui décidément n'a pas pris une ride. "Little Wing" ensuite, visiblement Louis a décidé de revisiter tous ses maîtres. Un coup de blues concédé par "J'ai rendez-vous là haut", et "Hygiaphone" (farcie d'un gros bout de Led Zep encore, "Rock'n Roll") pour achever de mettre les points sur les 'i', avant de s'éclipser rapidement en coulisses le temps que le public les rappelle.

 Pour ouvrir les ‘encore’, une chanson douce, "Cœur Ouvert" (que le batteur ne sait soi-disant pas jouer, mais ça ne s'entendra pas), dédicacée à la fille nouvellement née de l'ingé son. Bertignac sait autant créer l'émotion que remuer les foules. Et il le démontre aussi sec lors d’un "Ça c'est vraiment toi" qui fait sauter de joie le public dès l'intro. Comme déjà fait tout au long du concert, petite incursion vers un autre classique "Day Tripper", et même de "Satisfaction" (juste le riff) avant de revenir à la chanson. L'aisance à passer de l'une à l'autre, bien qu'a vue de nez les deux comparses ne soient pas toujours prévenus, témoigne du plaisir que Bertignac éprouve à jouer cette musique.

 Louis nous quitte sur (et non pas pour) "Un Autre Monde", chanté à plein poumons par tout le public. Etirée sur la fin en un morceau de bravoure digne de clore ce concert, elle offre à Bertignac l'occasion d'un autre solo mémorable, fini à genoux, guitare aux dents, puis tournoyant avec elle à bout de bras en un accord ultime, face à un public déchaîné.

 2h20 de rock pur et dur, administré par un trio qui prenait son pied en jouant. Difficile de demander mieux.

 

 

Michel Sardou

Cas de Conscience

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Publier un article consacré à Michel Sardou n’est pas dans les habitudes de Musiczine. Surtout un compte-rendu de concert (NDR : oui, il est exact que des chroniques de disques ont été consacrées à Obispo, Haliday, Clerc ou même Adamo). D’autant plus que ce texte nous a été transmis par un lecteur. Assidu, mais ce n’est pas suffisant. Un papier bien écrit, mais ce ne l’est pas davantage. Et si cette prestation mettait un point final à la carrière du chanteur, ce n’était pas une raison pour faire des exceptions. Alors pourquoi le publier ? Ben par esprit de contradiction et pour susciter le débat (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.). Parce qu’en parlant de Michel Sardou, on peut en profiter pour dénoncer à nouveau ce vase clos au sein duquel se pavanent les stars de la variété en France et dont les médias généralistes outre-Quiévrain ainsi que les magazines ‘people’ font les choux gras. Suffit de penser aux émissions de Michel Drucker pour savoir de qui on parle. Cet animateur avait même poussé le bouchon en imposant sa vision du monde musical en Belgique lors d’une émission spéciale ‘Champs Elysées’. Pourtant, aussi bien en France qu’en Belgique, il existe d’autres artistes que ces stars de variétés séniles ou posthumes. En fait, les valeurs montantes (de la chanson française, par exemple) n’ont guère voix au chapitre dans les médias à grande audience. Ou alors à des heures très tardives. On préfère en fabriquer d’autres. Impersonnelles. A la Star Academy, par exemple. Serait-ce dû à un manque d’esprit critique de nouvelle génération de mélomanes ? J’en doute. Parce qu’elle taxe d’intégriste celle qui dénonce ou dénonçait ce système. Mais un flashback n’est pas superflu pour mieux comprendre ce point de vue.

Mai 68 a aussi engendré une révolution artistique et musicale. Le rock et la chanson française à texte ont traduit le ras-le-bol des jeunes face à l’establishment. Et inconsciemment, ils visaient déjà ce même cercle fermé. Au sein duquel on avait déjà essayé de trouver la parade en inventant le mouvement ‘yéyé’. Simplement, le public jeune et curieux s’est rendu compte que la muse de ces derniers était puisée chez les anglo-saxons. Suffisait d’écouter les bonnes radios. Les premières stations pirates, par exemple. London, Caroline, etc. (NDR : évidemment, les autorités se sont empressées de faire cesser leurs activités). C’est l’époque à laquelle les jeunes branchés vomissaient Claude François, Sheila et bien d’autres du style. Difficile dès lors pour celles et ceux qui ont vécu intensément cette époque rebelle, de voir revenir en force les mêmes fantômes. Qui n’ont jamais réussi qu’à faire le vide autour d’eux. N’acceptant finalement celles et ceux qui pensaient (gagnaient ?) comme eux. Mais l’ivraie n’a jamais été totalement éradiquée et a fini par repousser… Aussi, au fil du temps, le rock est devenu plus pop. Et la pop moins rock. La chanson française est devenue plus proche des variétés et les variétés plus proches de la chanson française. Tout est même devenu recyclable. Sans la moindre exception. Les radios libres sont devenues moins libres (NDR : quand recommence-t-ton la révolution des ondes ?) On a jeté des paillettes et remis le play-back au goût du jour. Même chez les Anglo-saxons. Et on en a presque oublié la nature première d’un artiste : la création. Car dans ce monde moderne guidé par le néo-libéralisme (NDR : certains préfèrent dire néo-capitalisme), la vente a pris le pas sur la création. Subir sans réagir face au néo-establishment, c’est refuser de penser ou de s’ouvrir. Et dans cet esprit, si Musiczine ne souhaite pas passer pour un webzine intégriste, il a la volonté de s’accrocher à un principe de base : l’indépendance de rédaction et le souci de vous faire découvrir de nouveaux artistes. D’essayer de donner un avis (im)pertinent et critique sur leur création ou leurs prestations ‘live’. C’est d’ailleurs le meilleur service qu’on puisse leur rendre. Pour les autres, et en particulier les protégés de Michel Drucker, il existe suffisamment de plateformes sur le web ou autres médias pour vous en parler en long et en large. Et quand il n’y en a plus, pas de problème, il y en a encore… (Bernard Dagnies. Rédacteur en chef)

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Il y a quarante ans que Michel Sardou déchaîne haines et aversions par delà la presse et les forums d'internautes ; moins souvent d'ailleurs pour son œuvre musicale que pour des ‘opinions politiques’ que du reste l'interprète des « Bals populaires » semble lui-même ne pas toujours partager. Le « Live au Zenith 2007 » (qui clôt définitivement sa carrière de chanteur, selon son propre aveu) est donc l'occasion de rappeler à ceux qui voudront l'entendre que Michel Sardou chante, et chante bien.

« Live au Zenith 2007 » est aussi très étonnant, pour un tour de chant d'adieu. Si l'on aurait pu s'attendre à la présence de « La Maladie d'amour », « Musulmanes », « En chantant », « Etre une femme » ou du célébrissimme « France » qui aurait irrité en son temps le général de Gaulle, c'est dans un medley qu'il en entonnera quelques couplets a capella, en compagnie du public, surpris. Au contraire, en interprétant une nouvelle version de « Je ne suis pas mort, je dors » –qui n'aurait pas déplu à François Mitterrand dont c'était la chanson préférée– Michel Sardou donne le ton. Le concert sera ‘2007’ dans les réarrangements des anciennes chansons, comme dans le choix abondant de titres extraits de ses deux derniers opus.

La soirée s'ouvre par « Allons danser » dont le côté crispant du texte est très vite dissipé par Michel Sardou qui prend, dès la seconde chanson, « Du Plaisir » à retrouver des textes qui ne seront dès lors presque plus ‘engagés’. Le surprenant « Concorde » s'achève gravement avant que ne lui succèdent quelques chansons plus tenaces parmi lesquelles « J'accuse » ou « Les jours avec et les jours sans ». Touchant quand il se souvient des « Yeux de son père », il rappelle au passage que si « 1965 » et « Parce que c'était lui, parce que c'était moi » sont moins connues que « Le rire du sergent », elles n'en sont pas moins réussies. Après le medley-anciennes chansons, la voix de « Maman » Sardou surgit et introduit habilement la reprise d' « Aujourd'hui peut-être » qui fait un écho digne à son regret de n'avoir pas ‘deviné sa vie dans les yeux de son père’, regret chanté quelques minutes plus tôt. Le concert prend alors une tournure définitivement ‘2007’ lorsque Monsieur Sardou entonne, visiblement fier, son « évangile » (selon Robert): un slam version Sardou. Quand il chante que ‘seuls les chagrins restent à leur place, avec leurs sales gueules, dans la glace’, on doit lui reconnaître qu'il excelle dans l'exercice. On sent alors venir la fin du concert lorsque résonne un « On est plantés » justement interprété, suivi par « Espérer » qui évite à l'ambiance lourde de persister. « Loin », « Les lacs du Connemara », « Valentine Day » et « La dernière danse » occupent alors leurs justes places, avant que Sardou ne vienne s'installer quelques instants au piano pour chanter le dernier titre de la soirée, « Cette chanson-là n'en est pas une ». « Salut » précédé par un court remerciement du chanteur pour la fidélité de son dévoué public, se rajoutera à la track-list lors des dernières dates de la tournée, confirmant la volonté de son interprète de revenir ‘dans un autre costume, dans un autre emploi’.

En bref, nous avons passé une excellente soirée. Chansons bien agencées, track-list pour le moins audacieuse, technique millimétrée et un Michel Sardou très agréable. Rien à dire si ce n'est merci, et bravo!

May Day

Un jour de mai comme si c'était déjà l'été?

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Assister à l'éclosion sur scène d'un nouveau talent, est un privilège rare pour un amateur de musique. Encore plus rare lorsqu'il s'agit de deux, lors de la même soirée. C'était pourtant le cas ce samedi 21 avril au Soleil de la Butte.

Virgule, nouvelle arrivante sur la scène parisienne, accordait ce soir son (presque) premier concert dans ce haut lieu Monmartrois. En ‘première première partie’, Cléo et Jane ouvraient agréablement la soirée par deux chansons plutôt sympathiques. Mais c'est May Day qui constituera la deuxième révélation de la soirée.

En pantalon et débardeur noir qui soulignent un teint mat, cette jolie femme ne manque pas d'allure. Une fois installée, guitare en main, elle évacue un peu du trac qui la tenaille en formulant quelques remarques ironiques. Dès la première chanson pourtant, on est surpris par une belle voix, assurée, mélodieuse, et surtout une vraie présence scénique. Etonnant quand on sait qu'elle n'a, jusqu'à présent, enregistré que des démos seule, dans sa chambre ; et qu'il s'agit là de sa première confrontation face à un public, certes intimiste, mais déjà trop nombreux pour lui être acquis par défaut. Sans effets faciles, May Day aligne des chansons intelligentes, souvent émouvantes et dont les refrains restent volontiers dans un coin de la tête. Ecoutez sa petite dernière, "Blood on my hands", pour vous en convaincre. Ses histoires lorgnent plutôt vers les teintes sombres de la palette des sentiments humains. Racontées sur un ton doux-amer, elles ne peuvent laisser indifférent.

Avant de laisser la place à Virgule, May Day achève un set sans faute par une reprise de "Music" de Madonna, introduite sur un ton caustique auquel ceux qui la connaissent quelque peu sont habitués : ‘Vous aimez Madonna ? Moi non plus, mais on est obligé par contrat’). Pas facile a priori de faire sonner une chanson comme celle-ci en se limitant à une voix et une guitare... mais la demoiselle s'en tire avec les honneurs.

Après une petite pause pour la mise en place et le réglage d'une sono qui, hélas, gâchera un peu le concert par ses problèmes chroniques, Virgule et sa bande s'installent.

Une batterie, une basse, une guitare, une choriste, un... violoncelle (tiens donc), et la voix ainsi que la gratte nonchalante de Virgule. L'ensemble forme un groupe parfaitement structuré. Dès les premiers morceaux, il est clair que si ceux-là n'ont pas encore beaucoup joué en public, ils n'ont aucun problème de cohésion. Nous partons donc pour une longue ballade au cœur d’un univers pastel, évoquant tour à tour des personnages un peu cassés ("La Joliesse"), la déprime d'une histoire d'amour finissante ("Mes Souvenirs"), les compromissions de l'existence ("C'est pas joli joli") ou une vie parisienne ("Paris").

Beaucoup de monde dans cette petite salle. Le groupe se produit face à un public debout, l'entourant comme s’attroupe autour d'un conteur venu narrer ses histoires curieuses. Les arrangements de Greg Behar, le guitariste, sont impeccables de justesse, aucun instrument ne s’égarant dans le superflu. La voix douce et un peu traînante de Virgule s'accorde très bien à cette tapisserie musicale, même si on peut penser qu'elle pourrait la muscler un peu. Le violoncelle de Fanny Warin reste la touche la plus originale, remplaçant avantageusement un clavier. Sébastien Saint André (basse) et Benoît Gascquet (batterie) se chargent de la rythmique, et Jane Sevilla ajoute sa voix haut-perchée sur la plupart des morceaux.

Lorsque le concert touche à sa fin, les applaudissements et surtout les sourires du public témoignent du très bon moment que chacun vient de passer. Une seule envie en repartant : qu'il y en ait d'autres, vite :-).

 

Virgule

Virgule a marqué des points?

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Assister à l'éclosion sur scène d'un nouveau talent, est un privilège rare pour un amateur de musique. Encore plus rare lorsqu'il s'agit de deux, lors de la même soirée. C'était pourtant le cas ce samedi 21 avril au Soleil de la Butte.

Virgule, nouvelle arrivante sur la scène parisienne, accordait ce soir son (presque) premier concert dans ce haut lieu Monmartrois. En ‘première première partie’, Cléo et Jane ouvraient agréablement la soirée par deux chansons plutôt sympathiques. Mais c'est May Day qui constituera la deuxième révélation de la soirée.

En pantalon et débardeur noir qui soulignent un teint mat, cette jolie femme ne manque pas d'allure. Une fois installée, guitare en main, elle évacue un peu du trac qui la tenaille en formulant quelques remarques ironiques. Dès la première chanson pourtant, on est surpris par une belle voix, assurée, mélodieuse, et surtout une vraie présence scénique. Etonnant quand on sait qu'elle n'a, jusqu'à présent, enregistré que des démos seule, dans sa chambre ; et qu'il s'agit là de sa première confrontation face à un public, certes intimiste, mais déjà trop nombreux pour lui être acquis par défaut. Sans effets faciles, May Day aligne des chansons intelligentes, souvent émouvantes et dont les refrains restent volontiers dans un coin de la tête. Ecoutez sa petite dernière, "Blood on my hands", pour vous en convaincre. Ses histoires lorgnent plutôt vers les teintes sombres de la palette des sentiments humains. Racontées sur un ton doux-amer, elles ne peuvent laisser indifférent.

Avant de laisser la place à Virgule, May Day achève un set sans faute par une reprise de "Music" de Madonna, introduite sur un ton caustique auquel ceux qui la connaissent quelque peu sont habitués : ‘Vous aimez Madonna ? Moi non plus, mais on est obligé par contrat’). Pas facile a priori de faire sonner une chanson comme celle-ci en se limitant à une voix et une guitare... mais la demoiselle s'en tire avec les honneurs.

Après une petite pause pour la mise en place et le réglage d'une sono qui, hélas, gâchera un peu le concert par ses problèmes chroniques, Virgule et sa bande s'installent.

Une batterie, une basse, une guitare, une choriste, un... violoncelle (tiens donc), et la voix ainsi que la gratte nonchalante de Virgule. L'ensemble forme un groupe parfaitement structuré. Dès les premiers morceaux, il est clair que si ceux-là n'ont pas encore beaucoup joué en public, ils n'ont aucun problème de cohésion. Nous partons donc pour une longue ballade au cœur d’un univers pastel, évoquant tour à tour des personnages un peu cassés ("La Joliesse"), la déprime d'une histoire d'amour finissante ("Mes Souvenirs"), les compromissions de l'existence ("C'est pas joli joli") ou une vie parisienne ("Paris").

Beaucoup de monde dans cette petite salle. Le groupe se produit face à un public debout, l'entourant comme s’attroupe autour d'un conteur venu narrer ses histoires curieuses. Les arrangements du groupe sont impeccables de justesse, aucun instrument ne s’égarant dans le superflu. La voix douce et un peu traînante de Virgule s'accorde très bien à cette tapisserie musicale, même si on peut penser qu'elle pourrait la muscler un peu. Le violoncelle de Fanny Warin reste la touche la plus originale, remplaçant avantageusement un clavier. Sébastien Saint André (basse) et Benoît Gascquet (batterie) se chargent de la rythmique, et Jane Sevilla ajoute sa voix haut-perchée sur la plupart des morceaux.

Lorsque le concert touche à sa fin, les applaudissements et surtout les sourires du public témoignent du très bon moment que chacun vient de passer. Une seule envie en repartant : qu'il y en ait d'autres, vite :-).